condition font valoir autant qu’elles p eu v en t, mais les
bourgeoifes ne peuventavoir qu’un mari; délivrai qu’elles
adoucirent la dureté de leur condition par le commerce
q u elles ont avec les étrangers, auxquels elles s’abandonnent
fans aucune crainte de leur mari 6c fans qu’ils ofenï
leur rien dire. Les mères prollituent leurs filles le plus
jeunes qu’elles peuvent. Ces bourgeois de Calicut ou
Moucois femblent être d ’une autre race que les nobles ou
Naires , car ils fo n t, hommes 8c femmes, plus laids, plus
jaunes, plus mab faits & de plus petite taille’. Il y a parmi
les Naires de certains hommes 8c de certaines femmes qui
ont les jambes anffigroffes quele corps d ’un autre homme;
cette difformité n ’eft point une maladie, elle leurvientde
naiffance ; il y en a qui n’ont qu’une jambe & d ’autres qui
les ont toutes les deux de cette groffeur monflrueule ; la
peau de ces jambes efl dure 6c rude comme une verrue,
avec cela ils ne laiffent pas d ’être fort difpos. Cette
race d ’hommes àgroffes jambes s’eft plus multipliée parmi
les Naires que dans aucun autre peuple des In d es, on
en trouve cependant quelques-uns ailleurs, & fur-tout à
Ceylan b, où l’on dit que ces hommes à groffes jambes
font de la race de S. Thomas.
Les habitans de Ceylan reffemblent affez à ceux de la
cô te de Malabar, ils ont les oreilles auffi larges, auffi
* Voyez les voyages de François Pyrard ,pag. 4 1 1 & fuiv.
b Voy. idem, pag. 4 1 6 & fuiv. V'oy. auffi te Recueil dés voyages qui
ont fervi à i’établiffement delà Compagnie des Indes de Holl.page y ( 2 .
Tom. IV , & te voyage de Jean Huguens.
baffes & auffi pendantes, ils font feulement moins no irs’,
quoiqu’ils foient cependant fort bafanez , ils ont l’air
doux & font naturellement fort agiles, adroits & fpiri-
tuels; ils ont tous les cheveux très-noirs, les-hommes les
portent fort courts, les gens du peuple font prefque nuds,
lesfemmes ont le fèin découvert, cet uiage eft même affez
général dans l’Inde.t . Il y- a des efpèees de Sauvages dans
l ’ifie de Ceylan, qu’on appelle Bedas, ils demeurent dans
la partie feptentrionale de f ille , & n’occupent qu’un petit
canton; ces Bedas femblent être une efpèce d ’hommes
toute différente de celle de ces climats, ils habitent un
petit pays tout couvert de bois fi épais qu’il efl fort difficile
d ’y pénétrer, 8c ils s’y tiennent fi bien cachez qu’on a de
la peine à en découvrir quelques-uns ; ils font blancs comme
les Européens, il y en a même quelques-uns qui font
roux ; ils ne parlent pas-là langue de Ceylan „& leur langage
n’a aucun rapport avec toutes les langues des Indes,
ils n’ont ni villages, ni maifons, ni communication avec
perfonne ; leurs armes font l’arc & les flèches , avec lef-
quelles ils tuent beaucoup de fangliers, de cerfs, &c.
ils ne font jamais cuire leur viande , mais ils la con-
fifent dans dù miel qu’ils ont en abondance. On ne fait
point l’origine de cette nation qui n ’efl pas fort nom-
breufe, & dont les familles demeurent féparées les unes
des autresc. II me paraît que- ces Bedas de Ceylan , auffi
* Voyez Philip, Pigafettce Indice Orientalespartem primam, 1 y p 8.
V/lê'- 19-
b Voy. le Recueil des voy âges, & c. Tome V I I , page 1 p .
c Voy. l’hiftoire de Ceylan, par Ribeyro, 1 7 0 1 , pag. 1 7 7 fuiv.