
dont'les nervures, à la même époque, font également
blanchâtres, & confervent leur duvet plus
long-tems que les feuilles. Leurs pétioles font plus
épais, & n'ont ni la délicateffe ni même la longueur
de l’efpèce dont il vient d'être queftion.
Cet arbre a un air fauvage, que quelques-uns
appellent trille. Comme chacun a fa manière de
v o ir , je trouve, dit Rozier, que fonport, que le
fremiffement occalîonné par le mouvement de fes_
feuilles, que leur couleur, contraftent très-bien
lorfque le tremble eft mêle parmi d’autres arbres
dans les forets : feul & ifolé, il produit peu d’effets.
Il fe plaît dans les lieux froids & humides,
& aime à etendre fes racines dans les fciffures des
roc^ersi, ^ous les blocs des pierres : fi elles font
gênees par la nature du fo l, elles tracent à fleur
de terre. Sa fleuraifon eft beaucoup plus hâtive
que celle des autres peupliers.
Dans certaines contrées de la Sibérie on emploie,
pour la guérifon des maladies vénériennes ,
les cendres très-alcalines de l'écorce de ce peuplier,
que 1 on mêle à l ’eau, & dont on boit foir
& matin. Pallas allure qu'ils en obtiennent d’heureux
effet s , ainfi que dans les affeâions fcorlau-
tiques.
3* Peuplier noir. Populus nigra. Linn.
Populusfoliis deltoideiSy utrinque glabris, acuminatis,
ferracisÿ ramis/parfis. ( N. )
Populus /oliis dcltoidibus, acuminatis , /erratis.
Linn. Spec. Plant, vol. 2. p. 1464. — Hort. Cliff.
46c. Fl. Suec. 821. 911. — Mater, medic. 21 y.
— Roy. Lugd. Bat. 82. — Gronov. Virgin. 104.
— Gmel. Sibir. 1, p. iyi . — Dalib. Paris. 301.
—— Mill. Di6L n°. 5*'“ r Necker. Gallob. p. 401.
— Scop. Carn. édit. 2. n9. 1223. — Duroi.
Harbk. 2. p. 139, — Leers. Herborn. n°. y
— Pollich. Pal. n°. ^jOf^-Mattufch. Sil. n*. 7Z2.
-Dafr; NafT. p. 264. — Biakw. tab. 248. I. —-
Mill. Illuftr. — Lam. Flor. franç. vol. 2. p. 234.
H* Duham. Arbr. vol. 2. p. iy§.
Populus foliis utrinque glabris , acuminatis, /erratis
, dcltoidibus; diurnetro longitudinali longiori.
Mill. Illuftr. Icon. —^ Régn. Botan. tab. 321. —
Gmel. Syft. Nat. 2. p. 630. n°. 3.
Populus f oliis glabris y. cordato-rhomboideis , fer-
rôtis. Hall. Helv. n°. 1632.
Populus nigra. C. Bauh. Pin. 429. — Dodon.
Pempt. 836. Ic. — Matth. Comment. 137. Icon.
— Lobel. Icon. 154. ^
Populus nigra. Tourn. Inft. R. Herb. 35».2.
Vulgairement le peuplier noir.
K. Populus nigra 3 fotiis acuminatis, dentatis. ad
marginem ündulatis. Dubam. Aibr. vol. 2. p 178
Vulgairement, & très-mal à propos, cfier blanc.
Populus fiexibilis. Diétion. d’Agriculr. vol. 7.
pag. 618.
Populus /oliis evatô-cuneiformibus , cortice albi-
coûte. Hort. Colomb.
B. P opulus helvetica, ramis in/errù hori^orualibus.
Vulgairement le peuplier/uijfe.
Cet arbre ne s’élève très-haut que lorfqu’il végète
dans les terrains humides, fur le bord des
foliés remplis d’eau : partout ailleurs il languit,
fur tout lorlqu’on le place fur les hauteurs & dans
un fol trop aride & fec.
Ses tiges fe divifent en rameaux étalés, diffus ,
médiocrement redreffés, revêtus d’une écorce un
peu jaunâtre, ridée, glabre. Les feuilles font alternes
3 éparfes, pétiolées, prefque triangulaires,
deltoïdes, élargies & comme tronquées à leur
bafe j aiguës, acuminées à leur fommet, glabres,
! verniffées à leurs deux faces, garnies de dents
■ obtufes j à rebords blanchâtres _& membraneux
dans leur jeuneffe, marquées de nervures jaunâtres,
portées fur des pétioles grêles, étroits,
comprimés, dépourvus de glandes, plus longs que
les feuilles, très-glabres, & mouvans. Les jeunes
feuilles font roulées fur elles-mêmes par leurs
bords, & recouvertes, ainfi que les bourgeons,
; d’une matière vifqueufe & odorante.
Les fleurs mâles forment des chatons grêles,,
cylindriques, alongésj les écailles de leur calice
font partagées en trois ou quatre déchiquetures
principales, découpées chacune en plufieurs lanières
très-étroites & glabres : chaque fleur contient
ordinairement de feize à vingt-deux étamines,
dont les anthères font de couleur pourpre.
Les chatons femelles, plus longs & plus grêles
encore que les mâles, font pendans, chargés de
fleurs écartées, pédiculées, éparfes : elles pro-,
: duifent des capfules courtes, ovales, prefque
rondes, à peine aiguës, à deux loges, & remplies
de femences aigrettées. Les bourgeons des fleurs,
avant l’épanouiffement de ces dernières, font,
ovales, oblongs, acuminés, compofés d’écaHles.
èntières & vifqueufes.
Cette plante fleurit vers la fin de l’hiver ou an
: commencement du printems. f) ( V .v .}
La variété A fe cultive de préférence dans les-
; vignes. Qn lui a donné , dans plufieurs contrées,
! *e nom. tfofier blanc, parce que l'on emploie fes
; jeïmes rameaux en place d’olier-. On i'étête fore
bas, & l’ on coupe tous Jes ans fes jeunes rameaux.
Elle né diffère de la précédente que par faftature*
qui eft l’effet de l'a rt, & par fes feuilles affez généralement
plus profondément dentees & un peu
i ondulées fur leurs bords. Ses jeunes tiges fervent
à lier les vignes , les arbres , &c. Il pouffe fort j
vite :1'écorce de fes rameaux eft un peu blanchâtre.
La variété B , connue fous le nom de peuplier
/uijfe, eft remarquable par fes branches inférieures
horizontales , & par fes jeunes pouffes cannelées,
comme celles du populus canadenfis , avec lequel il
a beaucoup de rapports. Ses chatons mâles con- •
tiennent également de feize à vin'gt-deuxétamines.
Il pourroit bien conftituer une efpèce „diftinéfce par
fon port, & fe ranger fur la ligne de paffage entre
le populus nigra & le populus /afiigiata.
Le peuplier noir eft un arbte intéreffant dans les
contrées, où les planches de bois de chêne & de
fapin font rares & chères : il eh fournit d’excellentes
& de lë'gères. Son tronc fert à faire des
poutres, des folives, des chevrons, ainfi que des
orouettes, des tombereaux, des volets, des chaflis,
qui font d’un affez bon ufage,. furtout fi l’on a foin
de les garantir de- l ’humidité & de la pluie. Ses
feuilles, ainfi que celles du peuplier blanc , def-
féchées & confervées, fervent à la nourriture
des troupeaux pendant l’hiver.
Si on deftine cet arbre à fournir des échalas aux
vignes , ainfi qu’il fe pratique dans la plupart des
ays vignobles, on lui coupe la tête à une certaine
auteur, afin qu’il pouffe à la manière des faules ,
& on en coupe les branches tous les trois ou quatre
ans. Si, après avoir converti les branches en échalas
i on leur enlève leur écorce , ils durent beaucoup
plus long-tems. On le plante fouvent fur le
bord des rivières pour faire des taillis ou des fourrées
qui s’ oppofent aux ravages caufés par le débordement
des eaux. Si on le deftine à devenir un
grand arbre & à fournir des fagots pour les troupeaux
, pn le plante en laiffant quelques petites
branches à fon fommet, & on lui conferve la tête.
On emploie les bourgeons du peuplier noir en
infufiôn , à la dofe d’une demi-once jufqu'à deux
onces dans une livre d’eau pour boiffon en plufieurs
vergées , afin de calmer les diarrhées féreufes, &
celles qui font la fuite de la foibleffe de ï’ eftomac >
mais le principal ufage de ces bourgeons eft dans
la compofition de l’onguent populeum, qui calme
les douleurs vives & relâche les differentes parties
fur lefquelles on l’ applique. On s’ en fert utilement
contre les hémorrhoïdes. Ces mêmes bourgeons , I
pilés & macérés dans l’eau bouillante, fourniffent, j
au moyen de la preffe, une matière graffe qui ;
brûle comme la cire , en répandant une odeur j
agréable. On fe fert, en Ruflîe, de l’écorce de cet !
arbre pour apprêter le marroquin. Le duvet des
femences a été employé pour faire d’affez beau
papier. L ’écorce féchée & brifée fe donne aux
moutons à défaut d'autre nourriture. Les feuilles
en fourniffent une excellente aux beftiaux. On obtient
des jeunes tiges une teinture d’ un affez beau
jaune.
4. P euplier pyramidal. Populus /afiigiata.
Populus /oliis utrinque glabris , /erratis , acuminatis
, deltoideïs j ramis fafligtatis. (N .)
Populus pyramidalis. Rozier. Cours a. Agriculture,
vol. y. p. 6m l
Vulgairement peuplier d’Italie ou de Lombardie.
Long-tems cet arbre n’a été confidéré que comme
une fimple variété du peuplier noir, dont en effet
il ne diffère guère que par fon port j mais ce port
eft fi confiant, fi différent de celui du peuplier
noir, qu’on ne peut raifonnablement les réunir en
une feule efpèce. Le peuplier noir a toujours fes
branches très-étalées 4 fa cime eft ample , touffue.
Dans le peuplier d’Italie, les branches font foibles
ainfi que fes rameaux très-effilés, tous rapprochés
& prefque ferrés contre le tronc j de forte qu ils
préfentent, par leur enfemble, une longue pyramide
effilée.
Le tronc de cet arbre eft fort dro it, le plus
élevé de toutes les efpèces. de ce genre , revêtu
d’une écorce affez liffe , grifâtre ; il produit des
branches très-caffantes , prefque verticales, qui
fuivent la même dire&ion que le tronc , & fe terminent
au fommet en une pyramide aiguë. Les
feuilles ne diffèrent point de celles du peuplier
noir, les pétioles font jaunâtres, ainfi que les nervures.
Les chatons mâles font courts, moins épais que
dans le peuplier noir : leurs écailles, déchiquetées
à leurs bords , n’ont point de cils : j'y ai compté
de douze à quinze étamines : leurs anthères font
d’un rofe pourpre , a deux lobes , portées fur des
filamens courts, filiformes. Lorfque les deux lobes
fout ouverts, les anthères parodient alors comme
retournées : la face intérieure des lobes devient
extérieure ; elle eft d’ un jaune verdâtre, bordée
de noir ; c’eft ce qui arrive après l’émiffion du
pollen. Les chatons femelles font grêles , fort
I longs, garnis dé fleurs écartées , pédiculées, al-
| ternes. Les capfules font courtes , arrondies, fe
j divifent en deux valves réfléchies en dehors après
l’émilfion des femences. "fr ( V. v. )
Il a été un tems en France , dit R o z ie r , où
l’on ne voyoit, ne parloit, & où l ’on ne plantoit
[ plus que des peupliers d’Jtalie. C ’étdit une manie,
une fureur qui fitétabîir des pépinières dans prefque
toutes les provinces : on fe porta même jufqu’à
écrite que cet arbre pourroit fervir à faire des
mâts de vaiffeaux. Qu’a produit cet enthoufiafme?
Rien ou prefque rien , fi on en juge par ce qui
exifte aujourd’hui. Les utiles peupliers du pays
furent fupprimés , & on fe reffent encore de leur
pèrte. La peuplomanie fit déraciner les avenues
plantées en ormeaux, en tilleuls , dans lefquelles
ofi bravoit les ardeurs du foleil, & on eut à leur
place de beaux arbres qui s’élevoient agréablement
G g i;