guère poffible de reconnoître les habitans naturels de
l ’Afie mineure , de la Syrie & du relie de la Turquie:
tout ce qu’on peut dire , c’eft qu’en général les Turcs
font des hommes robuftes & allez bien faits ; il ell même
alfez rare de trouver parmi eux des bolfus & des boiteux
*. Les femmes font aulîî ordinairement belles ,
bien faites & fans défaut ; elles font fort blanches parce
qu’elles fortent p eu , & que quand elles fortent elles font
toujours voilées b.
« Il n ’y a femme de laboureur ou de payfan en Afie,
» dit Belon, qui n’ait le teint frais comme une ro fe , la peau
» délicate & blanche, fi polie & fi bien tendue qu’il fem-
» ble toucher du velours ; elles fe fervent de terre de Chio
» qu’elles détrempent pour en faire une efpèce d’onguent
» dont elles fe frottent tout le corps en entrant au bain ,
»auffi bien que le vifàge & les cheveux. Elles fe peignent
»aulfi les fourcils en n o ir, d ’autres foies font abattre avec
» du rufma & fe font de faux fourcils avec de la teinture
» noire, elles les font en forme d ’arc & élevez en croiffant,
» cela eft beau à voir de loin , mais laid lorfqu’on regarde
de près, cet ufage eft pourtant de toute ancienneté. » Voye^
les obfervations de Pierre Belon. Paris, IJ J J , page i p a . l l
ajoute que les Turcs .hommes & femmes, ne portent de
poil en aucune partie du corps excepté les cheveux & la
barbe; qu’ils fe fervent du rufma pour l’ô te r, qu’ils mêlent
moitié autant de chaux vive qu’il y a de rufma, & qu’ils
* Voyez le voyage de Thevenot. Paris, 1 6 6 4 , Tome 1, page j ƒ.
h Idem, Tome I .page roj.
détrempent le tout dans de l’eau ; qu’en entrant dans le
bain on applique cette pomade, qu’on la laifle fur la peau
à peu près autant de temps qu’il en faut pour cuire un oeuf;
dès que l’on commence à fuer dans ce bain chaud le poil
tombe de lui-même en le lavant feulement d ’eau chaude
avec la main, & la peau demeure lifte & polie fans aucun
veftige de poil. Idem,page ry d . Il dit encore qu’il y a en
Egypte un petit arbrifleau nommé Alcanna , dont les
feuilles deflechées & mifes en poudre fervent à teindre
en jaune ; les femmes de toute la Turquie s’en fervent
pour fe teindre les mains , les pieds & les cheveux en
couleur jaune ou rouge , ils teignent auffi de la même
couleur les cheveux des petits enfans,tant mâles que fe melles
, & les crins de leurs chevaux, &c. Idem,page 13 d.
Les femmes Turques fo mettent de la tutie brûlée &
préparée dans les yeux pour les rendre plus n o irs, elles
fo fervent pour cela d ’un petit poinçon d’or ou d ’argent
qu’elles mouillent de leur falive pour prendre cette poudre
n o ire, & la faire palier doucement entre leurs paupières &
leurs prunelles a ; elles fo baignent auffi très-fou vent, elles
fe parfument tous les jours , & il n’y a rien qu’elles ne
mettent en ufage pour conforver ou pour augmenter leur
beauté ; on prétend cependant que les Per/ànnes fo recherchent
encore plus fur la propreté que les Turques ;
les hommes font auffi de différens goûts fur la beauté, les
Perfans veulent des brunes & les T u rcs des roufles b.
* V. la nouvelle relat. du Levant par M. P. A. Paris, 1 6 6 y ,
* Voyez le voyage delà Boahye,page s 1 0.