d ’obfervation. On apprend toujours quelque chofe de
nouveau en rangeant méthodiquement une collection ,
car dans ce genre d ’étude plus on voit, plus on fçait:
les arrangemens qui ne font faits que pour l’agrément,
fuppofent aufli des tentatives inutiles, ce n ’eft qu’après
plufieurs combinaifons que l’on trouve un réfultat fatis-
faifant dans les chofes de g o û t, mais on eft bien dédommagé
de la peine que l ’on a eue par le plaifir que
l ’on relfent lorfqu’on croit avoir réulfi. Ce qu’il y a de
plus défagréable font les foins que l’on eft obligé de
prendre pour conferver certaines pièces fujettes à un
prompt dépériflement, l’on ne peut être trop attentif
à tout ce qui peut contribuer à leur confervation, parce
que la moindre négligence peut être préjudiciable, heu-
reufement toutes les pièces d ’un Cabinet ne demandent
pas autant de foins les unes que les autres, &
toutes les faifons de l’année ne font pas également critiques.
Les minéraux en général ne demandent que d ’être tenus
proprement & de façon qu’ils ne puiffent pas fe choquer
les uns contre les autres, if y en a feulement quelques-
uns qui craignent l’humidité, comme les fels qui fe fondent
aifément, & les pyrites qui fe fleurilfent, c’eft-à-
dire qui tombent en pouflîère; mais les animaux & les
végétaux font plus ou moins fujets à la corruption, on ne
peut la prévenir qu’en les delféchant le plus qu’il eft pofli-
ble, ou en les mettant dans des liqueurs préparées ; dans
ce dernier cas il faut empêcher que la liqueur ne s’évapore
ou ne
ou ne fe corrompe. Les pièces qui font deflechées demandent
encore un plus grand foin ; les infeétes qui y
naiflent & qui y trouvent leur aliment, les détruifent dans
l’intérieur avant qu’on les ait aperçus ; il y a des vers, des
fcarabées, dfcs teignes, des papillons, des mittes,&c. qui
s’établilfent chacun dans les chofes qui leur font le plus
convenables, ils rongent les chairs, les cartilages, les
peaux, les poils & les plumes, ils attaquent les plantes,
quoique deflechées avec le plus grand foin , on fçait que
le bois même peut être réduit en poudre par les vers ;
les papillons ne font pas autant de mal que les fcarabées,
& il n’y a que ceux qui produifent les teignes qui foient
nuifibles. Tous ces infeétes pullulent en peu de temps, &
leur génération eft fi abondante que le nombre en deviendrait
prodigieux , fi on n ’employoit pas différens
moyens pour les détruire ; la plupart de ces petits animaux
commencent ordinairement à éclorre ou à fe mettre
en mouvement au mois d ’avril, lorfque le printemps
ëft chaud, ou au mois de mai, lorfque la faifon eft plus
tardive; c ’eft alors qu’il faut tout vifiter, & examiner fi
on n’apercevra pas la trace de ces infeétes, qui eft ordinairement
marquéè par une petite pouflîère qu’ils font
tomber des endroits où ils font logez ; dans ce cas il y
a déjà du mal de fait, ils ont rongé quelque ch o fe , ainfi
on ne doit point perdre de temps, il faut travailler à les
détruire : on doit obferver ces petits animaux jufqu’à la
fin de l’é té , dans ce temps il n’en refte plus que des
oeufs, ou bien ils font arrêtez & engourdis par le' froid.
Tome III. B