
oppofés. Ainfi, les plantes aquatiques, dont les racines
font toujours baignées dans l’eau à une profondeur
où la gelée ne parvient point, fe confervent
d.fns nos climats comme dans l’ Inde. Les plantes
qtii, dans les pays chauds, ne croiffent qu’au fom-
met des hautes montagnes où le froid, même fous
la ligne, eft exceffif, s’ accommoderont des coteaux
8c des plaines dans les lieux voifins du pôle. Les
plantes qui croiffent entre les arbriffeaux, développent
leurs fleurs dès les premiers jours du prin-
tems & pendant l’automne; elles font mieux à l’abri
par la chute des feuilles qui les couvrent, qu’elles
ne le feroient dans une ferre froide : auffi eft-il des
plantes des pays méridionaux, qui, à la faveur de
l’eau & des bois, fe confervent dans notre climat.
Les plantes, confédérées relativement à leur ex-
pofition , croiffent, ou dans l’eau, ou fur les Commets
des montagnes les plus élevées, ou à l’ombre,
pu dans les champs, ou fur les montagnes, ou bien
elles font para fîtes.
i° . Les plantes aquatiques croiffent dans la mer,
fur fes bords, dans les lacs, dans les marais, dans
les terres inondées, dans le limon, dans la tourbe :
elles font Couvent âcres & corrofives.
Les plantes de la mer ( plantamarina) font toujours
recouvertes par l’eau falée dans laquelle elles
flottent : elles n’ônt point de racines, fe nourriffent
par leurs pores, & ne fupportent point les gelées.
Les plantes maritimes ( planta maritima ) croiffent
fur les bords de la mer : l ’eau les recouvre par
intervalle , auffi ne la craignent-elles point ; mais
elles peuvent s’en paffer, puifqu’ on les rencontre
fouvent dans le fable mobile. Ce font des plantes
falées, un peu fucculentes ou d’un tiffu fer’ré : l’eau
falée, que les autres plantes ne peuvent fupporter,
leur eft la plus convenable.
Les plantes des lacs ( planta lacuftres } croiffent
dans l’eau pure des lacs, aune telle profondeur,
que la gelée ne peut les atteindre : elles font lifîes
& d’ une texture lâche. Leurs feuilles font flottantes
; leurs racines font fixées dans la terre & fur-
montées par l’eau. Ces plantes ne fupportent pas la
plus petite gelée ; auffi font-elles fouvent les mêmes
que celles des Indes & des pays les plus chauds.
Les plantes marécageufes ( plantapaluftres) croiffent
dans un terrain mou & bourbeux, ou couvert
d’une eau croupie & moins profonde que celle des
lacs. Ces plantes y font expofées à-la gelée, : elles
font communément liffes & d’une faveur âcre.
Prefque toutes les cruciformes fe plaifent dans un
terrain humide, où l’on trouve 'encore un grand
nombre d’autres plantes.
Les plantes des terrainsinondés (planta irtundata)
font couvertes par i’eau pendant l’hiver & dans les
tems pluvieux.» mais pendant l’été le lieu qu elles
occupent eft fec : la plupart ne s’y foutiendroient
pas s’il étoit toujours couvert d’eau.
Les plantes de terres limonneufes ( planta uligi-
nofa ) croiffent dans les lieux où l’eau croupit entre
deux terres. Le fol eft groffier & fe fèche pendant
l’été Ces végétaux veulent urte terre froide, fté-
rile, fans terreau.
Les plantes qui naiffent dans la tôurbe ( planta
cefpitofa) font celles qui croiffent dans une terre
poreufe , groffière, humide, d’un brun noirâtre,
fertilifée par des débris de racines : la gelée ne
s’y fait fentir que très-tard : elles ne pouffent que
vers la fin du pnntems : elles doivent être couvertes
de moufle pendant cette faifon, & leurs racines ne
doivent pas être expofées à l’air pendant l’éte.
2°. Les plantes des hautes montagnes croiffent,
ou fur leurs revers ou fur les côtés.
Celles qui naiffent fur le revers des montagnes
( planta etherea ) , foin au deffous des glaces 8c au
deffus des bois ; elles font petites & maigres : le
fol qu’ elles occupent, eft efcarpé, expofé à tous les
vents: la terre en eft groffière & couverte de neiges
j u fqu’à l’été.Ces végétaux ne font point expofés aux
viciffitudes du printems, & la gelée n’endurcit que
très-tard le terrain qu’ils occupent. On ne les ob-
ferve, hors des montagnes, que dans des terrains
marécageux dont la terre forte réfifte long-tems à
la gelée, & ne dégèle plusenfuite qu’au milieu de
l’é té , îorfqu’on n’eft plus dans le cas de craindre
le retour du froid. Si on les tranfporte dans nos
jardins, ils y vivent peu : les nuits froides du printems
les brûlent, découvrent leurs racines que la
chaleur du jour deffèche : il fau t, pour les con-
ferver, les garantir des viciffitudes du printems Se
de l’automne.
Les plantes qui naiffent fur les côtés des hautes
montagnes ( planta occlufa) , croiflent à l’abri des
bois épais, dans une terre profonde 8c remplie de
fucs : elles font fort élevées 8c craignent le froid.
30. Les plantes qui fe plaifent à l’ombre , te Hif-
tinguent par le terrain où elles croiffent; les unes
placées fous les arbres touffus , dans une terre peu
compacte, couverte de feuilles en hiver, ombragée
pendant l’été. Ce font des plantes foibles & qui
fleuriffent au commencement du printems, avant
que les arbres foient garnis de feuilles. ( Planta
hemorofa. )
L’air , dans ces endroits , eft toujours humide :
les végétaux y font à l ’abri des vents ; ils craignent
le froid & le chaud. Plufieurs de ces plantes font
venimeufes; & l’on obferve chaque jour que les
plantes qui font douces étant expofées au grand
air , deviennent acerbes lorfqu’ elles croiffent à
l’ombré.
D’autres croiffent également dans les bois , à
l’ombre (planta fylvatica) , mais dans des terres
épuiféss,
épuifées, fablonneufes, ftériles : elles font fermes
& dures.
4°. Les plantes de la campagne ( planta campef-
tres) craignent l’ombre des bois , & ne lèvent
que dans des lieux bien aérés, dans les champs, les
terres meubles , autour des lieux habités, dans les
prairies.
Les plantes des champs ( planta arvenfes ) s’ob-
fervent dans les champs cultivés ou en jachères :
elles croiffent très-bien parmi les moiffons, dans
une terre graffe & fïllonnée.
Les plantes de terre meuble ( planta culta ) croiffent
parmi les légumes, dans les terres gradés, enfumées
& fertiles, où elles fatiguent beaucoup les
jardiniers.
Les plantes qui croiffent autour des maifons
( planta ruderales) , dans les rues, les places, dans
des lieux foulés par les animaux qui y dépofent
leur fumier, exigent une terre bien engraiffée,
mais néanmoins ferme 8c campaéle. Le plus fouvent
les fruits de ces plantes ne fe détachent point.
f°- Les plantes des prairies ( plantapratenfes ) le
plaifent dans les lieux où les herbes croiffent abondamment.
Ce font des terres baffes ou des vallons
fertiles & un peu humides, où le bétail ne pénètre
point pendant l’été.
Les plantes qui croiffent furie bord des chemins
(plantaverfurarum) doivent être confidéréescomme
celles des prairies enfumées.
6°. Les plantes des montagnes (plantamoatana)
veulent être expofées au grand air : elles croiffent,
ou au fommet de ces montagnes, ou fur les coteaux,
ou fur les rochers.
Celles qui croiffent dans les lieux les plus élevés
(planta glabretofa ) , dans les endroits fecs , arides,
defféehés par le foieil 8c un peu plats, veulent ordinairement
un fol bien expofé .à l ’air, & qui foit
en même tems aride & ferme.
D’autres croiffent fur les revers des montagnes
(planta coltina , folum montanum cum collibus ) , fur
des coteaux fecs où l’eau féjourne peu.
Il eft encore des végétaux fur les'montagnes ,
qui femblent choîiîr les fols où des lits de pierres
laiffent échapper l’eau & retiennent la chaleur ,
( planta rupeflres, folum rupeftre ). EJles croiffent
dans les fentes des rochers. On doit fuppoferque
ces plantes exigent peu de nourriture au en prennent
peu par leurs racines.
7°. Les paraiïtes ( piantapàrafitica ) ne font point
fufoeptibles de culture. Les unes ne vivent que
fur les arbres, tel que le guy , d’autres fur les
herbes, la cufcute ; d’autres fur les racines, Voro-
bancke. Différentes'éfpèces:de moufles, de lichens,
de fungus, font également .des plantas parafites.
Botanique. Tome V
III. L e S o i .
Le fol que la nature femble affigner aux différentes
plantes , mérite une attention particulière
de la part des botaniftes. On diftingue principalement
le fable, l’argile, la craie, le terreau. Les
terres ochreufes ne permettent guère l’accroiffe-
! ment d’aucune plante ; cependant on obferve quel-
: quefois que fon mélange avec la terre fupplée,
quoiqu’imparfaitement, à celui du fable.
i° . Le fable ( arena ) eft un compofé de fragmens
fecs , durs au toucher, graveleux, impénétrables
à l’eau, 8c qui n’ont aucune adhérence entr’eux.
Les fables purs font friables & fecs : lés plantes
qui y croiffent , doivent craindre beaucoup l’humidité,
& peuvent pourrir dans une terre qui com
ferve l’eau.
Lorfque le fable eft d’une fi grande ténuité, que
le vent l’emporte , il n’y végète aucune plante ,
où s’il en croît quelques-unes, elles profitent encore
mieux dans d’autres terres. D’ailleurs, le fable
n’eft pas toujours pur, 8c fon mélange ef^ nécef-
faire avec la terre, pour la rendre plus convenable
à certaines plantes.
i ° . Il eft des plantes qui croiffent dans l’argile
(planta argilacea). Les terres argileufes font comp
a re s , tenaces, retiennent long-tems l’humidité.
La grande ténacité de l’argile s’oppofe fouvent à
i’accroiffement des plantes. Il n’en eft pas de même
lorfqu’elle a été extrêmement divifée par les labours
, par quelques productions végétales, par
fon mélange avec les fables. Elle eft alors dé toutes
les terres la plus propre à la végétation, qu’elle fa-
vorife encore dans bien des cas , lorfque placée
fous le terreau elle fert à y retenir l’humidité..
3°. La craie ( cteta ) , la plus fèche de toutes les
terres, eft auffi la plus aride, & iJ eft à préfumer
que les terrains falés 8c vitrioliques nuifent fur-
tout à la végétation par leur fécneréffe. La craie
favorife peu la végétation lorfqu’elle eft pure 5
mais mélangée avec l’argile , 8c quelquefois encore
avec le fable, elle fournit la marne, que l’on
fait être un’ excellent engrais.
40. Le terreau ( humus) ou la terre formée par
la décompofition des fubftances végétales & animales
eft très - fertile, & nourrit la plupart des
plantes : c’eft furtout par fon moyen que l’on en-
graiffe les jardins : les fumiers fe convertiffent en
une terre très-fubtile , dans laquelle vivent &
croiffent un grand nombre de végétaux.
|| On peut préfumer , dit M. Durande que nous
venons de citer, que dans l’origine chaque plante
avoit un climat, une expofitiop », un fol qui lui
étoient propres : il en eft cependant aujourd’hui
qui femblent croître indifféremment prefque partout.
La nature a peut-être rompu pat degrés leurs
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