aifément avec les liqueurs animales ; mais ces mêmes
diffolutions ne conviennent pas également pour les gros
vaiffeaux clans les pièces que l’on veut diflequer, elles
fe corromperoient avant que la colle fût sèche, & comment
les difleqtler pendant que Tinjeétion efl liquide î
elle s’épanche li on perce le moindre vailTeau ; il efl vrai
qu’en trempant la pièce entière dans l’efprit de vin on
fait coaguler la colle , mais alors elle fe calfe aifément,
ce qui rend la dilfeétion fort difficile ; il y a un autre
inconvénient en employant la colle dans les pièces que
l’on veut conferver, les gros vaiffieaux fe refferrent &
s’affaiffent à mefure que les parties aqueufes de la dilfo-
lution s’évaporent : fi après avoir injeété les petits vaiffeaux
avec la colle dilfoute, on remplit les gros-avec
Tinjeétion gralfe ordinaire, la cire fe refroidit & s’épaif-
fit avant que de parvenir jufqu’à la liqueur qui remplit
les petits vailfeaux ; ainfi il relie un vuide dans le vailTeau
entre ces deux fortes de matières, ce qui rend Tinjeétion
fort défeétueufe.
L ’efprit de vin fe mêle avec l’eau & l ’huile, & il ell
affez fluide pour pénétrer jufque dans les plus petits vaiffeaux
, mais il coagule les liqueurs animales, les épaiffit
en s y m êlan t, elles s oppolent alors à Ion paflagè &
1 arrêtent louvent; d ailleurs l’elprit de vin s’évapore bientô
t, il ne relie donc dans les vailfeaux que la matière
colorante dont on l’avoit chargé , par conféquent les
vaiffeaux s affailfent en partie, & comme les parties colorantes
y font inégalement diftribuées , l’injeélion devient
Description du Ca binet . 143
défeétueufe. M. Monro nous donne une idée bien juffe
de ce défaut, en dilànt que les petites ramifications des
vailfeaux ont l’apparence d ’un coup de pinceau jeté au
hazard. Le fuif fondu & mêlé avec un peu de térébenthine
remplit les gros vailfeaux , mais il ne pénètre pas
dans tous les petits, parce qu’il ell arrêté par les fluides
qu’il rencontre ; de plus le fuif refroidi eff fort caflant,
& par conféquent peu propre aux injeétions.
M. Monro alfure que l’huile de térébenthine feule lui
a mieux réuffi que toute autre liqueur pour injeéter les
petits vailfeaux ; quoique les parties fpiritueufes s’évaporent,
les réfineufes fuffilèntpour faire corps avec les particules
de matière colorante, fans qu’il y ait d’interruption
dans les jets qui remplilfentles vailfeaux; d’ailleurs J’huile
de térébenthine s’unit parfaitement aux matières dont on
remplit ordinairement les gros vailfeaux, de forte qu’il
ne relie aucune marque de leur jonélion.
Il y a quelque choix à faire dans les matières colorantes
que l’on peut employer pour les injeétions , on
doit tâcher d’imiter les couleurs naturelles des vailfeaux,
ainfi on colore les artères en rouge & les veines en bien
ou en verd, & on rend ces couleurs les plus foncées &
les plus durables qu’il ell poffible, afin que la matière in-
jeétée foit moins fujette à devenir tranfparente dans les
petits vailfeaux. M. Monro préfère les matières minérales
aux matières animales & végétales, parce que celles-ci
font fujettes à fe grumeler, & par conféquent à faire manquer
Tinjeétion, de plus elles perdent de leur couleur