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grands, droits & peu chargez de graiffe, qu’ils ont le
vifage long & Je front haut, les yeux petits, le nez aflez
large & élevé dans le milieu, la bouche ni grande ni petite
, les levres affez deliees, le teint couleur de c en d re ,
les cheveux n o irs, qu ils ont peu de barbe,' qu’ils l’arrachent
& n en laiffent venir que quelques poils au menton
& a la lèvre fuperieure. Selon le Gentil, les Chinois n’ont
rien de choquant dans la phyfionomie, ils font naturellement
blancs , fur-tout dans les provinces foptentrionales ;
ceux que la neceffité oblige de s expofor aux ardeurs du
foleil, font bafanez, fur-tout dans les provinces du midi;
ils ont en general les yeux petits & ovales, le nez court,
la taille epailfe 6c d une hauteur médiocre : il affure que
les femmes font tout ce qu’elles peuvent pour faire paraître
leurs yeux petits, 6c que les jeunes filles inflruites par
leur mere , fo tirent continuellement les paupières afin
d avoir les yeux petits & lo n g s, ce qu i, joint à un nez
ecrafe & a des oreilles longues, larges, ouvertes & pen-.
dantes, les rend beautés parfaites ; il prétend qu’elles ont
le teint beau, les levres fort vermeilles, la bouche bien
fa ite , les cheveux fort noirs, mais que l’ufage du bétel
leur noircit les dents, Sc que celui du fard dont elles fo
fervent, leur gâte fi fort la peau qu’elles paroiffent vieilles
avant l’âge de trente ans.
Palafox allure que les Chinois font plus blancs que les
Tartarés orientaux leurs voifins, qu ils ont aulîi moins de
b arbe, mais qu’au refie il y a peu de différence entre les
vifages de ces deux nations ; il dit qu il efl très-rare de voir
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à la Chine ou aux Philippines des yeux bleus, 6c que jamais
on n’en a vû dans ce pays qu’aux Européens ou à des personnes
nées dans ces climats de parens Européens.
Innigo de Biervillas prétend que les femmes Chi-
noifes font mieux faites que les hommes, ceux-ci, félon
lu i, ont le vifage large 6c le teint affez jaune, le nez gros 8c
faitàpeuprès comme une neffle,&pour la plupart écrafé,
la taille épaiffe à peu près comme celle des HoIIandois ;
les femmes au contraire ontla taille dégagée,quoiqu’elles
aient prefque toutes de l’embonpoint, le teintée la peau
admirables, les yeux les plus beaux du mo n d e, mais à la
vérité il y en a p e u , dit-il, qui aient le nez bien fait, parce
qu’on le leur écrafe dans leur jeuneffe.
Les voyageurs HoIIandois s’accordent tous à dire que
les Chinois ont en général le vifage large, les yeux petits
, le nez camus & prefque point de b a rb e , que ceux
qui font nez à Canton & tout le long de la côte méridionale,
font auffibafanez que les habitans de Fez en A frique,
mais que ceux des provinces intérieures font blancs pour
la plupart. Si nous comparons maintenant les deferiptions
de tous ces voyageurs que nous venons de citer, avec celles
que nous avons faites des Tartarés, nous ne pourrons
guère douter que quoiqu’il y ait de la variété dans la
forme du vifage & de la taille des C h in o is, ils n’aient
cependant beaucoup plus de rapport avec les Tartarés
qu’avec aucun autre peuple, & que ces différences 6c cette
variété ne viennent du climat & du mélange des races,
c ’efl le fontiment de Chardin : « Les petits Tartarés, dit
C c c ij