3°6 H i s t o i r e N a t u r e l l e
les offelets de l’oreille font entièrement formez dans le
temps que d ’autres os qui doivent devenir beaucoup plus
grands que ceux-ci, n ’ont pas encore acquis les premiers
degrés de leur grandeur & de leur folidité ; dès le cinquième
mois les offelets de l’oreille font folides & d u rs,
il ne refie que quelques petites parties qui font encore
cartilagineufes dans le marteau & dans l’enclume, l’étrier
achève de prendre fa forme au feptième mois, & dans ce
peu de temps tous ces offelets ont entièrement acquis
dans le foetus la grandeur, la forme & la dureté qu’ils
doivent avoir dans l ’adulte.
Il paraît donc que les parties auxquelles il aboutit une
plus grande quantité de nerfs, font les premières qui fe
développent. Nous avons dit que la véficule qui contient
le cerveau, le cervelet & les autres parties Amples du
milieu de la tête, efl ce qui paraît le premier, auffi-bien
que 1 epine du d o s, ou plutôt la moelle alongée qu’elle
contient; cette moelle alongée, prife dans toute fà longueur,
efl la partie fondamentale du corps, & celle qui
efl la première formée; les nerfs font donc ce qui exifle
le premier, & les organes auxquels il aboutit un grand
nombre de différens nerfs, comme les oreilles, ou ceux
qui font eux-mêmes de gros nerfs épanouis, comme les
yeux, font auffi ceux qui fe développent le plus promptement
& les premiers.
Si l’on examine les yeux d ’un enfant quelques heures
ou quelques jours après fa naiffance, on reconnoît aifé-
ment qu’il n ’en fait encore aucun ufàge ; cet organe n ’ayant
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pas encore affez de confiftance, les rayons de la lumière
ne peuvent arriver que confufément fur la rétine ; ce n ’efl
qu’au bout d ’un mois ou environ qu’il paraît que l’oeil
a pris de la folidité & le degré de tenfion néceffairc
pour tranfmettre ces rayons dans l’ordre que fuppo’fe la
vifion; cependant alors même, c ’eft-à-dire, au bout d ’un
mois les yeux des enfans ne s’arrêtent encore for rien ,
ils les remuent & les tournent indifféremment, fans qu’on
puiffe remarquer fi quelques objets les affrètent réellement;
mais bien-tôt, c’eft-à-dire, à fix ou fept femaines
ils commencent à arrêter leurs regards for les chofes les
plus brillantes, à tourner fouvent les yeux & à les fixer du
côté du jo u r, des lumières ou des fenêtres ; cependant
l ’exercice qu’ils donnent à cet organe, ne fait que le fortifier
fans leur donner encore aucune notion exaéte des
différens objets, car le premier défaut du fens de la vue
efl de repréfenter tous les objets renverfez : les enfans
avant que de s’être affurez par le toucher de la pofition
des chofes & de celle de leur propre corps, voient en
bas tout ce qui efl en haut, & en haut tout ce qui efl en
bas; ils prennent donc par les yeux une fauffe idée de la
pofition des objets. Un fécond défaut, & qui doit induire
les enfans dans une autre efpèce d ’erreur ou de faux jugement,
c’efl qu’ils voient d’abord tous les objets doubles,
parce que dans chaque oeil il fe forme une image du
même objet ; ce ne peut en core être que par l’expérience du
toucher qu’ils acquièrent la connoiffance néceffaire pour
reélifier cette erreur, & qu’ils apprennent en effetà juger
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