de la rivière de Dara dans la province d ’Efcure au royaume
de Maroc, font fort bafanez a; qu’au contraire les habi-
tans de Zarhou & des montagnes de Fez du côté du mont
Atlas, font fort blancs, & il ajoute que ces derniers font
fi peu fenfibles au froid, qu’au milieu des neiges & des
glaces de ces montagnes ils s ’habillent très - légèrement
& vont tête nue toute l’année h ;& à l’égard des habitans
de la Numidie, il dit qu’ils font plutôt bafanez que noirs,
que les femmes y font même affez blanches & ont beaucoup
d ’embonpoint, quoique les hommes foient maigresc,
mais que les habitans du Guaden dans le fond de la Numidie
fur les frontières du Sénégal, font plutôt noirs que
bafanezd, au lieu que dans la province de Darales femmes
font belles,.fraîches, & que par-to u t il y a une grande
quantité d ’efclaves Nègres de l’un & de l’autre sèxe e.
Tous les peuples qui habitent entre le 20me & le 2 0 "'
ou le 3 yrae degré de latitude nord dans l’ancien continent
depuis l’empire du Mogol jufqu’en Barbarie, & même
depuis le Gange jufqu’aux côtes occidentales du royaume
de M a ro c , ne font donc pas fort différens les uns des
autres, fi l’on excepte les variétés particulières occafion-
nées par le mélange d ’autres peuples plus feptentrionaux,
qui ont conquis ou peuplé quelques-unes de ces vaftes
a Voyez l’Afrique de MarmoL Tome I l y page 1 2 j »
b Idem, Tome I I , page 1 9 8 & 3 0 5 .
c Idem, Tome I I I , page 6.
d Idem, Tome I I I , page 7.
f Idem, Tome I I I , page i r .
contrées.
contrées. Cette étendue de terre fous les mêmes parallèles
, eft d ’environ deux mille lieues ; les hommes en
général y font bruns & bafanez, mais ils font en même
temps affez beaux & affez bien faits. Si nous examinons
maintenant ceux qui habitent fous un climat plus tempéré,
nous trouverons que les habitans des provinces fepten-
trionales du Mogol & de la Perfe, les Arméniens, les
T i 1res, les Géorgiens, les Mingréliens, les Circadiens,
les Grecs & tous les peuples de l’Europe, font les hommes
les plus beaux, les plus blancs & les mieux faits de toute
la terre , & que quoiqu’il y ait fort loin de Cachemire
en Efpagne, ou de la Circaffie à la France, il ne laide
pas d’y avoir une fingulière redëmblance entre ces peuples
fi éloignez les uns des autres, mais fituez à peu près
à une égale didance de l’équateur. Les Cachemiriens,
dit Bernier, font renommez pour la beauté, ils font audï
bien faits que les Européens & ne tiennent en rien du
vifageTartare, ils n ’ont point ce nez écaché & ces petits
yeux de cochon qu’on trouve chez leurs voifins ; les
femmes fur-tout font très-belles, audi la plupart des étrangers
nouveaux venus à la cour du M o g o l, fe fournident
de femmes Cachemiriennes, afin d ’avoir des enfans qui
foient plus blancs que les Indiens, & qui puiffent audi
paffer pour vrais Mogols *. Le fàng de Géorgie ed encore
plus beau que celui de Cachemire, on ne trouve pas
un laid vifage dans ce pays, & la Nature a répandu fur la
* Voyez les voyages de Bernier. Amjlerdam, i y i o , Tome I I ,
page 2 8 1 .
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