le mari ne foit pas content de fa femme & qu’il s’en
plaigne le premier, le Seigneur du lieu envoie prendre la
femme, la fait vendre, & en donne une autre à l’homme
qui s’en plaint, & de même fi la femme fe plaint la première
on la laide libre & on lui ôte fon mari *.
Les Mingréliens fo n t, au rapport des voyageurs, tout
aulfi beaux & aulfi bien faits que lès Géorgiens ou les Cir-
caffiens , & il femble que ces trois peuples ne falfent
qu une feule 6c même race d’hommes. « Il y a en Min-
» grélie , dit Chardin, des femmes merveilleufement bien
» faites , d ’un air ma/eftueux , de vilâge & de taille admi-
» râbles ; elles ont outre celaun regard engageant qui carefTe
» tous ceux qui les regardent : les moins belles & celles
» qui font âgées fe fardent groffièrement, & fe peignent
» tout le vifage, fourcils , jo u e s, fro n t, nez , menton ; les
autres fe contentent de fe peindre les fourcils , elles fe
jj parent le plus qu’elles peuvent. Leur habit elt femblable
jj a celui des Perfànnes, elles portent un voile qui ne couvre
j> que le deffus & le derrière de la tê te , elles ont de l’efprit,
jj elles font civiles & affeétueufes, mais en même temps très-
jj perfides, & il n’y a point de méchanceté qu’elles ne mettent
» en ufage pour fe faire des amans, pour les conferver ou
jj pour les perdre. Les hommes ont aulfi bien de mauvai-
j, fes qualités, ils font tous élevez au larcin , ils l’étudient,
jj ils en font leur em p lo i, leur plaifir & leur honneur, ils
jj content avec une fàtisfaélion extrême les vols qu’ils ont
* Voyez les voyages de Tavernier, Rouen, 1 7 1 3 , Tome 1 ,page
463,
faits, ils en font lo u ez, ils en tirent leur plus grande gloire ; «
l ’alfalfinat, le vol , lemenfonge, c’eft ce qu’ils appellent«
de belles aétions ; le concubinage, la bigamie, l’in celte,«
font des habitudes vertueufes en Mingrélie, l’on s’y en- «
lève les femmes les uns aux autres, on y prend fans fcru- «
pule la tante , la nièce , la tante de la femme , on epoufe «
deux ou trois femmes a la fois, 6c chacun entretient au- «
tant de concubines qu’il veut. Les maris font très-p eu «
jaloux , & quand un homme prend fa femme fur le fait «
avec fon galan t, il a droit de le contraindre à payer un «
cochon , & d ’ordinaire il ne prend pas d autre vengeance, «
le cochon fe mange entre eux trois. Ils prétendent que «
c ’elt une très-bonne & très-louable coutume d ’avoir«
plufieurs femmes & plufieurs concubines , parce qu’on «
engendre beaucoup d ’enfans qu’on vend argent comptant, «
ou qu’on échange pour des hardes 6c pour des vivres. j>
Voyez les voyages de Chardin, page 7 7 èr fuiv.
Au relie ces efclaves ne font pas fort chers , car les
hommes âgés depuis vingt-cinq ans jufqu a quarante ne
coûtent que quinze écus, ceux qui font plus âgés huit ou
dix; les belles filles d ’entre treize & dix-huit ans, vingt
écus, les autres moins; les femmes douze écus, & les
enfans trois ou quatre. Idem, page 1 o y .
Les Turcs qui achettent un très-grand nombre de ces
efclaves, font un peuple compofé de plufieurs autres peuples,
les Arméniens, les Géorgiens, les Turcomans fe
font mêlez avec les Arabes, les E gyptiens, & même avec
les Européens dans le temps des Croilades, il n elt donc
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