
rios divisions ne sont point (quelques-unes
exceptées peut - êtte ) celles de la Nature ,
il s'ensuit quiifï grand nombre de ces princi- ;
pes ne peuvent être fondés essentiellement ’
sur la Nature : dès-lors chacun aura la faculté ■
de les changée à son gré, de s’y soumettre
ou de les rejeter. Il n’én Seroit pas ainsi si
ces lois fondamentales étoient plus naturelles
: on seroit forcé de les reconnoître :
c’est ce qui arrive en effet pour les familles
naturelles. Il est'/impossible de ranger uiié
ômbèllé, une aminée ,J ünê crucifère, etc.
ailleurs que dans llafâmille qui "én porte le
nom : il n’én est pas de même pour une foule
d’autres plantes qui n’ont point de caractères
de parenté aussi frappans, et qui pourraient
être admises assez indifféremment dans plusieurs
fifmillès, ayant avec elles des traits de
ressemblance, mais Seulement' dans quelques-
unes de leurs parties. C’est alors que naît l’arbitraire,
qui devrait être entièrement inconnu
dans la méthode naturelle si elle étoit
une fois bien établie ; mais il est, d’un autre
côté, impossible de l’exclure des distributions
artificielles', à moins que les hommes
ne convinssent de se soumettre aveuglément
à la volonté d’un seul, à qui il seroit accordé
de poser des basés desquelles ii ne serait1 plus
permis de s’ééarter : mais l’on conçoit combien
une pareille convention est impossible ,'
surtout dans les sciences j elle deviendrûit
même un obstacle à leur perfection.
D ’un autre cô té , l’on a trop abusé de
cette ‘vâste latitude qui laisse à chacun la
liberté': de Làfré'des charigémèris - habituels
dans la1 distribution dés plantés en classés ,
genres et espèces. Nous allons, en.parcourant
ces grandes divisions j essayer de prouver'combien
ont été nuisibles à la science les changemens
qu’un grand nombre de botanistes se
sont permis , et pour lesquels ils se sont autorisés
des nouvelles découvertes.
Il est peu d’ouvrages méthodiques aujourd’hui
qui ne soient distribués d’après le système
sexuel de Linné, et quels que soient l’imperfection
et'les inconvéniens de plusieurs de
ses divisions, c’est, parmi les distributions
artificielles, une des meilleures qui existe.
Touteis les plantes, dès qu’elles sont bien
! connues, y trouvent aisément leur place ; aussi
m’est-cè point-dans cette première, opération
• que l’on peut éprouver de bien grandes difficultés
j elles se' portent particuliérement sur
j les genres et les espèces. -
i L’établissemetit des genres et des espèces
; esc un des grands moyens qui a lé plus contribué
aux progrès rapides de la Botanique :
: dèsélûtsles plantes, distinguées par les carac-
! tères propres à chacune d’elles, ne portant,
que deux noms, celui du genre et de l’espèce,
au lieu de ces phrases longues et presqu’insi-
. gnifiantes des anciens botanistes, ont été re-
j connues'avec’bien plus de facilité, et l’espèce
nouvelle vient sans difficulté occuper, dans
; cette ingénieuse distribution, la place qui lui.,
.est destinée. Linné en avoit construit le cadre,
et .indiqué la case que devoit occuper
chaque être-naturel ; il semble qu’il ne restoit
plus après"'lui qu’à remplir }es vidés. En
effet, après la publication de ses genres et
de ses espèces, chaque objet nouvellement
découvert se rangeoit aisément à la place qui
lui convenbitç ou bien il existoit déjà un genre
auquel on poufoic le rapporter ; et alors il.
augmeutOit le nombre de ses espèces , ou il
devênoit ’lui-même le type dun nouveau
genre.
■Tant que les découvertes ne. furent pas
très-multipliées, cette marche ne rencontrait
aucun obstacle. L’observation occasionnoit
de tems en tems, dans les caractères génériques
et spécifiques, des réformes utiles à la
science. Linné lui-même , créateur de cette
nouvelle méthode, en devint souvent le réformateur,
et personne mieux que lui, sans
doute, ne pouvoir donner à ses principes la
perfection dont ils sont susceptibles, et qu’il
eût porté bien plus loin s’il eût pu profiter de
tout ce qui a été découvert depuis sa mort.
Tant qu’il a vécu, surtout pendant les dernières
années de sa v ie , ce grand- homme ,
malgré ses détracteurs, tenoit le sceptre de la
Botanique : son autorité modérait l’arbitraire,
et les réformes avoient presque besoin de sa
sanction pour recevoir l’approbation générale.
De savans botanistes se sont montrés
dignes de lui succéder ; mais aucun d’eux n’étant
parvenu à faire autorité, parce que chacun
ambitionnoit le. droit de réforme , le
désordre s’est insensiblement répandu dans
cette belle science, et chaque individu, voulant
donner la plus grande importance à ses
découvertes, à ses observations , a supprimé
ou tronqué les genres, changé les caractères,
substitué des noms nouveaux à ceux déjà
reçus, converti des espèces en genres, des
variétés en espèces, etc. Nous ne disconvenons
pas qu’un grand nombre de ces réformes
ne soient fondées : nous n’en attaquons que
l’abus. Nous pensons également que, dans les
sciences, la vérité seule doit faire autorité, et
que nous ne devons pas admettre un principe,
parce qu’un tel l’a présenté, mais parce qu’appuyé
sur le raisorfnement et l’expérience, il
tend à la perfection de la science.
Tant qu’on ne sera guidé que par un tel
motif, et que les réformes reposeront sur j
des observations bien établies , l’arbitraire y
entrera pour rien : mais, pour être réformateur
dans une science, pour en perfectionner
les principes, pour en rectifier les distributions
, il faut être créateur, il faut du génie :
de pareils hommes sont rares, et l’amour
propre persuade souvent, au plus médiocre
écrivain, qu’il a tout ce qu’il faut pour remplir
cette tâche, et dicter des lois dans une
science dont il ne connoît guère que le matériel.
Les jeunes gens sont particuliérement
entraînés par cette vaine confiance, tandis
que nous voyons des hommes célèbres,
qui ont vieilli au milieu des méditations et
des recherches, ne prononcer qu’avec la plus
grande réserve. Rien de plus difficile et de
plus rare qu’un bon ouvrage élémentaire, et
rien de plus commun aujourd’hui que les élé-
mens. C’est pour ainsi dire le coup d’essai
d’un jeune homme, à peine sorti des études
classiques. Ce qu’on nous présente dans ces
élémens, ou bien a déjà été d it, et alors il
valoit autant se taire, ou bien ils contiennent
des principes prétendus nouveaux, et je crois
que, même darts ce cas, il valoit encore mieux
ne rien dire : aussi la plupart de ces ouvrages
élémentaires ne tardent pas à subir le sort
qu’ils méritent. Ils rentrent dans l’obscurité
d’où ils n’auroient jamais dû sortir. Il en est
cependant qui présentent des principes lumineux
, et ceux-là on sait bien les distinguer.
Mais c’est particuliérement dans l’établissement
des genres et des espèces que l’arbitraire
domine avec le plus de force. C’est
l’objet de l’ambition d’un grand nombre de
botanistes : ils croient par ce moyen se rendre
plus importans. C’est une occasion si favorable
de flatter la vanité des personnes auxquelles
ils veulent plaire,, en attachant leur