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térébenthine-de Venife. Celle-ci eft fi falfifiée, qu’ il
ne s’y trouve peut-être pas une vingtième partie
de celle de l'ïle de Scio. Lorfqu'elle n’eft point
mélangée, elle a une odeur douce de baume, une
faveur moins âcre & une confiftance bien plus
épaiffe que les térébenthines ordinaires. Elle eft
molle, fouvent friable : fa couleur eft d’ un vert
bleuâtre. On donne encore le nom de térébenthine
a la réfine qui découle des fapins.
3. P is ta ch ier atlantique. Pijlacia atlantica.
Desf.
Pijlacia foliis deciduis , impan - pinnatis y foliolis
ianceolatis 3fubundulatis y petiolis alatis. Dest. Flor.
atl. vol. 2. pag. 364.
C ’eft un grand & bel arbre qui s’élève â plus de
foirante pieds de haut, & dont le tronc a deux &
trois pieds de diamètre, garni de branches nom-
breufes, touffues & fort étendues, revêtues d’une
écorce grifâtre, garnies de feuilles caduques , ailées
avec une impaire, compofées de fept à neuf
folioles glabres , étroites, lancéolées , obtufes ,
ondulées ou un peu.finuées à leurs bords, ftippor-
tées par un pétiole légèrement ailé & comprimé à
fa face fupérieure.
Les fleurs mâles font difpofées en grapes terminales,
garnies d’écailles fort petites , ovales, caduques,
concaves & foyeufes. Le calice eft à trois
ou cinq divifions fubulées & pubefeentes, cinq &
uelquefois fept étamines à anthères rouges. Les
eurs femelles font en grapes lâches, paniculées,
garnies d’écaiiles plus étroites que celles des fleurs
mâles. Le calice eft très-petit, de trois à cinq divifions
aigues, fort petites s trois ftyles de couleur
purpurine. L ’ovaire eft ovale, petit : il lui fuccède
un drupe arrondi, prefque charnu, de la grofleur
4’un pois, d’ un jaune pourpre, qui devient bleuâtre
à l’époque de la maturité, contenant un noyau
prefque rond.
C e t arbre a été découvert parM. Desfontaines,
dans des terrains fablonneux & incultes des environs
de Cafsa dans le royaume de T unis, où il croît
naturellement. Plufieursde ces arbres, difpofés en
un ordre régulier, annonçoient qu’ils y avoient été
autrefois cultivés , quoiqu’ ils foient aujourd’hui
abandonnés à la nature.
Les baies font légèrement acides. Les Maures
les appellent tam. Ils les mangent en les pilant avec ,
des dattes.
Du tronc & des rameaux de cet arbre il découle
prefqu’en tout tems, particuliérement en é té , un
fucréfïneux , d’un jaune pâle, d’une faveur & d’une
odeur aromatique allez agréables , femblable au
maftic de l’ïle de Scio, &r qui porte chez les Maures
Je nom de heulc. Ce fuc s’ épaiffit fur les branches ]
en larges plaques, ou fe condenfe en gouttes irrégulières,
fouvent de la greffeur du pouce, qui foup
1 s
| vent fe détachent de l ’arbre St tombent fur la
terre. Les Arabes les recueillent en automne 8c
dans l'hiver. Ils les emploient à peu près aux mêmes
ufages que le maftic deScio (voyelle pifiachier len-
tifque) i & les mâchent pour fe parfumer la bouche
& donner plus d’ éclat à leurs dents. Cet arbre fe
retrouve dans plufieurs autres endroits , au pied
des montagnes proche Mayane, Tlemfen , & c . Il
s’y développe avec bien plus d’étendue ; mais la
réfine qui en découle, eft plus molle, d’ une odeur
moins agréable que celle des mêmes arbres expofes
à un foleil plus ardent & dans un terrain fec.
4. Pistachier lentifque. Pijlacia lentifcus.
Pijlacia foliis abrupte pinnatis 3 foliolis lanctolatis,
Linn. Spec. Plant, vol. 2. pag. 1455. — Hort. Cliff.
456. — Hort. Upf. 996. — Mater, medic. 213. —
Roy. Lugd. Bat. 79. —■ Sauvag. Monfp. 219. —
Gronov. Orient. 310. — Gouan. Monfp. j'03.—
Id. Illuftr. 79. — Mill. Diét. n°. y. — Ludw. Eft.
tab. 41. Blackw. tab. 19^. — Kniph. Cent. 1.
nQ.6^- femina : Cent. y. nQ. 6j . mas. — Desfont.
Flor. atl. vol. 2. pag. 3éy. — Lam. Flor. franç.
vol. 2. pag.” 243. n°. 260. IV. — Poiret, Voyag.
en Barb. vol. 2. pag. 262.
Lentifcus •vulgaris. C. Bauh. Pin. 339. — Tournfl
Inft. R. Herb. y8o. — Duham. Arbr. vol. 1. p. 3y4.
tab. 136. — Jonfton. Hift. 297. tab. 84.
Lentifcus. Clufîus. Hift. 1. pag. 14. Ic. — Dod.
Pempt. 871. Ic. —■ Camer. Epit. yo. Ic. Bona. —
Lob. Ic. 2. pag. 96. — Id. Obferv. pag. y 38. Ic.
—-Tabern. Ic. 1026. — Matth. Comment, ioy. Ic.
A. Pijlacia ( maflilienfîs ) , foliis abrupte pinnatis t
foliolis jineari- Ianceolatis. Mill. Dift. n°. 6.
Lentifcus angujlifolia majjilienfis. Toum. Inft. R.
Herb. y8o.
Vulgairement le lentifque. Regn. Bot. Ic.
Cet arbrHTeau s’élève à la hauteur de douze à
quinze pieds au plus. Son bois eft dur} fon écorce
brune, rugueufe , tuberculée. Son tronc, de médiocre
grofleur, fe divife en rameaux nombreux ,
tortueux & touffus, garnis de feuilles perfiftantes,
ailées fans impaire, alternes, compofées de folioles
liftes , glabres, oppofées , quelquefois alternes ,
roides, coriaces, pâles en deflous, d’un gros vert
en deflus , un peu rétrécies à leur bafe , lancéolées,
obtufes ou aiguës, quelquefois très-étroites,
portées fur un pétiole comprimé & canaliculé en
deflus, médiocrement ailé entre les folioles.
Les fleurs mâles font petites, difpofées en grapes
axillaires, fefliles, très-ferrées. Leur calice eft fort
p e tit, à cinq divifions ; les_étamines ont des anthères
purpurines & bilobées. Les fleurs femelles
font également en grapes axillaires plus lâches,
munies d’un calice â cinq divifions, de trois ftyles
courts & d’autant de ftigmates épais. Le fruit eft
une
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une baie arrondie , rouge, qui devient noirâtre
ou brune en mûriffant.
Cette plante croît dans le Levant, en G rèce, en
Barbarie & darts l’Eûrope méridionale. Elle fleurit
au printems, & fesbaiesmûriflentenautomne.
( r . v . )
Le bois du lentifque répand au feu une odeur
aromatique très-agréable. On lui attribue la propriété
de fortifier les gencives. On en fai t des cure-
dents, & on l’emploie en décoftion pour les gar-
garifmes. Il enire, cpmme aftringent, dans plufieurs
compofitions; pharmaceutiques. .Les baies
fourniflent par expreflion une huile allez douce ,
que les Turcs préfèrent à l’ huile d’olive pour brûler,
& qu’ils font entrer dans leurs médicamens.
Mais le plus grand mérite de cet arbrifteau eft
celui de fournir cette réfîne connue fous le nom
de màjlic. Pour qu’ il produife cette fubftance , il
faut qu’il croifle dans un climat très-chaud, & que
l’expofition lui foit favorable. La culture aide
beaucoup cette opération de la nature ; c’eft dans
cette vue que l’ on cultive le lentifque dans l’ ïle
de Scio. Cette culture ne confifte qu’ à le pro-
vigner. On a , par ce m'oyen, beaucoup de jeunes
pieds vigoureux qui fourniflent plus de réfine que
les vieux j c’eft pour cela que les lentifquesde l’ïle
de Scio, dit Tburnefort, ne font point raflemblés
en bofquets, ni plantés en haie ou en quinconce,
mais qu’ils font répandus par buiflbns dans les campagnes.
On ne les laboure qu’ en hiver : pendant
l’été on fe contente de tenir le deflous des arbres
net d’herbes & de feuilles, afin que le maftic qui
tombe à terré en foit plus propre.
Les Turcs plantent les jeunes lentifques en nivôse
> ils fleuriflent en germinal.'^On leur fait des
incifions au mois de meffidor. Là’ refine coule ordinairement
jufqu’à terre} inâis il* s’en condenfe
en larmes fur les branches: cette dernière eft plus
eftimée que l’autre. On commence à ramaflèr. cette
réfine vers la fin de thermidor. Cette récolte dure
huit jours. On fait enfuite d ’autres incifions aux
mêmes :arbres vers la fin du mois de fruftidor.
Le maftic continue â couler jufqu’à la fin de l’automne
: on le ramafle tous les huit jours, & après
ce tems la récolte n’en eft plus permife.
Pour que la récolte foit bonne,, il faut que le
tems foit fec & ferein 3 car fi la terre vient à être
détrempée par la pluie, elle couvre les larmes &
les perd. On pafîe le maftic dans un tamis clair,
pouj en féparer les ordures. La plus grande partie
de cette récolte fert à payer lé tiibut au grand-
feigneur. Le maftic doit êtrepar petits grains clairs,
tranfparens, luifans, d’un blanc jaunâtre , d’une
odeur agréable. Les lentifques qui croifÇqnt en
France, même ceux que j’ ai obfervps en’Barbarie,
ne donnent point de réfine, ni naturellement, ni
même par incifion.
Botanique. Tome V.
On l’emploie intérieurement pour fortifier l’ef-
tomac , arrêter les diarrhées & les vomiftemens.
Elle entre dans^plpfieurs-baumes & emplâtres } 8c
comme elle fe difloùt aifément, elle peut entrer
dans la compofition de plufieurs vernis. Les Turcs
& les dames du ferrail en mâchent prefque continuellement
pouf rendre leur haleine agréable, fortifier
leurs gencivies & blanchir leurs dents.
( Po ir e t . )
PISTIE. Pi f ia . Genre de plantes à fleurs incomplètes,
de la famille des morrènes, qui a quelques
rapports avec les proferpinaca 3 qui comprend des
herbes aquatiques, exotiques à l’Europe, dont les
feuilles font toutes radicales, les fleurs axillaires
& folitaires.
Le caraêtère eflentiel de ce genre eft d’avoir :
Une corolle tubûlée , entière , élargie en languette y
fix a huit anthères fixées fur un difque membraneux y
une capfule a une feule loge dans le fond de la corolle.
G a r a c t. è r e g é n é r i q u e .
■ Chaque fleur offre :
10.. Une corolle monopétale, tubulée, ordinairement
velue en dehors, refterréè dans fon milieu
par des plis latéraux , dilatée vers fon orifice, ter-
mipéepar un limbe entier en forme d’ oreille} point
de calice.
2°. Six à huit étamines, dont les anthères fefliles
font attachées circulairement fur un difqiie membraneux
adné au piftH. ;
1 30., UriovtfzVtfoblong.faifant corps avec la bafe
intérieure & latérale de Jacorplle-, furmonté d’ un
ftyle épais & court, terminé par un ftigmate obtus,
prefqu’en forme de bouclier,.
Le fruit eft une capfule ovale , comprimée , à
une feule loge , renfermant plufieurs femences
oblongues, portées fur un réceptacle latéral.
E $ p È c E s.
1. Pistie ftratiote. Pifiia firatiotes. Linn.
Pifiia foliis obeordatisy limbo çorollét, apice lin gu-
latOy ncurvo. ,( N. )
Pifiia foliis obeordatis. Linn. Flor. Zeyl. 322.
Id. Spec. Plant, vol. 2. pag. i jé y . — Loefl.
Iter, 281 Jacq.-Stirp. Amer. pag. 234. tab. 148.
— Aubl. Guian. vol. 2. pag. 834.'— Lam. Illuftr.
Gen. p l.73 3 . fig. 1.
Pifiia aquatica, viUofa y foliis obovatis, ab imo
venofis; jloribus fparjîs3 foliis infidentibus. Brovn.
Jaifr. 319.
Y Y