
Simples , filiformes , longues au moins de deux
pouces , aiguës , fouvent réfléchies en dehors, un
peu charnues 3 à peine pubefcentes. Les tiges fe
divifent en rameaux également oppofés. . C’eft à
leur extrémité que naififent les fleurs réunies en
petites têtes ovales 3 portées fur des pédoncules
fins, axillaires , pubefcens, plus courts que les
feuilles. Les épis font munis de braétées foliacées,
dont la bafe eft élargie, ovale, concave, pubef-
cente, de la longueur des folioles calicinales, 6c
qui fe terminent à leur fommet en un long filament
parfaitement femblable aux feuilles. Le calice
eft membraneux; la corolle eft munie d’un
tube fort raillant, renflé à fa bafe, au moins une
fois plus long que le calice, divifé à fon orifice
en quatre découpures ovales, un peu étroites,
aiguës.
Cette plante eft originaire d’Egypte : elle croît
aufli dans les environs d’Aftracan. On la cultive
au Jardin des Plantes de Paris. O ( V»v.)
* Efpèces incertaines ou peu connues.
* Plantago ( capenfis ) , foliis ellipticis, fpicâ
floribus dijlinciis. Thunb. Prodr. 2p.
* Plantago (hirfuta) ,foliis linearibus, ciliatis ;
fpicâ cylindricâ , fcapo kirfuto. Thunb. Prodr. 25).
* Plantago ( cylindricâ) , foliis linearibus, utrin-
què hirfutis; Jcapo tereti ; fpicâ cylindricâ 3 fubincurva
, corolle, laciniis lanceolatis. Forskh. Flor.
Ægypt.-Arab. pag. 31.
* Plantago (ariftata foliis fubfetaceo-linearibus ;
*fpicâ oblongâ , cylindraceâ; braâleis fubulato-ariftatis,
fupra flores longiiis exertis. Michaux. Flor. Amer,
vol. 1.
* Plantago (ovata), foliis linearibus, utrinquè
hirfutis ; fcapo ereâo 3 kirfuto ,* fpicâ ovato-oblongâ ;
corolle laciniis ovatis. Forskh. Flor. Ægypt.-Arab.
pag. 31.
* Plantago ( craflifolia ) , foliis carnofls, femi-
teretibus , ciliatis, bafi nudis ; fcapo tereti , villofo ;
fpicâ cylindricâ. Forskh. Flor. Ægypt.-Arab. p. 31.
* Plantago ( pumila ) , coulé ramofo , herbaceo >
foliis integerrimis, carnofls ; ramis Uvibus. Linn*
f. Suppl, pag. 125.
* Plantago ( exigua ) , caule ramofo-herbaceo ;
foliis fubulatis, integerrimis; capitulis foliofis. Murray.
Comment. Goett» 1778. pag. 94. tab. y.
Pour éviter des recherches trop longues fur les
efpèces nombreufes décrites par différens auteurs,
& dont nous avons cru devoir réunir plufîeurs en
une feule, nous allons préfenter le tableau de ce
travail, ainfi que nous Payons déjà fait au mot I
P a t u r i n . ( Poa. )
Plantago maxima. Ait. &
Jacq.
Plantago kentuckenfls. Michaux.
Plantago crajfifolia. Roth.
— bhllata. Bofc.
Plantago montana. Till.
Plantago minuta. ? Pall.
Plantago monofperma.
Pourr.
Plantago Bellardi. Allion.
— lanata. Poir.
— villofa. Lam.
— pilofa. Id.
Voytx dans ce Diét.
PI. cucùllata.
PL ovata.
}
PI. crifpa.
PL àltijjima.
PL albicans.
PI. argentea.
PI. holoftea.
Plantago decumbens. ?
Forskh;
Plantago dentata. Roth.
— juncoides. Lam.
Plantago recurvata. ? Linn.
— incurvata. ? Murr.
J PL cretica.
^ PL maritima.
| PL ferpentina.
Plantago barbata. ? Forft. PL pauciflora.
Plantago columns. Gouan.
— cofnuti. Jacq.
Plantago critkmoides. Desfont.
Plantago egyptiaca. Jacq.
}PL coronopus.
? PL macrorki^a.
PL fquarrofa.
( PoiRET. )
PLANTES, VEGETAUX, v ég é ta tion . Plante,
vegetabilia. C ’eft le nom que Ton donne à ces végétaux,
aufli nombreux que variés, répandus fur
toute la furface du globe terreftre, & dont ils font
le principal ornement. Si l ’on en excepte ces plages
fablonneufes & brûlantes fur lefquelles ne s’arrête
jamais aucun nuage fécondant, li l’on en excepte
la cime élevée de ces affreux rochers que revêt
une neige éternelle , il n’ eft aucune partie de notre
globe qui ne devienne l’habitation des, plantes :
elles exiftent fouvent fous des formes fi fingulières,
qu’ il en eft parmi elles qu’on a long-tems méconnues.
Telles font ces byjfus pulvérulens qui tapif-
fent nos murailles ; Ces lichens étendus en larges
plaques de diverfes couleurs fur les rochers & les
pierres; ces conferves dont fe couvre la furface
des eaux dormantes ; ces.moififlures.fi agréables à la
loupe, qui s’emparent de- toutes les fübftances en
putréfaction, & qui femblent vouloir dérober à
nos regards les ravages de la deftru&ionj enfin,
ces cryptogames parantes, ces ecidies qu’on n’ap-
perçoit fur les autres plantes que comme des points
■ a peine fenfibles.
§. Iei. Les plantes cryptogames confédérées comme le
fondement de la végétation.
Mais on dédaigne ces plantes fans éclat; on les
méprife; à peine les connoît-on. Cependant lorf-
que l’oeil perçant du génie eut étudié leurs rapports
dans l’ordre naturel des chofes, dès qu’il
eut médité fur les fonctions importantes qu’elles
avoient à remplir , & la place qu’elles occupoient
dans le fyftème général de l’Univers, elles ont pris
alors un caraCtère de grandeur qui a fixé les re-'
gards. On a reconnu qu’elles devenoient la bafe
de toute végétation dans les lieux qui s’en trou-
voient privés, particuliérement dans .les terrains
fecs, pierreux, ftériles; que par elles les rochers
les plus durs finifloient par fe couronner de forêts,
qui jamais n'euffent exifté fi la maffe de terre
végétale néceffaire pour leur entretien n’eût été
longuement préparée par une fucceflion de végétaux
, telle qu’on peut y obferver en quelque
forte, dans les diverfes efpèces qui fe fuccèdent,
l ’échelle graduée de leur composition.
Suivons cette importante opération fur les roches
incultes , fur les pierres à nu , & même fur
les murs de nos habitations, pour la placer plus
directement fous nos yeux , nous verrons ces
pierres liffes, dures, compactes, fe couvrir d’abord
de ces byjfus pulvérulens ou filamenteux dont
nous avons parlé plus haut. Ils n’ont befoin, pour
exifter, que d’humidité, & d’ être garantis du fo-
leil, dont la chaleur trop aCtive les deffécheroit;
aufli ne croiffent-ils qu’à l’ombre & pendant les
faifons pluvieufes de l’année. Ce font eux qui
font difparoître la blancheur de nos murailles,
qui leur donnent cette teinte rembrunie, fi défa-
gréable à l ’oe il; qui impriment,le cachet de la
vétufté fur nos vieux châteaux, fur nos édifices
gothiques. Ah ! du moins s’ ils refpeCtoient ces
beaux marbres, ces ftatues animées par le génie
de la fculpture ! Mais deftinés par la nature à jeter
les fondemens de la végétation, ils fe hâtent de
remplir cette tâche importante.
Dépourvus de racines, il ne leur faut point,
comme aux autres plantes, de terre végétale pour
lès fixer. D ’après leur organifation particulière, ils
ont la faculté de s’appliquer fur les corps les plus
durs, de s’y étendre, de les revêtir par le prolongement
& les ramifications fans nombre de leurs
filamens. Ce n’eft point par des femences qu’ils fe
multiplient & fe propagent: du moins jufqu’alors
1 obfervation la plus fcrupuleufe ne nous a rien
montré en eux qui y foit relatif. Il paroît que,
rapprochés des polypes, parmi lefquels un natura-
lifte moderne a même eflàyé de les ranger, ils font
pour ainfi dire toute femence. Chaque partie d'eux-
mêmes eft prolifère, & peut feule, par le fimple
développement, couvrir une furface très-confidé-
rable de terrain. Cette végétation eft très-rapide
lorfqu’elle eft favorifée par les circonftances, c’eft-
à-dire, par l’ombre & l’humidité. Nous voyons tous
lesjoursle byjfus tapi (Ter les lieux de nos logemens
les plus humides & les moins fréquentés.
Si ces byffus, fi quelques efpèces de lichens qui
en approchent, n’ont pas befoin de terre végétale
pour leur exiftence, ils en fourniflent par leur dé-
compofition , en très-petite quantité à la vérité,
mais fuffifamment pour devenir la terre natale de
plufieurs autres petites plantes qui leur fuccèdent,
telles que certaines efpèces de moufles, des lichens
rameux ou foliacés. Dès qu’une fois un rocher en
eft couvert, la végétation y eft affurée pour des
fiècles, les fondemens en font jetés, & il ne faut
plus que du tems à la nature pour le couronner
de forêts. Si l’homme, borné à une exiftence d’un
momenr, n’en peut être le témoin, il en conçoit
fans peine la progreflion.
Cette petite couche de terre végétale augmente
'd’année a autre ; elle fournit tous les ans une végétation
plus abondante, & des plantes d’une
efpèce plus forte. Alors ce même fo l, couvert
peu auparavant de byffus, de lichens, eft déjà en
état de produire des gramens & d’autres plantes
herbacées , qui appellent les animaux de toute
efpèce. Leurs dépouilles, ajoutées aux débris des
plantes, vont encore contribuer à exhauffer ce fol
naiffant ; déjà c’ eft une prairie fertile, c’eft un
parterre de fleurs, d’où s’élancent quelques jeunes
arbriffeaux, & auxquels enfin fuccèdent les grands
arbres lorfque l’épaiffeur du terreau le permet.
Tel eft le fecret de la nature, qui n’en eft plus
un pour celui qui l’obîerve ; tels font les progrès
de la végétation commencée par de fimples byffus,
par quelques lichens & des tapis de moufles.
Vo yez ce mur qui menace ruine , vifîtez fon
fommet, vous y trouverez une couche de terreau
de plufîeurs pouces d'épaiffeur. Quelle main autre
que celle de la nature a pu l ’y dépofer ?
Ce qu’elle exécute en petit fur nos murs, elle
l’opère en grand fur les rochers arides. Ces lieux
que fuyoient tous les animaux à caufe de leur
ftérilité, devenus féconds par la végétation, font
bientôt peuplés de nombreufes colonies d'êtres
vivans. La.chèvre y vient brouter la graminée
fucculente, l’ oifeau s’y nourrit de fes femences
farineufes : fouvent l’homme y fixe fon féjour, la
charrue y imprime de larges filions, & de riches
épis flottent par ondulations fur ce fol jadis inculte
& défert.
Après àvoir confidéré ces plantes cryptogames
dans l’ordre de la nature, fi nous réfléchiffons fur
leur propre compofition, nous reconnoîtrons avec
un intérêt non moins v i f , que fi elles font la bafe
D d d ij