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du Japon, ils habitent l’été fous des tentes faites de peaux,
d ’orignal ou de caribou3, l’hiver ils vivent fous terre
comme les Lappons & les Samoïedes, & fe couchent
comme eux tous pêle-mêle fans aucune diftinétion, ils
vivent auffi fort long-temps, quoiqu’ils ne fe nourriffent
que de chair ou de poiffon crudsh. Les Sauvages de Terre-
neuve relfemblent affez à ceux du détroit de Davis, ils
font de petite taille, ils n ’ont que peu ou point dé barbe,
leur vifage eft large & p la t, leurs yeux g ro s, & ils font
généralement affez camus ; le voyageur qui en donne cette
defcription dit qu’ils reffemblent affez bien aux Sauvages
du continent feptentrional & des environs du Groenland
c.
Au deffous de ces Sauvages qui font répandus dans les
parties les plus feptentrionales de l’Amérique, on trouve
d ’autres Sauvages plus nombreux & tout différens des
premiers, ces Sauvages font ceux du Canada & de toùte
la profondeur des terres jufqu’aux Affiniboïls, ils font
tous affez grands, robuftes, forts & affez bien faits, ils ont
tous les cheveux & les yeux noirs, les dents très-blanches,
le teint bafané, peu de barbe , & point ou prefque point
de poil en aucune partie du corps , ils font durs & infatigables
à la marche, très-légers à la courfe, ils fupportent *
* C’eft le nom qu’on donne au Renne en Amérique.
b Voyez le voyage de Robert Lade, traduit par l’Abbé Prévôt.
Taris', 1 7 4 4 > Tome I I , page g 0 p ù “ fuivantes.
c Voyez ie recueil des voyages au nord. Rouen, J p i 6 , Tome I I I ,
page 7,
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auffi aifément la faim que les plus grands excès de nourriture,
ils font hardis, courageux, fiers , graves & modérez ;
enfin ils reffemblent fi fort auxTartares orientaux par la
couleur de la peau, des cheveux & des yeux, par le peu
de barbe & de po il, & auffi par le naturel & les moeurs,
qu’on les croirait iffus de cette nation, fi on ne les regar-
doit pas comme féparez les uns des autres par une vafte
m er; ils font auffi fous la même latitude, ce qui prouve
encore combien le climat influe fur la couleur & même
for la figure des hommes. En un mo t, on trouve dans le
nouveau continent, comme dans l’an cien , d ’abord des
hommes au nord femblabies aux L ap p o n s, & auffi des
hommes blancs & à cheveux blonds femblabies aux
peuples du nord de l’E u ro p e, enfuite des hommes velus
femblabies aux Sauvages d ’Y e ç o , & enfin les Sauvages
du Canada & de toute la terre ferme, jufqu au golfe du
Mexique, qui reffemblent aux Tartarespar tant d ’endroits
qu’on ne douterait pas qu’ils ne fuffent Tartares en effet,
fi l’on n ’étoit embarraffé for la poffibilité de la migration;
cependant fi l’on fait attention au petit nombre d ’hommes
qu’on a trouvé dans cette étendue immenfe des terres de
l’Amérique feptentrionale, & qu’aucun de ces hommes
n ’étoit encore civilifé, on ne pourra guère fe refufer à
croire que toutes ces nations fauvages ne foient de nouvelles
peuplades produitesparjquelques individus échapper,
d ’un peuple plus nombreux. Il eft vrai qu’on prétend qu e
dans l’Amérique feptentrionale, en la prenant depuis Je
nord jufqu’aux ifles Lucayes & auMiffiffipi, il n ereftep as