le Pérou peuvent être regardez comme les terres les plus
anciennes de ce continent 6c les plus anciennement peuplées
, puifqu’elles font les plus élevées 6c les feules où
l ’on ait trouvé des hommes réunis en fociété. On peut
auffi préfumer avec une très-grande vrai-femblance que
les habitans du nord de l’Amérique au détroit de Davis,
6c des parties feptentrionales de la terre de Labrador, font
venus du Groenland, qui n’eft féparé de l’Amérique que
par la largeur de ce détroit qui n’eft pas fort confidérable;
car, comme nous l ’avons d it, ces fauvages du détroif de
Davis 6c ceux du Groenland fe relTemblent parfaitement;
6c quant à la manière dont le Groenland aura été peuplé,
on peut croire avec tout autant de vrai-femblance que les
Lappons y auront pafle depuis le Cap-nord qui n’en eft
éloigné que d ’environ cent cinquante lieues ; 6c d ’ailleurs,
comme fille d ’Iflande eft prefque contiguë au Groenland,
que cette ilîe n ’eft pas éloignée des Orcades feptentrionales,
qu’elle a été très-anciennement habitée 6c même
fréquentée des peuples de l’Europe , que les Danois
avoient même fait des établiflemens 6c formé des colonies
dans le Groenland, il ne ferait pas étonnant qu’on
trouvât dans ce pays des hommes blancs 6c à cheveux
blonds, qui tireraient leur origine de cesE)anois; & il y
a quelqu’apparence que les hommes blancs qu’on trouve
auffi au détroit de Davis, viennent de ces blancs d ’Europe
qui fe font établis dans les terres du Groenland, d ’où ils
auront aifément pafle en Amérique , en traverfant le petit
intervalle de mer qui forme le détroit de Davis,
Autant il y a d ’uniformité dans la couleur] 6c dans la
forme des habitans naturels de l’Amérique, autant on
trouve de variété dans les peuples de 1 Afrique ; cette
partie du monde eft très-anciennement 6c très-abondamment
peuplée, le climat y eft brûlant, 6c cependant d une
température très-inégale fuivant les differentes contrées,
6c les moeurs des différens peuples font auffi toutes différentes,
comme on a pu le remarquer par les defcriptions
que nous en avons données: toutes ces caufes ont donc
concouru pour produire en Afrique une variété dans les
hommes plus grande que par-tout ailleurs ; car en examinant
d ’abord la différence de la température des contrées
Africaines, nous trouverons que la chaleur n étant pas
exceffive en Barbarie 6c dans toute l’étendue des terres
voifines de la mer méditerranée , les hommes y font
blancs, 6c feulement un peubafanez. toute cette terre de
la Barbarie eft rafraîchie, d ’un côté par l’air de la mer méditerranée,
6c de l’autre par les neiges du mont Atlas;
elle eft d’ailleurs fituée dans la zone tempérée en deçà du
tropique , auffi tous les peuples qui font depuis l’Egypte
jufqu’aux iffesCanaries,font feulement un peu plus ou un
peu moins bafanez. Au delà du tropique, 6c de 1 autre cote
du mont A tlas, la chaleur devient beaucoup plus grande
& les hommes font très-bruns , mais ils ne font pas encore
noirs; enfuiteau 1 7 ou i8 me degré de latitude no rd , on
trouve le Sénégal 6c la Nubie dont les habitans font toufc-
à -fa it noirs, auffi la chaleur y eft-elle exceffive; on
fait qu’au Sénégal elle eft fi grande que la liqueur du
T t t i i j ,