
à faire des flambeaux; mais l’on choifit de prjfé-
r^nCe 'r m? rceaux contiennent les veines les
p us rehneulès , & que l'on nomme en conféquence
F^s gras. Les anciens donnoient le nom de uda
{ flambeau ) a toute efpèce de pin indifféremment
qui pouvoit fervir à éclairer, & ce nom ne défi-
gnoit chez eux aucune efpèce particulière. 11 pa-
roit que , pour qu’un pin puifTe acquérir cette pro-
Pric 3o ■ ^.ue ,a réfine ceffe de couler, qu’elle
ie hxe & s’epaiflîffe dans fes canaux ; ce qui occa-
Jionne a ces arbres uneobftru&ion qui ordinairement
les fait périr , mais qui en même teins les
rend très-propres à fervir de flambeaux par la
grande quantité de fucs réfineux qui en pénètrent
toutes les pairies. Quelques Américains appellent
les pins bois de chandelle , à caufe de l’ufage qu’ils
en font pour s’éclairer > dénomination d’autant
plus impropre , qu’il croît dans ces mêmes îles un
tr j / ° 1S ^Uo1.1 no,nme à plus jufte titre bois de
chande le , & qui n a nulle analogie avec le pin.
On fait de véritables chandelles avec la réflne
jaune que l’ on retire du pin, en la fondant fur une
o CeS £hancleI,es répandent une lumière
roi oie « rouffej elles ont d’ailleurs une odeur
tres-defagreable , & elles font très- Tu j êtes à couler
: cependant les pauvres gens en font une grande
confommation dans les ports de mer, parce qu'elles
coûtent peu. ^
i-es Cuvages emploient la réfine des pins pour
calfater leurs canots d ’écorce. La préparation qu’ils
donnent a cette réfine, pour en faire ce qu'ils
nomment mal à propos gomme, eft toute fimple.
i ‘S coomuent dans les forêts des pins dont les ours
ont entame l’écorce avec leurs griffes. Ces égra-
tignures occafionnant l’effufîon de la réfine, ils en
ïamaflent autant qu’ils en ont befoin ; mais comme
elle fe trouve chargée d’impuretés , ils la font
fondre dans 1 eau ; la réfine fumage 5 ils la recueillent
, la petriffent, & la mâchent par morceaux,
pour appliquer cette réfine grade fur les
coutures de leurs canots, enfuite ils l’ étendent
avec un tifon allumé. Cette opération , toute
limple qu’elle e f t , fuffit pour rendre leurs canots
étanchés.
Lorfque 1 on veut retirer de ces pins une grande
quantité de réfine , on choifit les arbres qui ont
quatre à cinq pieds de circonférence: on fait en
terre, à leurs pieds, un trou d’ environ huit à neuf
pouces de profondeur, & qui puifïe contenir à
Peu Pr®s deux pintes de cette liqueur : on a foin
de bien battre la terre, pour la rendre moins perméable
a la réfine. Comme le fuc réfineux coule
plus abondamment dans le tems des grandes chaleurs,
on commence à faire des entailles vers le'
milieu du printems, & l’on continue de ksétendre
jufqu’au commencement de l’automne.
; Le bois de pin bien réfineux eft en général d’un
excellent ufage $ il dure très-Jong-tems employé
en charpente : on en fait des bordages pour les
ponts des vaifleaux , des planches pour les bâti-
mens , des tuyaux pour la.conduite des eaux, des
corps de pompe , de bon bois à brûler, du charbon
très-recherché pour l’exploitation des mines.
Les Canadiens font de grandes pirogues d’une
leule piece avec les troncs des gros pins , qu’ils
creufent pour les rendre propres à cet ufage.
Outre ces avantages, plufieurs efpèces de pin
que nous indiquerons j fourniflent de Ja réfine
lèche & liquide J du goudron & du brai gras. Nous
adons jeter un çoup-d'oeil fur les différens procèdes
que l’on emploie pour en tirer ces différentes
fubfiancés.
Toutes les efpèces de pin & même tous les
pins de la même efpèce, ne'donnent pas une égale
quantité de flic réfineux. 11 eft d’expérience que
certains pins donnent, pendant unété^ trois pintes
de ce fuc , tandis que d'autres.n’ en'fourniirent pas
le quart d une pinte. Cette différence ne dépend
ni de la groffeur ni de l’âge de ces arbres : on ne
peut pas l’attribuer davantage à la nature du terrain
, puifque cette différence s’obferve également
entre les pins d’une même forêt; mais on a remarque
que les pins qui ont l’aubier ! fort épais ,
Sr ceux qui font les plus échauffés par le foleil
en fourni «oient davantage.
_ , — —lo u ic a , dpi c i a v o ir em e v e la
grofie ecorce , on emporte l’écorce intérieure &
un petit copeau de bois , de façon que la plaie
n ait que trois pouces en carré, fur un pouce de
profondeur. Plus il fait chaud, plus le fuc en dé-1
coule avec abondance. On rafraîchit la plaie tous'
les quatre ou cinq jours , en forte qu’en automne’
elle eft prefque du double. L’année fuivante on
ouvre une nouvelle plaie au deffus de la première,
& ainfi fucceflîvement chaque année1, en forte;
qu’au bout de dix ans ces pins font entaillés à douze
ou quinze pieds de haut.
Lorfque les^ foffes fe trouvent remplies d’une
certaine quantité de fuc réfineux, on le puife avec
des cuillères de fer ou de bois, & on le verfe dans
des fceaux , pour le porter dans une auge creufée
dans un gros in ne de pin , qui peut contenir troiss
ou quatre barils ; & quand on en a ramaffé une
quantité fuffifante , on !ui donne une cuiffon qui
le convertit en brai fee ou en réfine.
Il n’ y a point d’endroit en France qui fourniffe
autant de différentes efpèces de réfine de pin que
la ci-devant province de Guienne. O t arbre y
croit dans les landes arides & fablonneufes qui s’étendent
depuis Bayonne jufque dans le pays de
Médoc , & d’autre part depuis le bord de la mer
jufqu au rivage de la Garonne. Les efpèces de pin
les plus communes en ce lieu font les pins maritimes,
grands & petits. Le fuc réfineux qui découle
depuis le mois de floréal jufqu’au mois de vewdemiaire,
dans des auges, & qui eft très-pur , fe
nomme g a lip o tcelui qui en coulant fe fèche bruf-
quement & fe fige le long des plaies, fe nomme
barras, On le mêle avec le galipot, pour faire du
brai fec ou de la réfine. On vend quelquefois ce
mélange de galipot & de barras, lorfqu’ il n’eft pas
cuit, fous le nom de poix grajfey mais la véritable
poix graffe ou poix de Bourgogne fe tire des
piceas, & eft compoféede réfine blanche, fondue
avec de la térébenthine & de l'huile de térébenthine.
Outre ces incifions, il découle encore naturel-
lément de l’écorce des vieux pins, & qui font
prêts à mourir , des gouttes de léfine qui fe def-
fèchsnt, & forment des grains que l’on emploie
au lieu d’encens dans quelques églifes; c’eft ceque
J’on appelle encens madré ou encens de -village. On
foupçonne qu’ il y a des perfonnes qui en mêlent
avec l’encens du Levant, & qui emploient aufli le
galipot avec la cire.
Un pin bien ménagé & d’un âge convenable
fournit de la réfine pendant quinze ou vingt ans :
il en peut donner douze à quinze livres par an.
Dans les départemens méridionaux de la France
on donne au fuc réfineux qui découle parincifion
au pied des pins, le nom de périnne-vierge : la plus
claire & la plus tranfparente, que l’on fait découler
dans un autre trou féparé du premier par un grillage,
fe nomme bijon. La périnne-vierge , lorsqu'elle
eft cuite , eft le brai fec , qu’on nomme
rafe dans la ci-devant Provence. L’huile effentielle,
retirée par la diftillation, fe nomme eau de rafe.
Elle eft d’ufage pour mêler dans les peintures communes
, afin de les rendre plus coulantes ; ce qui
refte dans le fond du vaiffeau eft une colophane
ou arcanfon, ou brai fec.
On retire aufli des pins le goudron, qur eft une
Aibftance noire, affez liquide, qu’on peut regarder
comme un mélange du fuc propre, diflous avec la
fève de cet arbre , & qui eft noirci par les fuligi-
nofités, lefquelles, en circulant dans le fourneau ,
fe mêlent avec la liqueur qui coule du bois.
Cette matière fe retire en réduifant le bois des !
pins en charbon, dans des fourneaux conftruits exprès.
La chaleur du feu fait fondre la réfine qui,
en fe mêlant avec la fève du bois, coule au fond
au fourneau. Il fuit de là que le goudron fe trouve
fortréfineux quand on charge les fourneaux avec
des morceaux de pin très-gras, & qu’ il eft très-
fluide & peu réfineux quand on charge les fourneaux
avec du pin maigre : on n’obtient de cette
dernière efpèce de bois qu’une fève peu chargée
de réfine , & qui n’eft pas eftimée.
Les pins qui portent le nom vulgaire de pins
blancs font ceux qui fourniflent le plus de réfine
quand on leur fait des entailles, & les pins rouges
fourniflent le meilleur goudron > cependant cette
couleur blanche ou rouge, ne cara&érife pas toujours
les efpèces : ces couleurs dépendent fouve .t
de l’ â g e , de la nature du fo l, bc du plus ou moins
de réline que ces arbres peuvent contenir.
On retire encore du goudron des copeaux que
l’on a faits en entaillant les pins , de la paille qui
a fervi à filtrer le brai fe c , des feuilles, des morceaux
de bois, des mottes de terre qui font imbues
de réfine. On emploie aufli les racines - Touches
des pins abattus 5 enfin, toutes les parties de
l’arbre, qui font réfineufes, font propres à faire
du goudron.
On compofe une efpèce de poix noire folide
avec le brai fec & la poix noire liquide, qui eft le
goudron > & avec cette poix noire artificielle ,
! avec le brai fec & le fuifde boe u f, on en prépare
la poix navale, dont on a coutume d'enduire les
vaifleaux avant de les lancer à l’eau j mais lorfque
ce mélange de différentes poix a refté long- tems
fur les vaifleaux qui naviguent, il s’enlève par
écailles ; c’eft ce que l’on appelle alors \opi(fa &
apochyma.
En faifant le goudron, oh peut fe propofer deux
objets j l’ un de retirer la fubftance réfineufe, l’autre
de faire du goudron. Dans le premier cas, on met
dans le fourneau toutes les parties du tronc & des
branches, & dans le fécond on ne choifit que le
coeur de l’arbre, qui eft rouge , les noeuds &
toutes les veines réfineufes : par ce moyen le goudron
eft beaucoup plus gras. On retire alors un
bon goudron, à peu près le quart du poids que
l’on a mis en bois 5 & pendant que le bois fe réduit
peu à peu en charbon , le goudron coule par des
gout tières dans les réfervoirs pratiqués pour le recevoir.
On entonne le goudron liquide dans des barils ,
pour pouvoir le tranfporter dans les ports de mer,
où il s’en fait une grande confommation pour enduire
les cordages qui font expofés à l’ eau , aufli
bien que les bois, qu’on en revêt en place de pei..*
ture. On donne aufli au goudron le nom de tare ,
de braie liquide & de poix noire liquide. Il eft dé-
terfif, réfoluiif & deflicatif. On s'en fertpourla
guétifon des plaies des chevaux, & contre 1a gale
des moutons. On fait combien les Anglais ont
preconifé l ’ufage & les grandes propriétés de l’eau
de goudron , qu’ils prétendent être falutaire pour
la guérifon de plufieurs maux invétérés , & en
particulier pour les ulcères du poumon & pour
les incommodités auxquelles font fujets les gens
de mer. On attribue à la poix navale les memes
Vertus qu’ au goudron. La poix noire liquide étant
repofée affez Ion g-tems, il nage au deffus une liqueur
noire, huileufe , que l’on appelle huile de
poix & huile commune de cade.
Les mêmes ouvriers qui retirent le goudron des
pins, en retirent encore, par une autre opération