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<gétaux ce que la circulation eft aux animaux à vertèbres.;
c'eft de part & d'autre un mouvement ou
un déplacement fuffifant des fluides eflendels du
corps vivant , qui les fait aller & venir, les porte
«tans tous les points où l’organifation l'exige, &
les met dans le cas de fubir fans eeflè, quoique
plus ou moins promptement, des changemens perpétuels
dans leur état & leur nature. Ce dépjace-
juent des fluides dans les végétaux confîfte en un
Ample mouvement ofcillatoire de leurs fluides,
opéré, par une caufe extérieure , & non réfultant
d une contraâion des parties qui les contiennent ,
comme dans les animaux , en qui s'exécute une
circulation plus ou moins complète.
La fibre végétale n* eft point irritable comme celle
des animaux : d'ou il fuit que l’attion des fluides
végétaux n'a point la faculté d’exciter des mou-
vemeps de contraction dans les folides qui les contiennent
j mais fi l'irritabilité du coeur & des artères
peut communiquer aux fluides eflentiels des
animaux des mouvemens qui les' font circuler,
lç$ variations alternatives de lumière 8c de température
de l'air environnant , en un mot , celle
qup caufe la fuccefîion confiante des jours & des
nuits, oçcafîonnent, dans les fluides végétaux,
des mouvemens particuliers, des tranfports alternatifs
vers le haut 8c vers le bas, enfin des exhalations
& des abforptions fucceflives qui cônfti-
tuent les mouveméns vitaux dé ces êtres.
L a Sîc r é t i on eft une fonction organique exercée
d'une manière non douteufedans les végétaux.
Elle opère la réparation hors des fucs végétalifés
de la plante, de diverfes matières qui fe font formée
« dans ces fluides du végétal par Us fuites des
changemens que l'effet même de la vie leur fait
fubir, quoiqu’avec lenteur. Les matières féparées
par les fécrétions végétales fon t, les unes évacuées
au d-hors, ce qui donne lieu aux tranfpi-
rations 8c aux exaltations propres à ces différons
êtres > 8c les autres, moins volatils , font dçpofées,
foit dans les utricules du tiflu véficulaire, foit
ailleurs dans la plante > & concourent à l'augmen- ;
tation de ces parties. Les huiles, les réfînes, les ;
gommes, les mucilages * les fels J? les molécules j
végétales qui entrent dans la compofition des parties
folides des plantes, font toutes des matières
que le végétal h'a point prifes hors de lui-même ,
qu'il n’a point empruntées du fol ni des autres milieux
environnans, mais qu'il a formées par l’aCh’en
même de fa vie , qui ont pris naiffanee au milieu
de ces fluides propres ou végétalifés , & qu'enfuite
la fécrétion a féparées de ces fluides : ainfi , l’on
peut dire que toute produCttoB, foit végétale, foit
animale, a été formée par un corps vivant quelconque,
8c qu'elle ne peut exifter dans la nature
que par les fuites de cette formation.
Les matières fécrétoires que fourniflent les corps
vivans, font le produit de l'aCtion organique de ces
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corps : elles ne fe rencontreroient point dans la na-.
ture fi des êtres doués de la vie ne les formoient.
Ainfi, fans l'exiftence des arbres réfineux , l'on
ne rencontreront nulle part, ni réfine récente ni
réfine altérée & modifiée par fon féjour dans la
tprre ou à fa furface , comme les fuccins, les
jàyets, les bitumes divers, & c . C'eft en formant
eux-mêmes leur propre fubftance , par le moyen
de l'aCtion de leurs organes fur les matières alimentaires,
que les êtres vivans forment néceffai-
rement les diverfes matières fécrétoires qu’ on leur
voit produire : ces matières varient dans leur nature
, 8c par conféquent dans leurs qualités propres.
i° . Selon la nature même de l’ être vivant qui
les forme ; ainfi les productions végétales font en
général différentes de celles des animaux.
2°. Selon la nature de l’organe qui les fépare des
autres matières après leur formation. Les matières
fécrétoires féparées par le fo ie , ne font pas les
mêmes que celles féparées par les reins.
59. Selon la-force & la foiblefle des organes de
l ’être vivant 8c de leur aCtion. Les matières fécrétoires
d’une jeune plante ne font pas tout- à- fait les
mêmes que celles de la même plante fort âgée ,
comme celles d’un enfant ne font pas entièrement
les mêmes que celles d’un homme fait.
4°. Selon que l’intégrité des fondions organiques
eft parfaite, pu fe trouve plus ou moins altérée.
Les matières fécrétoires de l'homme faîri ne
font pas tou;-à-fait les mêmes que celles de l’homme
malade.
5°. Selon que le calorique qui fe forme continuellement
à la furface du globe, quoiqu'en des
qualités variables 3 favorife 8c hâte par ton abondance
l'aClivité organique des êtres qui en font pénétrés,
ou que, par fa grande rareté, il ne permet
aux organes qu’ une aCtion lente &foible. Les matières
fécrétoires des corps vivans , pendant les
chaleurs de l’é té , doivent être un peu différentes
de celles qu'ils forment pendant les froids de l'hiver
: celles que forment les corps vivaiïs dans les
climats chauas, doivent auflï différer de celles qu 'ils
produifent dans les climats froids. Ainfi, le frêne,
qui donne la manne dans la Calabre, n'en fauroit
produire lorsqu'on le cultive à Paris, 8cc.
L a Nutrition eft fans doute une fonction organique
efîèntielle aux végétaux, puifque fans elle
aucun être vivant ne fauroit conferver fon exiftence
pendant les termes qui font propres à fa durée, Ce
qui rend cette fonction néceffaire , c'eft fans contredit
le befoin qu’a l'individu, i®. de développer
les parties qui le compofent ; 2°. de réparer les
pertes que fa tendance à la décompofttion de fes
fluides eflentiels 8c des parties non ligneufes de
fon tifiu lui fait fans cefie éprouver.
C'eft en compofant fans ceffe la fubftance même
d’ un corps vivant, c'eften transformanedes matières
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alimentaires en la propre fubftance de ce corps ,
que la nutrition le développe & répare fes pertes.
O r , cette aflîmilation, cette transformation de matières
alimentaires en la fubftance même d’un corps
vivant, comment s’opère-t-eMe dans tes végétaux?
& quels font les matériaux qu'ils emploient pour
cet effet ? •
11 eft certain que les végétaux forrhfnt eux-mêmes,
à l’aide de leur aélion organique ou vitale,
la matière de leurs parties folides , leurs fluides propres,
leurs huiles, leur réfine , leur mucilage, leur
gomme, leurs acides, 8cc. 8c que fans eux ces fubf-
tanees n’exifteroient peut-être pas dans la nature.
Il eft encore certain qu'à la manière des autres
êtres vivans, ils ne fe développent 8c ne fe con-
fervent que par la nutrition ; mais font-ils eflen-
tiêllement ufage d’alimens. compofés , comme les
animaux ? Rien ne le prouve , 8c beaucoup de confiée
rations autorifent à penfer qu’ils n emploient,
pour le nourrir, que des matières fimples, ou tout
au plus de ces combinaifons du premier ordre, qui
ont lieu entre des fubftances fimples loEfqu'une.
caufe extérieure les a fiiffifamment modifiées pour
cela : alors l’adtion organique végétal© confolide
l’iiuion des principes de ces premières co m binai-
fons : nous en conEioilïons les produits.
Les végétaux n'ont point de canal inteftinal j ce
qui les diftingue de tous les animaux connus : ils
n’ont point par conféquent de digeftion.à exécuter.
L'épiderme de leur écorce fait en. quelque forte les
mêmes fondrions que les parois internes du canal
inteftinal des animaux. En effet, les. pores abfor-
bans des furfaees. des feuilles 8c des rameaux, ainfi
que ceux qui terminent les racines , font comparables
aux pores abfcrbans des inteftins des. animaux.
Les uns 8c les autres donnent entrée aux
matières propres à fervir à la nutrition, des indi-
vidis.
- Par cette confidération nous voyons que les
matières alimentaires des végétaux font des fubftances
fluides ou dont les molécules n’ont aucune
a^Br.ég£tion. Nous voyons encore que ces matières
alimentaires, au moment d’être pompées par les
pores abforbans des végétaux , font dans le même
cas que le chyle animal Iorfque les vaiffeaux ladfcés
qui s’ouvrent dans le canal inteftinal le pompent 8c
l'abforbentimaisle chyle animal eft leréfultat d'une
digeftion préalable qui a détruit toute aggrégation
entre les molécules effentielles de la matière nutritive,
au lieu que les matières alimentaires desvégétaux
n'ont aucune digeftion préalable à fubir ,
aucune aggrégation à perdre. Je ne connois aucun
animal qui ait la faculté de fe nourrir avec des matières
fimples , tandis qu'un grand nombre d'ex-
periences très-bien faites nous apprennent que des
végétaux ont pu germer, fe développer 8c s’accroître
dans les dimenfions propres à leur efpèee ,
frétant.DQurris qu'avec de l’eau difti-llée 8c expofés
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aux influencés de la lumière 8c de Pair ambiant.
11 en réfnlte que, pour fe nourrir 5c développer
toutes leurs parties , les végétaux n’ont effentiel-
lement befoin que d'avoir àleurdifpoft:ion de l'humidité,
e'eft-à-dire, de l'eau dans un état de di-
vifion, d'être plongés partiellement dans l’air at-
mofphérique, 8c de recevoir l'influence d'une certaine
quantité de calorique 8c de lumière. ( Voye%
ce qui a été dit plus haut pag. 401 , à l'article des
principes de la végétation. )•
Tous les végétaux pourroient également vivre ,
croître 8c fructifier dans l’eau réunie ou liquide ,
fi les racines de, la plupart des plantes, 8c furtout
de celles qui ont une confiftance folide, n’étoient
fufceptibles de fe pourrir trop facilement dans l’eau
réunie en maffe. Il ne faut, a ces plantes, qu’une
humidité con tinuellement entretenue, afin qu’elles
puiffent pomper, à raefure qu’elles en ont befoin ,
la quantité d’eau néeeflaire* à leur végétation. Il
eft indifpenfable par conféquent que cette humidité
foit formée par de l’eau d ivifée, c'eft-à-dire ,
par des molécules d’eau féparées les unes des autres,
& épàrfes dans des matières qui ont Ta faculté
de les retenir dans cet é ta t , afin que n’étant pas
réunies enmafle liquide, ellesn'attendriffent point
les racines, nfen altèrent point la fubftance, 8c en
. un mot ne procurent point la corruption des parties
des végétaux qui s’y trouvent enfoncées.
Les fumiers, les engrais , de quelque nature
qu'ils foient ; en un mot, le terreau végétal 8c les
terres fertiles ne .font pas des fubftances néceffaires
à la végétation des plantes, comme leur fourniflknt
des fucs compofés parriculîers, propres à les nourrir
j mais ce font des matières qui, par leur nature,
ont la facultéde retenir facilement l’eau des pluies,
des brouillards & des arrofemens ; de conferver
long-tems cette eau dans un état de divifion, 8c
conféquemment d’entretenir autour des racines des
plantes Je degré d’humidité qui leur eft néeeflaire,
: fans expofer leur fubftance à fe pourrir.
Une plante , quefle qu’elle fo i t , ne pourra pas
vivre dans un fable vitreux très-pur , c'eft-à-Jire ,
fans mélange d’aucune fubftance compofée, parce
que cette matière Ample ne retient aucune humidité
» qu'elle laiffe échapper toute l’eau qu’elle
reçoit des pluies ou des arrofemens, 8c fe trouve
hors d'état de fournir en tout tems ait végétal qui
y feroit partiellement enfoncé , Teau néeeflaire à
1 entretien de fa vie. t a ftériltté de tous les fieux
dont le fol eft un fable pur, confirme allez ce que
je viens de dire r mais que ce même fable foit continuellement
humedié par le voifinage d^une fontaine
» d’un ruifleau ou de toute autre caufe qui
entretienne fon humidité, il deviendra dès-lors
fertile 8c propre à nourrir des végétaux.
Mais la plupart des cultivateurs font portés à
croire qu'outré l'humidité que les engrais four-
niffeiit aux végétaux , ils leur communiquent auffi