Les Indiens du Pérou font auffi couleur de cuivre
comme ceux de i’Ifthme , fur-tout ceux qui habitent le
bord de la mer 6c les terres baffes , car ceux qui demeurent
dans les pays élevez, comme entre les deux chaînes
des Cordillères, font prefque auffi blancs que les Européens
; les uns font à une lieue de hauteur au deffus des
autres , 6c cette différence d ’élévation fur le globe fait
autant qu’une différence de mille lieues en latitude pour
la température du climat. En e ffet, tous les Indiens naturels
de la terre ferme, qui habitent le long de la rivière
des Amazones 6c le continent de la Guiane, fontbafanez
6c de couleur rougeâtre, plus ou moins claire : la diverfité
de la nuance, dit M. delà Condamine , a vrai-femblable-
ment pour caufe principale la différente température de l’air
des pays qu’ils habitent, variée depuis laplus grande chaleur
de la zone torride jufqu’au froid caufé par le voifinage
de la n eig ea. Quelques-uns de ces Sauvages, comme
les Omaguas, aplatiffent le vifage de leurs en fan s , en
leur ferrant la tête entre deux planchesb; quelques autres
fe percent les narines , les lèvres ou les joues, pour y
paffer des os de poiffons, des plumes d ’oifeaux & d ’autres
ornemens; la plupart fe percent les oreilles, fe lesagran-
diffent prodigieufement, 6c rempliffent le trou du lobe
d ’un gros bouquet de fleurs ou d ’herbes qui leurfert de
pendans d ’oreilles'. J e ne dirai rien de ces Amazones
* V o y e z îe v o y a g e de l ’Am é r iq u e m é r id io n a le , e n d e fe e n d an t la r iv iè re
dés A m a z o n e s , par M. de la Condamine. Paris, J 7 4 y, page 47,
b Idem, p a g e 7 2 .
1 Idem, page 48 & fuivantes.
dont
dont on a tant parié, on peut confulter à ce fujet ceux
qui en ont écrit ; 6c après les avoir lu s, on n y trouvera
rien d ’affez pofitif pour conllater l’exiftence aéluelle de
ces femmesa.
Quelques voyageurs font mention d une nation dans
la Guiane, dont les hommes font plus noirs que tous les
autres Indiens : les A rras, dit Raleigh, font prefque auffi
noirs que les Nègres , ils font fort vigoureux , 6c ils fe
fervent de flèches empoifonnées : cet auteur parle auffi
d ’une autre nation d ’indiens qui ont le col fi court 6ç
les épaules fi élevées , que leurs yeux paroiffent être fur
leurs épaules, 6c leur bouche dans leur poitrine b ; cette
difformité fl monltrueufe n’eft furement pas naturelle, 6c
il y a grande apparence que ces Sauvages qui le piaffent
tant à défigurer la Nature en aplatiflànt, en arrondiffant,
en alongeant la tête de leurs enfans, auront auffi imaginé
de leur faire rentrer le col dans les épaulés ; il ne
faut pour donner naiffance à toutes ces bizarreries, que
l ’idée de fe rendre par ces difformités, plus effroyables 6c
plus terribles à leurs ennemis. Les Scythes, autrefois
auffi lauvages que le font aujourd hui les Américains,
avoient apparemment les mêmes idées qu ils realifoient
de la même façon ; 6c c’eft ce qui a fa ns doute donné
3 Voyez le voyage de M. de la Condamine, page 1 0 1 )ufqu a 1 1 y; la
relation de la Guiane par Walter Raleigh, tome I I des voyages de Co-
real, page 2 y la relation du P. d’Acuna ,. traduite par Gomberville.
Paris, 1 6 8 2 , volume 1 , page 2 1 7 ; les Lettres édifiantes, Recueil X ,
page 2 4 1 , & Recueil X I I , page 2 1 3 ; les voyages de Mocquet, page
j 0 i jufqu’à 1 0 j xÙ*c»
t Voyez le fécond tome des voyages de Coreal, pages y 8 & y y .
Tome JII. S f f