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guère d ’apparence que ce fût là tout le fecret de M.
Ruifch, les autres Anatomiftes en fçavoient autant, & ne
pouvoient cependant pas faire d ’auffi belles injeétions.
M.Monro a rapporté fort exactement dans les obfer-
vations de Médecine de la Société d’Edimbourg *, les
procédés qui lui ont le mieux réulfi pour faire des injeétions.
Il commence par les inftrumens qui font nécef-
faires , le principal eft une forte feringue de cuivre, parce
qu’il faut que l’injeétion foit pouftee affez vivement pour
parvenir jufqu’aux extrémités des vailfeaux : les tuyaux
que l’on adapte à la feringue, doivent avoir la figure d ’un
cône tronqué ; l’extrémité la plus large qui ferait la bafe
du cône, tient à la feringue par une vis, l’autre extrémité
a plus ou moins de diamètre , félon les différens cas : il
faut avoir d ’autres tuyaux plus petits, mais de même figure
que les premiers : on lie le vaiffeau que l’on veut injeéter,
fur l’extrémité la plus étroite d’un de ces tuyaux , dont
le diamètre doit être proportionné à celui du vaifleau,
l’extrémité la plus large reçoit le bout du tuyau qui tient
à la feringue ; ces deux tuyaux doivent être affez bien
joints pour que la liqueur de l’injeélion ne puiffe pas
s’échapper, & affez bien retenus pour qu’ils ne fe fépa-
rent pas dans l’effort de l’injeétion. Si l’on féparoit ces
deux tuyaux en retirant la feringue auffi-tôt que la liqueur
ferait entrée dans les gros vailfeaux, elle s’écoulerait au
dehors à E n flan t, il faudrait donc attendre qu’elle fût
refroidie & coagulée avant que de retirer la feringue, ou
* Tome 1, page 113 &fuiy. trad. de i’Anglois. A Paris, 1740.
faire une ligature au vaiffeau ; pour une plus grande commodité
il fuffit d’avoir dans le tuyau qui tient au vaifTeau ,
un robinet ou un bouchon. Il falioit encore prévoir un
autre inconvénient qui étoit de plus grande confequence ;
lorfque la feringue ne peut pas contenir autant de liqueur
qu’il en faut , on eft obligé de la retirer pour la remplir
de nouveau , & pendant ce temps la première injeétion
fe refroidit : pour fe difpenfer de retirer la feringue, il faut
avoir un tuyau courbe qui communique dans l’un des
tuyaux droits dont on vient de p arler, on met une valvule
au point de communication, qui empeche que rien
ne puiffe paffer du tuyau droit dans le courbe, & qui au
contraire laiffe tout paffer du courbe dans le droit . lorfque
la-feringue eft vuide on plonge l’extrémité du tuyau
courbe dans la liqueur de 1 injeétion, que 1 on attire aife-
ment dans la feringue en retirant le pifton, par ce moyen
on peut injeéter un corps entier fans interruption : cet
infiniment eft beaucoup plus fimple , & par conféquent
plus commode que celui que Cafpar Bartholin appliquoit
à la feringue de Graaf *.
Par rapport à la matière de 1 injeétion , Al, Monro
approuve l’ufage des liqueurs glutineufes, telles que la
colle de poiffon , la colle forte , &c. diffoutes & delayees
dans l’eau, lorfqu’il ne s’agit que d ’injeéter des vaiffeaux
capillaires feulement, pour les diftinguer dans quelque
fine membrane, parce que ces diffolutions fe melent
* Cafpari Bartholmi Thom. fil. adminijlratiomm Anatomicarum fpeci-
men , feâ. 1 1 , Bibliothecce Anatomhoe tom. 2 , pag. iopp à 1 feg-
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