
cette eau peut être un bon ftomachique ; car fi
l ’on en fait avaler , tous les jours deux ou trois
gouttes à un chien , fon appétit augmente , & il
engraiffe. On a obfervé que la gomme de ce prunier
ne produifoit aucun mauvais effet.
12. P r u n i e r paniculé. P runuspaniculata. Thunb.
Prunus ûorïbus paniculatis 3 patulis 3 fo liis ovatis.
Thunb. Flor. jap. pag. 200. — Willd. Spec. Plant,
vol. 2. pag. 908. n°. 11.
... Il y a beaucoup de rapports entre cet arbriflfeau
& le prunus makaleb : il-en différé par la paniculé
de fes fleurs j beaucoup plus grande & plus étalée 5
par fes corolles plus petites 5 enfin par les feuilles
plus alongées 3 rétrécies à leur partie inférieure,
divifées à leur contour en dents de fcie très-;;
aiguës.
Ses tiges font fortes 3 épaiffes , très-glabres 3 di- ]
vifées en branches & en rameaux redreffés 3 garnis !
de feuilles éparfes 3 pétiolées 3 ovales , glabres 3
veinées 3 inégales 3 longues de deux ponces & plus 5
les pétioles font droits & n’ont qu’ une ligne de
longueur. Les fleurs font blanches 3 difpofées en
une paniculé très-étalée.
Cette plante croît naturellement au Japon. J)
( Dèfcript. ex Thunb. )
13. P r u n i e r cerifier. Prunus cerafus. Linn.
Prunus umbellis fubpedunculatis^ fo lijs 'ovato-lan-
ceolaùsJ3 glabris, conduplicatis. Linn; Spec. Plant,
vol. 1. pag. 679. — Mantiff. 397. — Mater, medk.
124. — Blackw. tab. 449. — Duroi.' Harbk. 2.
pag. iyy. — Pollich. Pal. n°f 467; — Moench.
Haff. n°. 403. —: Crantz. Auftr.' 94. — : Hoffra.
Germ. 170. —1 Roth. Germ. I.2 1 1. II. y3 9 .—
Lam. For. franç. vol. 3. pag. 105. n°. 733.III.
Cerafus vulgaris. Mill. Didt. n°. 1.
Cerafus fo lïis glabris , ferratis , ovaio-lanceolatis .,
müçroneproduëto. Hall. Helv. n°. 1083.
Cerafus fo liis ovato-lanceolatis. Virid. Cliff. 49.
— Hort. Upf. 12j . —- Roy. Lugd. Bat. 267.
Cerafus fatiya , früctu rubfo & acido. Toürn. Inft.
R. Herbl 625. — C. Bauh. Pin. 449.
a. Cerafus caproniana. Linn-. 1. 0.
‘ Cerafia acida, Taberh. Ic. 98j .
Le cerifier . dont il eft ici queftion ,• fi commun
dans tous les jardins, fi bien connu, par 1’ excellence
de fes fruits , eft celui que Ton, cultive. Quoique
nous penfions qu'il ne puiffe faire une efpèce TofH-
famnient diftinéte du mérifier oit prunus avium qu’on
rencontre dans nos bois, nous les avons néanmoins
féparés , d'après plufieurs auteurs qui ont reconnu
entf’èux des caractères diftinCtifs, peu faiilans à
la vérité , mais fuffifans pour ne pas les confondre.
Le cerifier cultivé 3 en général s’élève moins j
fes feuilles font plus glabres, fes fruits rarement
auffî petits, très-variés; fes ombelles munies fou-
vent d’un pédoncule commun.;Cet arbre ne s’élève
qu'à une hauteur médiocre ; fes rameaux épars font
garnis de feuilles alternes, pétiolées3 ovales, lancéolées,
dentées en fcie à leurs bords , glabres à
leurs deux faces, fermes, un peu épaiffes, munies
de ftipules dentées.
Les fleurs font latérales, blanches, portées fur
des pédoncules partiels, affez longs, fouvent réunis
en ombelle fur un pédoncule commun, trèsJcourt,
garnis à: leur baie de bradées trifides & dentées
en fcie. Les fruits font globuleux ou un peu ovales,
noirs ou rougeâtres, "fr ( V . v . )
Qn a prétendu que le cerifier étoit un arbre exotique,
inconnu à l’Europe jufqu'à l’époque où
Lucullus le fit tranfporter de Cerafunte ( ville du
royaume de Pont, aujourd’hui Zephano ) à Rome,
l’an de Rome 680, & que cent vingt ans après cet
arbre paffa en Angleterre. Les réflexions que préfente
a ce fujet Rofier dans fon Cours £ Agriculture,
font trop curieufes & même affez intéreffantes
fous le rapport des cerifiers qui croiffent naturellement
dans nos forêts, pour ne point lés rappeler
ici.
J’accorderai volontiers, d i t - i l , que la cerife
n’était pas connue à Rome avanrla victoire de Lucullus
; mais on ne doit pas conclure d’uné petite
partie de l'Europe pour l'Europe entière. Nèpôiir-
roit-on pas encore dire que Lucullüs apporta des
greffes ou de s arbres de Cerafunte, dont .la qualité
du fruit étoit fupérieure à celfe des cerifiers fau-
vages, qui ne fixoient pas l'attention des Romains,
ou peut-être ces cerifiers fauvages n'exiftoient pas
en Italie, parce que cet arbre aime les pays froids ?
Pline ajoute qu'on n'a pas pu naturalifer cet arbre
en Égypte, fans doute à caufe de la chaleur du
climat.
Il rrYe paroît que le type-de prefquè toutes les
efpèces dè cerifier, aujourd'hui connues/éxiftoit
dans les Gaules & y a toujours exîfté. Nos grandes
forêts en fourniffent la preuve.
Ôn fait que l’origine du pêcher, de l’abricotier,
du lilas eft afiatique. Ces arbres ont été multipliés
en France", Sc leurs graines , répandues par
hafard dans lés bois voifins des. habitations des
hommes, ont germé, & enfin ont donné des ambres
de leur efpèce.
Qn- trouvera peut - être encore un màrronier
d’Inde levé au milieu des forêts de Marly , de
Saint-Germain , ,&c. ou un acacia dans celles , du
midi de la France 5 .mais fi L’on pénètre au fond de
ces .iranienfes, forêts qui font reftées de l’ancienne
Gaule ; & éloignées de toute habi tation, comme
la fprêt de Compïègne o,u celle d’Orléans , ou dans
les pays de montagnes, qui représentera: la nature
fauvage, comme celle des Ardennes, les Vorgues,
les forêts de Bourgogne, de Champagne, de Franche
Comté , de Suilfe, &c. on n'y trouvera jamais
ni pêchers , ni abricotiers , ni acacias, &c.
Cependant c’eft dans ces grandes forêts qu’on
trouve en très-grande abondance le mérifier, qui
eft un arbre égal en hauteur aux autres grands
arbres des forêts, & que je crois être le type des
cerifiers à fruits doux, nommés guignes à Paris.
Aucun auteur ne rapporte fi Lucullus a réellement
enrichi la campagne de l ’ancienne Rome des
efpèces dè cerifes acides & douces. Il y a même lieu
de penfer que les huit efpèces de cerifes citées par
Pline avoient été produites poftérieurement a la
première époque, foit par les femis, foit pari‘hibri-
dicité ou le mélange des étamines, puifque toutes
ont des noms romains, comme i'apronienne, la lu-
tacienne \ la 'cecilienne, la julienne , &c. Les Romains,
ont même emprunté un mot celtique pour carac-
térifér une cerife fondante ou remplie d’eau 5 ils
l’ont app.eléè duracine , du mot dur , qui veut dire
eau, ainfi que dor.
Si Lucullus avoit rapporté de Cerafunte ces différentes
efpèces, elles auroient confervé le nom
fous lequel elles étoienc connues dans leur pays
natal, & ils n’aurôient pas été obligés d’emprunter
un mot celtique plutôt qu’un mot grec; & le terme
duracine fuppofe déjà que cette cerife éxiftoit dans
lé'pays des defeendans des Celtes.
. Pline parle des ;cerifes de la Gaule belgique,
de celles qui croisent fur les bords.du Rhin; enfin
il ajoute : Il n'y a pas cinq ans que les taurines ont
commencé à paroitre ; elles ont été nommées ainfi
parce qu’elles ont été greffées fùr des lauriers ;
elles ont une amertume qui ne déplaît point. Ce
fait feul futfit pour prouver les expériences mifes
en pratique par les Romains, afin de parvenir à perfectionner
les fruits.
Je regarde, ainfi que je l’ai dit, le mérifier comme
le type général des cerifes à fruits doux, & les
différentes efpèces de mérifiers qui fe rencontrent
dans nos forêts , comme le type fecondaire des efpèces
de cette famille. L’exiftence des différentes
efpèces de mérifier n’eft point idéale. J'en ai .reconnu
plufieurs de très-marquées, de très-fenfi-
bles, je ne dis pas aux yeux du botanifte qui gé-
néralife trop, mais à ceux du cultivateur.
Outre le mérifier à fruits doux , très - fucrés ,
très-vineux, ôn rencontre1 dans les forêts un cerifier
moins fort, moins élevé que le mérifier, dont
le fruit a plus de confiftance, plus de fermeté, &
eft moins coloré ; je le regarde comme Je type des
cerifiers nommés bigarreaux ': & un autre cerifier
fauvage j-norarag cerifier à la feu ille , parce qu'il a
des feuilles attachées aux queues des cerifes, comme
une efpèce qui fe rapproche des bigarreaux.
Il exifte encore une autre efpèce de mérife à
fruit acide ; approchant de celui nommé griotte en
province & cerife à Paris , qui eft le type des cerifes
à fruits acides. Tout me porte donc à croire
que Lucullus a fort bien pu donner aux Romains
la connoiffance des cerifiers qu'ils n'avoient pas ,
& que ce riche cadeau a feulement contribué à
perfectionner nos efpèces gauloifes , s’ il eft vrai
qu’elles ne le fuffent. pas déjà à cette époque.
( Rofier. Dicif. £ Agric. )
Le bois de cerifier eft d’une couleut rouge affez
agréable , mais qui ne fe foutient pas. Il eft moins
dur que celui du mérifier. Son écorce eft aftrin-
gente, amère & fébrifuge ; les fleurs font anti-
fpafmodiques ; la gomme eft très-adouciffante &
incrafïante. Les cerifes font rafraîchiffantes, propres
à appaifer la foif, à corriger les humeurs âcres
& bilieufes , à difliper les engorgemens du foie ,
à remédier à la conftipation, & même à faire cefier
les fièvres & autres maladies caufées par les grandes
chaleurs. Le fuc des cerifes, délayé dans Peau,
convient aux malades. Les amandes font diurétiques
: on en retire une huile par expreffion.
Les cerifes, par la fermentation, & unies au
fucre, donnent une forte de vin extrêmement agréable
, & qui peut fe conferver pendant plufieurs années.
On en obtient auffî, par la diftillation, une
liqueur fpiritueufe, très-forte, connue fous le nom
de-kirfck-wajfer, mais pour laquelle on choifit d«
préférence les mérifes. C’eft avec cette même liqueur
, mêlée avec une quantité proportionnée
d eau ordinaire & de fucre, que l’on fait ordinairement
le marafquin.
Variétés du cerifier.
A. Guignier.
i °. Guignier à fruits noirs. Cerafa iuliana.
Linn.
Cerafus fruftu aquofo. Tournef. Inft. 616.
Cerafa carne tenerâ & aquofd. C. Bauh. Plu. 45®.
Cerafia aquea. Tabern. Icon. 986.
Cerafus major hortenfis, fruchu cordato , nigricantej
carne tenerâ & aquofâ. Duham. — Rofier. Agricult.
vol. 2. pag. 640. tab. 24. fig. 1.
Les guignes ont une chair tendre, aqueufe,très-
fucrée , d’un rouge languin , très-foncé , prefque
noir : Leur, forme eft un peu ovale ; elles font ombiliquées
ou fortement échancrées en coeur à leur
bafe.JL.esfeuilles de l’arbre qui les porte,font pen-
dantés, munies de deux glandes à leur bafe. Au
refte, il eft plufieurs variétés de guignes.
2®. Guignier à gros fruit blanc. Cerafa duteia.
Linn.
Cerafus fraclu alba,. du Ici. Tournef. 626.