également durs, également forts au travail *| Comment des
hommes à qui il relie quelque fentiment d ’humanité peuvent
ils adopter ces maximes, en faire un préjugé, &
chercher à légitimer par ces raifons les excès que la foif
de l’or leur fait commettre! mais lailfons ces hommes
durs & revenons à notre objet.
On ne connoît guère les peuples qui habitent les côtes
& l’intérieur des terres de l’Afrique depuis le Cap-nègre
jufqu’au Cap des V o ltes, ce qui fait une étendue d ’environ
quatre cens lieues : on fait feulement que ces hommes
font beaucoup moins noirs que les autres Nègres, & ils
relfemblent alfez aux Ho tten to ts, defquels ils font voifins
du côté du midi. Ces Hottentots au contraire font bien
co n n u s, & prelque tous les voyageurs en ont parlé : ce
ne font pas des Nègres, mais des Cad res, qui ne feraient
que bafanez s’ils ne fe noircilfoient pas la peau avec des
grailfes & des couleurs. M. Kolbe qui a fait une defcrip-
tion fi exacte de ces peuples , les regarde cependant
comme des Nègres, il alTure qu’ils ont tous les cheveux
c o u rts, noirs, frifez & laineux comme ceux des Nègresb,
& qu’il n’a jamais vu un feui Hottentot avec des cheveux
longs: cela feul ne fuffit pas, ce me femble, pour qu’on
doive les regarder comme de vrais Nègres ; d’abord ils en
diffèrent abfolument par la couleur, M. Kolbe dit qu’ils
font couleur d’oliv e, & jamais noirs, quelque peine qu’ils
* Voyez l’hiftoire de Saint-Domingue, pages 4 9 8 & fuivantes.
» Defcription du Cap de Bonne-etpérance,par M. Kolbe. Amjlerdam,
1 7 4 1 . page 9 ; .
fe donnent pour le devenir, enfuite il me paraît affez
difficile de prononcer fur leurs cheveux, puifqu’ils ne les
peignent ni ne les lavent jamais, qu’ils les frottent tous les
jours d ’une très-grande quantité degraiffe& de fuie mêlées
enfemble, & qu’il s’y amaffe tant de pouffière & d ’ordure
que fe colant à la longue les uns aux autres ils relfemblent
à la toifon d ’un mouton noir remplie de c ro tte ’.D ’ailleurs
leur naturel elt différent de celui des Nègres, ceu x -ci
aiment la propreté, font fédentaires, & s’accoutument
aifément au joug de la fervitude, les Hottentots au contraire
font de la plus affreufe mal-propreté, ils font errans,
indépendans & très jaloux de leur liberté; ces différences-
font, comme l’on voit, plus que fuffilântes pour qu’on
doive les regarder comme un peuple différent des Nègres-
que nous avons décrits,
Gama qui le premier doubla le Cap de Bonne^efpé-
rance & fraya la route des Indes aux Nations Européennes
, arriva à la baie de Sainte-Hélène le 4 Novembre
1 4 9 7 , il trouva que les habitans étoient fort noirs, de
petite taille & de fort mauvaife mine b, mais il ne dit pas-
qu’ils fuffent naturellement noirs comme les Nègres, &
fans doute ils ne lui ont paru fort noirs que par la graiffie
& la fuie dont ils fe frottent pour tâcher de fe rendre tels ;
ce voyageur ajoute que l’articulation de leur voix reffem-
bloit à des foûpirs, qu’ils étoient vêtus de peaux de bêtes,.
“ Defcription du Cap deBonne-efpérance, parM. Kolbe. Amjlerdam,.
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b Voyez l’hift.gén. desvoyages,par M .l’Abbé Prévôt. Tomel. p .a.2,-