midi i’E'thiopie eft bornée par ies Bédouins, & par quelques
autres peuples qui fuivent la loi Mahométane, ce qui
prouve encore que les Ethiopiens font originaires d ’A rabie
, ils n ’en font en effet féparez que par le détroit de
Babel-Mandel, il eft donc affez probable que les Arabes
auront autrefois envahi l’Ethiopie & qu’ils en auront
chaffé les naturels du pays qui auront été forcez de fo
retirer vers le nord dans la Nubie. Ces Arabes fe font
même étendus le long de la côte de Mélinde, car les
habitans de cette côte ne font que balànez & ils font
Mahométans de religiona. Ils ne font pas non plus tout-à-
fait noirs dans le Zanguebar , la plupart parlent Arabe &
font vêtus de toile de coton. Ce pays d ’ailleurs, quoique
dans la zone torride, n’eft pas exceffivement chaud , cependant
les naturels ontles cheveux noirs & crépus comme
les Nègres b; on trouve même fur toute cette côte, auffi-
bien qu’àMofambique & à Madagafcar, quelques hommes
blancs, qui font, à ce qu’on prétend, Chinois d ’origine, &
qui s’y font habituez dans le temps que les Chinois voya-
geoient dans toutes les mers de l’o rien t, comme les Européens
y voyagent aujourd’hui ; quoi qu’il en foit de
cette opinion qui me paroît hafardée , il eft certain.que
les naturels de cette côte orientale de l’Afrique font
noirs d ’origine , & que les hommes bafanez ou blancs
qu’on y trouve, viennent d ’ailleurs. Mais pour fe former
* Voyez Indice Orientaits partent primant, per Philipp, Pigajittan.
Francofurti, 1598. page 5 6.
* Voyez l’Afrique de Marmol. page 1 07.
une idée jufte des différences qui fe trouvent entre ces
peuples noirs, il eft néceffaire de les examiner plus particulièrement.
Il paroît d ’abord, en raffemblant les témoignages des
voyageurs, qu’il y a autant de variétés dans la race des noirs
que dans celle des blancs ; les noirs ont, comme les blancs,
leursTartares & leurs Circadiens, ceux de Guinée font
extrêmement laids & ont une odeur infupportable, ceux
de Soffala & de Mofambique font beaux & n’ont aucune
mauvaife odeur. Il eft donc néceffaire de divifer les noirs
en différentes races, & il me femble qu’on peut les réduire
à deux principales, celle des Nègres & celle des Caffres;
dans la première je comprends les noirs de N u b ie , du
Sénégal, d u C a p v e rd , de Gambie, de Sierra-liona, de
la côte des D e n ts, de la côte d ’O r , de celle de J.uda,
de Bénin , de Gabon, de Lowango, de C o n g o , d ’A n gola
& de Benguela jufqu’au Cap-nègre ; dans la fécondé
je mets les peuples qui font au delà du Cap-nègre jufqu’à
la pointe de l’Afrique, où ils prennent le nom de H o ttentots,
& auffi tous les peuples de la côte orientale de
l’Afrique, comme ceux de la terre de Natal, de Soffala,
du Monomotapa, de Mofambique , de Mélinde ; les
' noirs de Madagafcar & des iJïes voifines feront auffi des
Caffres & non pas des Nègres. Ces deux efpèces d ’hommes
noirs fe reffemblent plus par la couleur que par les
traits du vifage , leurs cheveux* leur peau , l’odeur de
leur corps, leurs, moeurs & leur naturel font auffi très-
différens.