2 1 2 H i s t o i r e N a t u r e l l e .
defleché. J e pourrais ajouter à tous ces inconvéniens les
foins continuels qui font abfohunent néceffaires pour la
confervation de ces pièces, car fi on les néglige, elles
tombent bien-tôt en pourriture, ou les infeétes les rongent
en entier.
S’il eft des circonftances dans lefquelles l’art furpaffe
la Nature, c’eft fans doute dans celles-ci; on a trouvé lé
moyen de repréfenter parfaitement, pour les formes &
pour les couleurs, toutes les parties du corps humain ,
cela fuppofé on voit clairement que la myologie artificielle
eft préférable à la myologie naturelle; il en eft de
même pour la fplanchnologie, c ’eft-à-dire, l’expofition
des vifcères, & en général pour celle de toutes les parties
du corps. Les pièces naturelles que l’on a gardées pendant
quelque temps, ont la couleur d ’une chair corrompue
ou plutôt d ’une peau tannée, au contraire dans les
pièces artificielles les couleurs font fraîches & vives, &
on peut les varier autant qu’il efl; néceffaire pour imiter
la Nature : j’avoue .qu’il ferait poflible de peindre les
chairs deflechées, mais on ne parviendrait pas à exprimer
cette efpèce de tranfparence qu’à la chair, comme on
le fait dans les pièces d ’anatomies modelées en cire.
La première qui ait paru en France fut préfentée à
l ’Académie des Sciences en 1701 , par M. Gaëtano
Giulio Zumbo de Syracufo. L ’hifloire de l’Académie
dit qu’il apporta à la compagnie une tête d ’une certaine
eompofition de cire, qui repréfentoit parfaitement une
tête préparée pour une démonftration anatomique, que
les plus petites particularités du naturel s’y trouvoient,
veines, artères, nerfs, glandes , mufcles, le tout colorié
auiïî comme Nature, & enfin que la compagnie avoit
beaucoup loué cet ouvrage, M. Zumbo.mourut quelque
temps après, & on craignit que fon fecret ne fiat perdu
avec lui. Mém. de l ’Acad, des Sciences, an. 1701, p . jÿ '.
En 1711 M. Defnoües Chirurgien de Paris préfenta
de nouveau des pièces d’anatomie en c ire , & il prétendit
qu’il étoit le premier inventeur de ces fortes de préparations,
& qu’il en avoit communiqué le fecret à M.
Z um b o , voici ce qui eft rapporté à ce fiijet dans l ’hif-
toire de l’Académie, année 1 7 1 1 ,page 101.
v Les ouvrages anatomiques en cire de M. Defnoües,
où la Nature eft fi bien imitée, & toutes les préparations «
que les Anatomiftes emploient pour rendre les vaiffeaux «
fenfibles, font repréfentées fi parfaitement qu ’il n ’y a «
pas lieu de douter qu’à la faveur d ’une invention fi nou- «
yclle & fi finguiière, on ne puiffe apprendre l’anatomie «
avec beaucoup de facilité, fans d ég o û t, & en peu de «
temps. M. Defnoües foûtient que M. Zumbo. . . . . qui «
avoit fait voir à l’Académie une tête de cire qu’elle «
avoit fort approuvée, tenoit de lui ce fecret. >>
Daniel Hoffman a parlé fort au long de ces mêmes
ouvrages de cire, & a difcuté les prétentions de Defnoües
contre Zumbo, dans une differtation en forme de lettre
fur l’utilité du voyage de France. * Voici l’extrait qui a été
* Danielis Hoffmanni, &C, annoiationes médiat. Francofurtï adMce-
tmm, 17191 in-8’.
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