& , pour ainfi d ire , infatigables. Les Arabes pour la plupart
vivent miférablement, ils n ’ont ni pain ni vin, ils
ne prennent pas la peine de cultiver la terre ; au lieu de
pain ils fe nourriflent de quelques graines fauvages qu’ils
détrempent & paîtriflent avec le lait de leur bétail \ Ils ont
des troupeaux de chameaux, de moutons & de chèvres,
qu’ils mènent paître çà & là dans les lieux où ils trouvent
de I herbe, ils y plantent leurs tentes qui font faites de poil
de chèvre, & ils y demeurent avec leurs femmes & leurs
enfans jufqu’à ce que l’herbe foit mangée, après quoi ils
décampent pour aller en chercher ailleurs b. Avec une
manière de vivre aulïï dure & une nourriture auffi fimpie
les Arabes ne lailfent pas d ’être très-robulles & très-forts,
ils font même d ’une affez grande taille & affez bien-faits ,
mais iis ont le vifàge& fe corps brûlé de l’ardeur du foleil,
caria plupart vont tout nuds ou ne portent qu’une mau-
vaife chemifec. Ceux des côtes de l’Arabie-heureufe &
de fille de Socotora font plus p etits, ils ont le teint couleur
de cendre ou fort balàné, & ils reffemblent pour la forme
aux Abyffins L Les Arabes font dans Biffage de fe faire
appliquer une couleur bleue foncée aux b ras, aux lèvres
&aux parties les plus apparentes du corps ; ils mettent cette
couleur parpetits points& lafontpénétrerdans lachairavec
£ Voyez les voyages de Villamon. Lyon, 1 6 2 o.page S 0y,
1 V. 1« voyages de Thevenot. Paris, 1 6 6 4 . Tome I , page y y 0.
c V. les voyages de Villamon, page 604.
A Vide Philip. Pigafettoe Ind. Or.part.prim. Francofurti, 1 y 9 S.p.2y.
Voyez, aulîî la fuite des voyages d’Olearius, Tome I I , page 1 0 8 .
une
une aiguille faite exprès, la marque en eft ineffaçable3.
Cette coutume fingulière fe retrouve chez les Nègres qui
ont eu commerce avec les Mahométans.
Chez les Arabes qui demeurent dans les déferts fur tes
frontières de Tremecen & de T u n is , les filles pour paraître
plus belles fe font des chiffres de couleur bleue fur
tout le corps avec la pointe d ’une lancette & du vitriol, &
les Africaines en font autant à leur exemple, mais non pas
celles qui demeurent dans les villes, car elles conferventla
même blancheur de vifàge avec laquelle elles font venues
au monde; quelques-unes feulement fe peignent une petite
fleur ou quelqu’autre chofe aux jo u es, au front ou au
menton avec de la fumée de noix de galle & du fafran, ce
qui rend la marque fort noire ; elles fe noirciffent auffi les
fournils. Voyez l ’Afrique de Mannol, p . 88. T. 1. La Bou-
lâye dit que les femmes des Arabes du défert ont les mains,
les lèvres & le menton peints de bleu , que la plupart
ont des anneaux d ’or ou d ’argent au nez, de trois pouces
de diamètre, qu’elles font affez laides, parce qu’elles font
perpétuellement au foleil, mais qu’elles naiffentblanches;
que les jeunes filles font très-agréables, qu’elles chantent
fans ceffe, & que leur chant n’eff pas trille comme celui des
Turques ou des Perfannes, mais qu’il eft bien plus étrange,
parce qu’elles pouflent leur haleine de toute leur force &
qu’elles articulent extrêmement vite. Voyez les voyages de
la Boulaye le Gouz, page y 18.
* Voyez les voyages de Pietro délia Valle. Rouen, 1 7 4 5 . Tome I I ,
page 269.
Tome I I I . H h h