
les efpèces. Il naît de la moelle, dans toute l’étendue
de fa longueur, des prolongerons médullaires,
latéraux, & qui fe divergent du centre vers la circonférence,
comme les lignes horaires d’un cadran.
Elles font très-apparentes fur la face de la
coupe tranfverfale du tronc de la plupart des arbres.
Les unes vont aboutir à l’écorce & la traverfent dans
toute fon épaiffeur$ d’autres difparoiffent avant d’y
arriver : elles font, avec les fibres ligneufes , un
entrelacement qu’avec raifon l’on a comparé à celui
de la trame d’une étoffe dans fa chaîne. Les
utricules dont ces prolongerons médullaires font
compofés, font plus petits & plus refferrés que
ceux de la moelle.
Dans les végétaux unilo£>és ou monocotylédons,
la moelle n’occupe point un canal ou tube central
avec des ramifications latérales & divergentes ,
conftituant les prolongerons médullaires, comme
cela a lieu dans les végétaux bilobés ; mais elle fe
trouve partout interpofée entre les fibres ligneu-
fes qu’elle enveloppe plus ou moins. Auffi ces
fibres ligneufes , quoique plus refferrées vers la
circonférence du tronc d’ un arbre unilobé , que
vers fon intérieur, ne fo:ment-elles jamais , dans
ces végétaux , ces couches ligneufes concentriques
qu’on remarque dans les troncs ligneux des plantes
bilobées.
Les fluides des végétaux font au moins de deux
fortes i favoir : ta sève te les fucs propres.
L a Sève eft cette humeur aqueufe qu’ on trouve
dans toutes les plantes, qui conftitue leur chyle,
à laquelle on donne auflî le nom de lymphe , &
qu’on obferve en tout tems, mais plus abondamment
dans certains tems de l’ année, comme dans
le printems & à la fin de l’été-, furtout dans les végétaux
ligneux. La fève produite par la fuccion
des racines, & qui monte pour aller porter la nourriture
à toutes les autres parties de la plante, n’eft
pas la feule qu’on obferve dans les végétaux : il
s’y trouve auffi une certaine quantité d’une autre
fève qu’on nomme sève defeendante, parce qu’elîe
defeend en effet pour aller nourrir les racines &
contribuer à leur accroiffemenr. Cette autre fève
eft celle que les feuilles de la plante pompent dans
l’atmofphère , qui en tout tems eft plus ou moins
chargée d’humidité ou de vapeurs. Au refte, les
feuilles, parleur tranfpiration, exhalent l’excédent
ainfi que les réfidus, foit des fucs que les racines
ont envoyés aux parties fupérieures de la plante ,
te qui n’ ont pu être employés à l’économie du végétal
, foit ae ceux introduits par d’autres voies,
te dont une portion fe trouve fuperflue ou- nui-
fible.
Le Suc pro pre eft cette humeur qu’on trouve
dans les plantes, qui eft moins aqueufe , plus épaiffè
& plus colorée que la fève , qui paroït plus élaborée
ou plus changée par l’aétion organique du
végé tal, dont elle fait partie effentieile.. Outre
leur confiftance ou leur épaffeur particulière, les
fucs propres des plantes font en général plus remarquables
par une forte coloration. En effet, on
fait qu’ ils font blancs te comme laiteux dans les
chicoracéeSy les apocinées, les euphorbes, les figuiers,
& c . jaunes dans la chèlidoine ; orangés ou ponceau
dans le glaucium, le bocconia, le fanguinaria ; rouges
dans le campêthe ( hannatoxylum ) , le ptérocarpe officinal
s verdâtres dans l’épinard , la pervenche te
la plupart des végétaux.
On diftingue arfli les fucs propres des végétaux,
relativement à leur nature j. car ils font huileux dans
certaines plantes ou dans certaines de leurs parties,
comme dans le laurier cannelier, le laurier fajfafras ,,
le ravenfara, la mêlijfe, les menthes , le thym3 &c. $.
refineux dans les fapins, les pins, les amyris , les
burfera, &c. j gommeux ou mucilagineux dans les
cerijiers , les pruniers , les abricotiers, les pêchers ,
les acacias , certains aftragales, & c. Spuventc.es
fucs propres font douceâtres te prefqu’ infipides j
mais aulîî f^uventils font, ou amersx ou acides,
ou âcres te même prefque cauftiques.
Le fuc propre d’un végétal paroït être une liqueur
élaborée qui devient excrétoire. Elle provient originairement
de la lymphe ou fève de la plante, qui
a fubi dans la moelle divers changemens qui l’ont
en quelque forte végétalifée $ & après des tranf-
rr utations qui l’ont perfectionnée , en lui faifant
acquérir les qualités qui conviennent à fa nature,
elle revient dans l’écorce par les vaifféaux propres.,
où en effet on la rencontre principalement. Souvent
même, on la voit extravafer à travers des ger-
fures de l’ écorce, te former des amas qui s’épaif-
fiflent à fa furface extérieure , & y préfentent des
morceaux ou des larmes de réfine, de gomme, Ôec.
Ort a donné à ces liqueurs excrétoires des végétaux
le nom de fucs propres , parce qu’on a remarqué
que c ’étoit principalement dans ces fucs
que réfidoient les propuétés particulières de chaque
végétal ou de certaines de fes parties.
Je terminerai cet article, fur l’organifation des
végétaux, en grande partie extrait de l ’ouvrage
récent de Lamarck fur l’hiftoire naturelle des végétaux,
parles obfervations intéreflantes que pré-
fente ce profond & favant Naturalifte fur le collet,
de la racine , qu’ il appelle le noeud vital,.
Cette partie qui lie la racine à la tige , 8e qui
par conféquent leur eft intermédiaire , doit être
regardée comme le feul & vrai corps de la plante ;
car elle eft plus générale que la tig e , c’eft-à-dire L
u’elle fe trouve dans un bien plus grand nombre
e végétaux, & peut-être même quelleexiftegénéralement
dans tous. En général le noeud vital
des plantes ne végète point dans le fens des tiges
ni dans celui des racines, puifque, leur étant intermédiaire,
fon accroiffement doit participer de celui
de l’ une & de l’autre x & conféquemment.doit
rarement s'opérer plus dans un fens que dans un
autre.
L’examen de cette partie nous la montre com-
pofant en général une maffe plus ou moins ferrée
te noueufe, ayant fes fibres te fes vaifféaux plus
contournés ou tortueux que dans la tige te la racine.
La difpofition des utricules, par rapport aux
fibres qui exiftént fur cette partie, ne paroït pas
non plus la même que dans la tige & dans la racine :
enfin , il eft vraifemblable que les mouvemens de
la fève fe font différemment dans les racines te
dans les tiges, que dans le noeud vital qui les unit
l'une à l’autre.
Les tiges te les rameaux d’un végétal font pour
lui des racines aériennes, dont le chevelu eft: transformé
en feuillage, par fuite de l’impreffion du
milieu environnant ; & les racines du même végétal
font véritablement fes tiges & fes rameaux
fouterrainSy dont le feuillage, par l’influence d’ une
autre forte de milieu environnant, eft changé-en
chevelu. Le noeud vital d’une plante, liant fes tiges
aériennes à fes tiges fouterraines, doit donc être le
vrai corps de cette plante , & par conféquent la
partie qui eft effentielle à fon exiftence. Auffi,
lorfque le noeud vital d’une plante périt, la mort
de cette plante en eft auffitôt le rcfultat. On voit
tous les jours un végétal ligneux furvivre à la perte
de fa tige qui lui a été enlevée, pourvu que fon
noeud vital n’ait pas été endommagé trop fortement
La coupe périodique des bois , qui les réduit
en t-arillis, confirme cette observation. Tout
le monde fait que les plantes herbacées vivaces
perdent leurs tiges à l’entrée de l’hiver} mais leur
noeud vital ne mourant point, on les voit au printems
repoyffer de nouvelles tiges. Les plantes annuelles
ne périffent totalement que parce que leur
noeud vital meurt avec les tiges , & que cette
mort entraîne celle des racines.
Le noeud vital d’un végétal quelconque , quoi-
qu’exiftant effentiellement, n’eft pas toujours facilement
perceptible y car il a fouvent peu d’ apparence,
furtout dans les plantes herbacées : mais
il eft plus remarquable dans les plantes ligneufes,
ainfi que dans les herbes vivaces, où on le diftingue
affez bien. Il paroït conftituer le corps charnu qui
foutient l’ oignon dans les racines bulbeufès j te
.c’eft fans doute à fa préfence , à fon embonpoint
& à fes prolifications que les racines tubéreufes
doivent leur exiftence. *
Outre la germination relative aux femences, on
peut dire qu’ il s’opère, dans certaines parties des
végétaux, une autre forte de germination , q u i,
en donnant naiffance à de nouveaux noeuds vitaux,
multiplie l'organifation de nouveaux individus végétaux
j en forte que ces nouveaux végétaux n’attendent,
pour exifter individuellement, que d’être
féparés de leur mère , foit par la nature, foit par
* art. Eu effe t, beaucoup de tiges rampantes fu.-
biffent, à leurs articulations oü dans certains point»
latéraux de leur longueur, des germinations de
cette fécondé forte ; te les végétaux traçansou fto-
lonifères produifent, autour de leur noeud vital ,
des rejets, des drageons, & c . qui donnent encore
lieu à cette forte de germination. Cette même germination
développe d’abord , dans les points que
je viens d'indiquer, de nouveaux noeuds vitaux
dont il paroït que les principes exiftoient déjà :
ces noeuds vitaux pouffent bientôt après des racines,
& enfuite des tiges qui deviennent, avec ie
tems, femblables à leur mère.
Dans certains végétaux, le noeud vital eft fuf-
ceptible d’un développement particulier qui imite
raccroiffement d’une tige. (Teft ainfi que le noeud
vital de certaines fougères & celui des palmiers
s’alongent & s’élèvent dans I’atmofphère fous la
forme d’une tige , dont l’extrémité eft couronnée
par une touffe de feuilles. Cette forte de tige ne
fauroit être coupée fans faire périr entièrement
l’individu. [
Tous les végétaux fungoïdes, les champignons ,
femblent préfenter, chacun dans fa maffe individuelle,
diverfes expanfions d’ un noefid vital fongueux
, dépourvu de feuilles & de tiges.
§. VI. Des fondions quont a remplir Us organes
des végétaux.
Après avoir expofé fuccintement le tableau des
organes principaux qui conftituent les végétaux,
il nous refte à dire deux mots fur les fondions les
plus effentielles auxquelles font deftinés ces mêmes
organes. Nous ne parlerons encore ici que d'après
Lamarck j & f i , dans cette maffe d’idées neuves te.
intéreflantes qu’il préfente, il en eft quelques-unes
auxquelles nous ne croyons pas. devoir adhérer,
ce n’eft pas ici le lieu de les difeuter.
On nomme F o n c t i o n s o r g a n i q u e s , dans les-
corps vivans, l’exécution de certaines opérations
des organes, Iefquelfes font néceffaires, foit à la
confervation de la vie de l’ individu, foit à fa régénération
ou à fa multiplication yopérations d’ ciï
réfultent des changemens particuliers dans les parties
te les matières de ces corps vivans, qui ne
pourroient pas avoir lieu fans elles.
Il eft certain que les végétaux, étant des corps
véritablement doués de la vie , font munis d’organes
qui exécutent diverfes fonélions effentielles
à la confervation de fon exiftence & à la reproduction
ou à la multiplication des individus de
chaque efpèce. O r ,.les principales fonctions organiques
de ces êtres font : Vofcillation des fluide* ,
la fecrétion , la nutrition , L3accroiffemcnt, la génération
fexuelle, , la multiplication par féparation de
parties ,..&C. .
L’Oscillation bes fluides eft pour les vé