dans l’hiftoire de l’Académie, j’ai vû moi-m ême l’un
des deux , & on allure qu’il s’en trouve un alTez grand
nombre en Afrique parmi les autres Nègres *. C e que
j ’en ai vû, indépendamment de ce qu’en difent les voyageurs
, ne me laiffe aucun doute fur leur origine ; ces
Nègres blancs font des Nègres dégénérez de leur race ,
ce ne font pas une efpèce d ’hommes particulière & confiante
, ce font des individus finguliers qui ne font qu’une
variété accidentelle, en un m o t, ils font parmi les Nègres
c e que Wafer dit que nos Indiens blancs font parmi les
Indiens jaunes , & ce que font apparemment les Cha-
crelas & les Bedas parmi les Indiens bruns : ce qu’il y a
d ép lu s fmgulier, c ’eft que cette variation de la Nature
ne fe trouve que du noir au b lan c , & non pas du blanc
au noir; car elle arrive chez les Nègres, chez les Indiens
les plus bruns , & aulfi chez les Indiens les plus jaunes,
c ’eft-à-dire, dans toutes les races d ’hommes qui font les 1
plus éloignées du blanc , & il n’arrive jamais chez les
blancs qu’il naiffe des individus noirs : une autre fmgula-
rité, c’ell que tous ces peuples des Indes orientales, de
l’Afrique & de l’Amérique., chez lefquels on trouve ces
hommes blancs, font tous fous la même latitude; l’ifthme
de Darien, le pays des Nègres & Çeylan font abfolu-
ment fous le même parallèle. L e blanc paraît donc être
la couleur primitive de la N atu re, que le climat, la nourriture
& les moeurs altèrent & changent, même jufqu’au
jaune, au brun ou au n o ir, & qui reparaît dans de cer-
* Voyez la Vénus phyfique. Paris, 174}.
taines circonftances , mais avec une fi grande altération ,
qu’il ne relfemble point au blanc primitif, qui en effet 3
été dénaturé par les caufes que nous venons d ’indiquer.
En to u t , les deux extrêmes fe rapprochent prefque
toujours, la Nature auffi parfaite qu’elle peut l’être, a fait
les hommes blancs, & la Nature altérée autant qu’il eft
poffible, les rend encore blancs ; mais le blanc naturel ou
blanc de l’efpèce eft fort différent du blanc individuel ou
accidentel; on en voit des exemples dans les plantes
aufii-bien que dans les hommes & les animaux, la rofe
b lan ch e, la géroflée b lan ch e, &c. font bien différentes,
même pour le blan c, des rofes ou des géroflées ro u g es,
qui dans l’automne deviennent blanches, lorfqu’elles ont
fouffert le froid des nuits & les petites gelées de cette
faifon.
C e qui peut encore faire croire que ces hommes blancs
ne font en effet que des individus qui ont dégénéré de
leur efpèce , c’eft qu’ils font tous beaucoup moins forts
& moins vigoureux que les autres , & qu’ils ont les yeux
extrêmement foibles ; on trouvera ce dernier fait moins
extraordinaire , lorfqu’on fe rappellera que parmi nous
les hommes qui font d ’un blond blanc , ont ordinairement
les yeux foibles, j’ai auffi remarqué qu’ifs avoient
fouvent l’oreille dure : & on prétend que les chiens
qui font abfolument blancs & fans aucune tache, font
lo u rd s, je ne fais fi cela eft généralement vrai , je puis
feulement affurer que j’en ai vû piufieurs qui l’étoient
en effet.