
les pédoncules, partent immédiatement du collet
^de-da racine.
Comme Ton diftingue plufieurs fortes de tiges ,
on les a défignées chacune par une dénomination
particulière j ainfi celle des graminées eft appelée
chaume ; les tiges herbacées portent le nom de
hampe lorfqu'elles font (impies , dénuées de feuilles
, & qu’elles foutiennent la fru&ification ; celle
des champignons eft nommée pied, , enfin celle des
palmiers & de certaines fougères, q u i, par la nature
de fon corps ligneux, conftitue un tronc ,
mais d’une organifation particulière , eft appelée
caudex.
Les Feuilles , cette riante parure des plantes,
font arrangées autour de la tige & des branches
avec une fymmétrie admirable. Les unes font (impies
, les autres compofées de plufieurs folioles i
les unes font unies, d’autres dentelées : il en eft
de minces , de fermes, de molles , de charnues,
de liftes, de raboteufes, de velues, de rafes 5 enfin
la variété en eft fi grande, qu’il eft difficile de trouver
deux efpèces de plantes qui aient des feuilles
parfaitement femblables.
Mais les feuilles ne font pas feulement deftinées
a faire l’ornement des arbres ou des autres plantes,
à nous procurer des ombrages frais, & à frapper
nos regards par leur grande variété ; elles ont des
ufages plusdireâs 8c bien plus admirables. Placées
la plupart dans une pofition horizontale, elles pré-
fentent à l’ air libre leur face fupérieure., & à la
terre leur face inférieure. Cette pofition eft tellement
effentielle pour les fonctions qu’elles ont
à remplir, que fi l ’on courbe les rameaux d’une
plante quelconque , de manière que la face inférieure
des feuilles foit tournée vers le c ie l, bien- ;
tôt toutes ces feuilles fe retourneront 8c reprendront
leur première fituation. Ce mouvement n’eft
pas le feul qui s’exécute dans les feuilles : il en eft
d’autres non moins étonnans, &qui nous aideront
à en trouver le but principal.
Si l’ on place dans une cave ou dans un cabinet
de petites branches garnies de feuilles dont l’extrémité
foit plongée dans des vafes pleins d’eau,
les feuilles préfenteront leur face fupérieure aux
fenêtres ou aux foupiraux. Dans plufieurs efpèces
de plantes herbacées, telles que les mauves, les
feuilles fuivent le cours du foleil. Le matin on les
voit préfenter leur face fupérieure au levant; vers
le milieu du jour elles regardent le midi, & le foir
elles font tournées vers le couchant. Pendant la
nuit ou par un tems pluvieux, ces feuilles font horizontales
, leur face inférieure regarde la terre.
Si nous obfervons les feuilles de l ’acacia 3 nous
verrons encore que lorfque le foleil vient à les
échauffer , toutes leurs folioles tendent à fe rapprocher
par leur face fupérieure ; elles forment
alors une efpèce de gouttière tournée yers le foleil.
Pendant la nuit ou dans un tems humide, ces
mêmes fo'ioles fe renverlent en fens contraire, &
fe rapprochent par leur face inférieure ; elles forment
alors une gouttiète tournée vers la terre.
Quoique nous ignorions encore la caufe méca-
} nique de ces mouvemens, leur fin principale n’a
point échappé à l’obfervation. Nous avons vu les
racines deftinées à la nutrition des plantes; elle
s’opère encore d’une manière immédiate par les
feuilles : elles pompent dans l’atraofphère des fucs
nourriciers qu’elles tranfmettent aux autres parties
des plantes. La rofée qui s’élève de la terre, eft
le principal fond de cette nourriture aérienne. Les
feuilles lui préfentent leur face inférieure garnie
d’une infinité de petits tuyaux toujours prêts à
l’abforber ; 8c ce qu’il eft bien effentiel de remarquer
, afin que les feuilles ne fe nuifent pas dans
1 exercice de cette fonction, elles font arrangées
fur la tige 8c fur les branches avec un tel art, que
celles qui précèdent immédiatement ne recouvrent
pas celles qui fuivent. Tantôt elles font placées alternativement
fur deux lignes oppofées 8c parallèles;
tantôt elles font diftribuées par paires qui
fe croifent à angles droits ; d’autres fois elles montent
le long de Ta tige ou des branches fur une ou
plufieurs fpirales parallèles ; enfin la furface inférieure
des feuilles , furtout de celle des arbres ,
eft ordinairement moins lifte, moins luftrée, d’ une
couleur plus pâle que la furface oppofée ; elle eft
pleine d’afpérités ou garnie de poils avec des nervures
plus relevées & plus propres a arrêter les
vapeurs 8c à en favorifer l’abforption; tandis que
la furface fupérieure, lifte 8c luftrée , fans nervures
faillantes, femble être plus particuliérement
deftinée aux excrétions.
L’expérience vient à l ’appui de ces conjectures.
Des feuilles égales 8c femblables, prifes fur le
même arbre , placées par leur furface inférieure
dans dés vafes pleins d’eau, s’y confervent vertes
des femaines 8c même des mois entiers, tandis
que celles que l’on place par leur face fupérieure
périment en peu de jours.
C ’ eft furtout à l’approche de la nuit que 1^ fur-
face inférieure des feuilles commence à s’acquitter
d’une de ses principa'es fondions , de celle d’admettre
par fes pores la nourriture qui doit réparer
la déperdition caufée par l’adion du foleil. C ’ eft
alors qu’ elle entr’ouvre les petites bouches dont
elle eft pourvue, 8c par lefquelles elle pompe 8c
reçoit avec avidité les vapeurs 8c les exhalaiforis
qui flottent dans l ’atmofphère. Ces alimens digérés
, ou plutôt préparés dans les feuilles, font admis
dans les fibres ligneufes, 8c fe joignent au ré-
fidu des fucs qui des racines y avoient été attirés
pendant le jour par l’a&ion de la chaleur. Tous ces
fucs réunis tendent de nouveau vers les racines,
où ils continuent à fe perfectionner.
Pendant le jour, furtout lorfqu’elles font expofées
à la chaleur du fole il, les plantes perdent, par
la tranlpiration , plus qu’elles n’acquièrent ; c’ eft
lemoment des excrétions, 8c c’eftencore les feuilles
qui font particuliérement chargées de ces fondions.
Plufieurs ont prétendu qu’elle s’opéroit par leur fur-
face fupérieure ; cependant des expériences bien
faites paroiffent établir que la furface inférieure des
feuilles fert aufli à la tranfpiration infenfible. Ne
pourroit-on pas loupçonner que la furface fupérieure
fert de défenfe ou d’abri à l’inférieure , 8c
que c’eft là l’ ufage de ce vernis naturel 8c luftré que
l’on y remarque. Ces idées s’accordent très - bien
avec la direction 8c les mouvemens prefque fpon-
tanés des feuilles , avec leur admirable retournement
, 8c avec leur diftribution fymmétrique autour
des tiges 8c des branches.
Quoique fixées à la terre, les planteslanguiroient,
ainfi que les animaux, (telles reftoient immobiles.
Leur vie ne fe foutient, ne fe fortifie que par une
alternative demouvement8cde repos. Les feuilles,
toujours agitées par l’air, font encore les organes
du mouvement; aufli, pour l ’exécuter avec plus
de facilité, elles font la plupart attachées aux tiges
par de longues queues minces, flexibles, auxquelles
on a donné le nom de pétiole. L’expérience prouve
que les plantes acquièrent d ’autant plus de folidité
■ & de force , que cette efpèce d’exercice eft plus
violent. Les plantes des Alpes, expofees à l’aétion
continuelle des vents ; celles du Cap de Bonne-Ef-
pérance, où les tempêtes font très-fréquentes, ont j
plus de fermeté 8c de roideur. ( Voye1 Bonnet,
Çontempl. de la Nature. )
Enfin les feuilles, fi utiles pour la confervation
des plantes , le font encore pour celle de notre
propre exiftence. Tandis que l’air atmofphérique
eft continuellement altéré 8c vicié par notre propre
refpiration, par les décompofitions putrides, par
les vapeurs qui s’élèvent du fein de la terre 8c qui
portent dans les organes de la vie la deftruétion 8c
la mort , les feuilles des arbres le purifient, le
rendent plus falubre, en abforbant toutes fes par-
tiesnon refpirables, en ledécompofant 8c en laiuant
échapper de leurs pores, furtout lorfqu’elles font
frappées par l’aélion du fo le il, une grande abondance
d’air vital ou d’oxygène fi précieux pour l’entretien
de notre fanté.
Il refteroit encore bien des obfervations à faire
fur cette grande variété de feuilles dont nous avons
déjà parlé ; fur les épines, dont qüelques-unesfont
armées; fur les glandes, les poils, le duvet cotonneux
qui les re v ê t , 8c fur une foule d’autres
attributs qui tous ont une fin 8c une utilité particulières.
Nous renvoyons le leéteur aux articles qui
en traitent fpécialement.
Les Fleurs, la partie la plus brillante des plantes
, en eft aufli la plus effentielle. Il fuffit de les nom-
*&er, pour fournir à l’imagination une foule d’ idées
agréaoles & riantes. Les fleurs décorent partout
les alentours de nos habitations ; elles forcent en
touffe du milieu des brouffailles; elles brillent au
loin fur des gazons de verdure ; elles croiffent a
l’ombre des forêts 8c jufque dans le fein des eaux.
Quelle étonnante variété elles nous offrent dans
leurs formes ! Les unes n’ont qu’une feule feuille
ou pétale ; d’autres ont plufieurs pétales. I c i , dit
Bonnet, tel que dans le lys ou la tulipe, c’eft un
vafe, une coupe qui s’ouvre avec grâces : là, comme
dans la capucine, c’eft une efpèce de grotefque qui
imite la figure d’ un capuchon, d’un mufeau , d’un
cafque ; plus loin c’eft une mouche , un papillon ,
une étoile, une couronne, un foit il rayonnant : les
unes font éparfes fans art fur la plante ; les autres
y compofent des bouquets , des globes , des aigrettes
, des guirlandes, des pyramides , 8cc. Mais
comment exprimer la fineffe de leur tiffu, la vivacité
de leurs couleurs, la délicateffe 8c la variété
des nuances, la douceur de leurs parfums ! Des
merveilles plus étonnantes nous attendent, mais
elies ne fe montrent qu’aux yeux de l’obfervateur.
Pour le s bien connoître, il faut analy fer les fleurs,
il faut en obferver toutes les parties.
Dans les fleurs que les botaniftes nomment com*
piétés ( 8c c’eft le plus grand nombre ) , on y diftingue
le calice , la corolle , Us étamines & le piftil.
Le calice eft l’enveloppe la plus extérieure des
fleurs. Il renferme avec la corolle les organes de la
fruédification, les défend des injures de l’air 8c de
tout autre accident jufqu’ au moment de leur épà-
nouiffement, 8c continue fouvent à les protéger
jufqu’au tems de la maturité, 8c même aufli long-
tems qu’elles ont befoin de fes fervices.
La corolle eft l’enveloppe intérieure à laquelle
on donne vulgairement 8c par exclufion le nom de
fleur. Elle eft d’une couleur plus éclatante , d’un
tiffu plus délicat, 8c d’ une forme plus élégante que
le calice qui la foutient.
De fon centre s’élèvent plufieurs filamens, ou
plutôt de petites colonnes de la blancheur de J’al-
bâtre , unies ou cannelées’1; les unes terminées en
pointe ou par une petite tête: on les nomme piftils :
d’autres, placées autour de ces premières, en font
diftinguées par de petites véficules pleines d’une
pouflière jaunâtre ;.ce font les étamines.
Ces filamens, cachés ordinairement dans l’ intérieur
de la corolle , fixent peu l’attention ; ils
la méritent cependant toute entière : ils font aux
plantes ce que les organes fexuels font aux animaux.
C ’eft de leur exiftence , c’eft: de leurs opérations
que dépendent le développement des germes &
la fécondité des fruits : fi ces filamens viennent à
périr trop tô t , les femences font frappées de fté-
rilité, le fruit fe deffèche, flétrit 8c ne mûrit point.
Les anciens botaniftes n’avoient prefque point fait
attention à ces organes ; des botaniftes plus modernes
les ayoient bien remarquées, mais ils n’a,v