peuvent, au lieu que les Chinois & les Japonnois les
ont noires par l’ufage du bétel ; que les hommes ne font
pas de grande taille, mais qu’ils ont en groffeur ce qui
leur manque en grandeur; qu’ils font communément vigoureux
, infatigables, bons foldats, fort adroits., &c. *
Les voyageurs Hollandois ne s’accordent point avec ceux
què je viens de c ite r, au fujet des habitans de Formofe :
Mandeliïo, aulfi-bien que ceux dont les relations ont été
publiées dans le recueil des voyages qui ont fervi à i’éta-
biiffementde la Compagnie des Indes de Hollande, difent
que ces infulaires font fort grands & beaucoup plus hauts
de taille que les Européens ; que la couleur de leur peau
eft entre le blanc & le noir, ou d ’un brun tirant fur le noir ;
qu’ils ont le corps velu ; que les femmes y font de petite
taille, mais qu’elles font robufles, grades & alfez bien-
fiites. La plûpart des écrivains qui ont parlé de l’ifle Formofe,
n ’ont donc fait aucune mention de ces hommes à
queue , & ils different beaucoup entre eux dans la def-
cription qu’ils donnent de la forme & des traits de ces infulaires
, mais ils femblent s’accorder fur un fait qui n’eff
peut-être pas moins extraordinaire que le premier, c ’eft
que dans cette ifîe il n’eft pas permis aux femmes d ’accoucher
avant trente-cinq ans, quoiqu’il leurfoit libre defe
marier long-temps avant cet âge. Rechteren parle dé cette
* Voyez la defcription de l’ifle Formofe, dreflee fur les mémoires de
George Plafmanafar, par le fleur N. F. D. B. R. Atrtft, 1 7 0 y, v , i e ?
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coutume dans les termes fuivans : <* D abord que les fem- «
mes font mariées, elles ne mettent point d enfans au «
monde, il faut au moins pour cela qu elles aient 35 ou «
37 ans ; quand elles font groffes, leurs prctrelfès vont «
leur fouler le ventre avec les pieds s il le faut, & les font «
avorter avec autant ou plus de douleur qu elles n en fouf- «
friroient en accouchant, ce ftroit non feulement une hon- «
te , mais même un gros pèche de laiffèr venir un enfant «
avant l’âge prefcrit. J ’en ai vu qui avoient déjà fait quinze «
ou feize fois périr leur fruit, & qui étoient groffes pour la «
dix-feptième fois , lorfqu’il leur étoit permis de mettre un «
enfant au monde *. »
Les ifîes Marianes ou des Larrons, quifont,comme l’on
fait, les ifles les plus éloignées du côté de l’Orient, &, pour
ainfi d ire , les dernières terres de notre hémifphère, font
peuplées d ’hommes très -groffiers. Le P. Gobien dit
qu’avant l’arrivée des Européens ils n’avoient jamais vu de
feu , que cet élément fi néceffaire leur étoit entièrement
inconnu, qu’ils ne furent jamais fi furpris que quand ils en
virent pour la première fo is, lorfque Magellan defèendit
dans l’une de leurs ifles ; ils ont le teint bafané , mais cependant
moins brun & plus clair que celui des habitans des
Philippines ; ils font plus forts & plus robuftes que les E uropéens;
leur taille eflhaute, & leur corps eft bien proportionné
; quoiqu’ils ne fe nourriffent que de racines, de
fruits & de poiffon, ils ont tant d’embonpoint qu’ils en
* Voyez les-voyages de Rechteren dans le recueil des voyages de
IaComp. Holl. TomeVtpû-gc 9 6
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