belettes & plufieurs autres animaux y font blancs ou
prefque blancs , tandis qu’ils font bruns ou gris dans les
pays moins froids ; cette différence qui efl produite par
l’influence du froid ou du chaud, efl même fi marquée,
que dans la plupart des pays du n o rd , comme dans la
S u èd e, certains animaux, comme les lièvres, font tout gris
pendant l’été & tout blancs pendant l’hiver *.
Mais if y a une autre raifon beaucoup plus forte contre
cette opinion ,: & qui d ’abord paroît invincible, c’ed qu’on
a découvert un continent entier au nouveau monde, dont
la plus grande partie des terres habitées fe trouvent fituées
dans la zone to rrid e , & où cependant il ne fe trouve pas
un homme n o ir, tous les habitans de cette partie de la
terre étant plus ou moins rouges, plus ou moins bafanez
ou couleur de cuivre ; car on auroit dû trouver aux ifles
Antilles , au Mexique, au royaume de Santa-Fé, dans la
G u ian e , dans le pays des Amazones & dans le Pérou ,
des Nègres ou du moins des peuples noirs, puifque ces
pays de l’Amérique font fituez fous fa meme latitude que
le Sénégal, la Guinée & le pays d ’Angola en Afrique;
on auroit dû trouver au Brefil, au Paraguai, au Chili des
hommes femblables aux Caffres, aux H o tten to ts, fi le
climat oufa diftance du pôle étoit la caufe de la. couleur
des hommes. Mais avant que d ’expofer ce qu’on peut
dire fur ce fujet, nous, croyons qu’il efl néceflàire de con-
fidérer tous les différens peuples de l’Amérique comme
* Lepus apud nos iojlate cinereus, hieme femper albus. Linnsei Fauna
Suecica, pag. S,
nous avons confidéré ceux des autres parties du monde ,
après quoi nous ferons plus en état de faire de jufles conï-
paraifons & d ’en tirer des réfultats généraux.
En commençant par le nord on trouve, comme nous
l’avons dit, dans les parties les plus feptentrionalesde l’A mérique,
des efpèces de Lapponsfemblables à ceux d ’Europe
ou aux Samoïedes d ’Afie ; & quoiqu’ils foient peu
nombreux en comparaifon de ceux-ci, ils ne laiffent pas
d ’être répandus dans une étendue de terre fort confidé-
rable. Ceux qui habitent les terres du détroit de Davis,
font petits, d ’un teint olivâtre , ils ont les jambes courtes
& groffes, ils font habiles''pêcheurs , ils mangent leur
poiffon & leur viande cruds, leur boiffon efl de l’eau pure
ou du fàng de chien de m e r, ils font fort robufles &
vivent fort lo n g - tem p sV o i là , comme l’on v o it, la
figure, la couleur & les moeurs des Lappons, & ce qu’il
y a de fingulier c’efl que de même qu’on trouve auprès
des Lappons en Europeles Finnois qui font blancs , beaux,
affez grands & affez bien faits, on trouve auffi auprès de
ces Lappons d ’Amérique une autre efpèce d ’hommes qui
font grands, bien faits & affez blancs, avec les traits du
vifàge fort réguliersb. Les Sauvages de la baie de Hudfon
êt du nord de la terre de Labrador ne paroifient pas être
de fa même race que les premiers, quoiqu’ils foient laids,,
petits, mal-faits, ils ont lè vifage prefque entièrement couvert
de poil comme les Sauvages du pays d ’Yeço au nord
* Voyez t’fiiftoire naturelle des Ifles. Rotterdam, 1 6 / 8, page 1 8g,.
Idem,, ibidem,
P p p iij