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hauteur des oreilles tout autour de la tête. Ils mettent fur
leurs levres une pomade parfumée qui les fait paroître encore
plus pâles quelles ne le feraient naturellement ; ils ont
peu de b a rb e , & ils arrachent le peu qu’ils en ont ; ils ne
coupent point leurs ongles, &c. Struys dit que les femmes
Siamoifes portent des pendans d ’oreilles fi mafhfs & fi pe-
fàns , que les trous ou ils font attachez deviennent affez
grands pour y paffer le pouce ; il ajoute que le teint des
hommes & des femmes eft bafané , que leur taille n ’eft
pas avantageufe, mais qu elle eft bien prife & dégagée,
& qu’en général les Siamois font doux & polis. Selon le
Père Tachard les Siamois font très-difpos, ils ont parmi
eux d habiles fauteurs & des faifeurs de tours d ’équilibre
aufii agiles que ceux d Europe ; il dit que la coutume de fo
noircir les dents vient de l’idée qu’ont les Siamois, qu’il
ne convient point a des hommes d ’avoir les dents blanches
comme les animaux, que c’eftpour cela qu’ils fe les
noirciffent avec une efpèce de vernis qu’il faut renou-
vellerde temps en tem p s,& que quand ils appliquent ce
vernis ils font obligez de fe paffer de manger pendant
quelques jours, afin de donner le temps à cette drogue de
s’attacher.
Les habitans des royaumes d eP é g u , d ’Aracan, reffem-
blent affez aux Siamois , & ne diffèrent pas beaucoup
des Chinois par la forme du corps ni par la phyfionomie,
ils font feulement plus noirs * ; ceux d ’Aracan eftiment
* Vide primant partem Indiæ Orientalis per Pigafettam. Francofurti,
159S, p. 46.
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un front large & p la t, & pour le rendre te l, ils appliquent
une plaque de plomb fur le front des enfans qui viennent
de naître. Ils ont les narines larges & ouvertes, les yeux
petits & vifs, & les oreilles fi alongées qu’elles leur pendent
jufque fur les épaules ; ils mangent fans dégoût des
fo u ris, des rats , des ferpens & du poiffon corrompu \
Les femmes y font paffablement blanches, & portent les
oreilles auffi alongées que celles des hommesb. Les peuples
d ’Achen qui font encore plus au nord que ceux d ’A racan
, ont auffi le vifage plat& la couleur olivâtre ; ils font
greffiers, & laiffent aller leurs enfàns tout nuds , les filles
ont feulementiune plaque d ’argent fur leurs parties naturelles.
Voye^ le Recueil des voyages de la Compagnie HolL
Tome IV, page ô y .& 'le voyage de Æandeljlo, Tome I I ,
page y 28.
Tous ces peuples, comme l’on voit, ne different pas
beaucoup des Chinois, & tiennent encore des Tartares
les petits yeux, le vifage plat, la couleur olivâtre; mais
en defcendant vers le midi, les traits commencent à changer
d’une manière plus fenfible, ou du moins à fe diver-
fifier. Les habitans de la prefqu’ifle de Malaca & de l’ifle
de Sumatra font no irs, petits, vifs & bien proportionnez
dans leur petite taille; ils ont même l’air fier, quoiqu’ils
foient nuds de la ceinture en haut, à l ’exception d ’une
petite écharpe qu’ils portent, tantôt fur l’une & tantôt fur
•V o y e z les voyages de Jean Ovington. Paris, i y 2 y . T. II, p. 2 7 4 .
b V . le Recueil des voyages de la Comp. HolL Amjf. 1 y 0 2. T. VI,
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