
-amôlîiffent les fibres, relâchent les folides, émeuf-
fent l'âcre } ils, calment le fpafme dans les coliques
; ils appaifent la toux, diminuent la féche-
réfle & rafpérité de la gorge, les douleurs des
plaies & celles de la brûlure ; enveloppent tes poi-
fons encore renfermés dans les premières voies,
& lâchent doucement le ventre. Leur abus amollit,
-rend incapable d'exercice & de fatigue, dérange
les digeftions, ôte K appétit, donne lieu à
l’acide dans les tempéramens mélancoliques ; ils
paffent aifément à lacre ou à la rancidité dans les
fièvres ,.Jes éréfipèles, &c. : réduits en émulfion
au moyen d’un mucilage , ils font rafraîchiffans 8c
adouciffiins, plus fufceptibles de s’aigrir que de
devenir rances.
Les. vifqueux: ou mucilagineux, .les gommes,
les mauves, la graine de lin , le tufffiage, la pulmonaire
, les jujubes, les fiemences de coin ,-&c.
lubrifient les folides, enveloppent l’âcre ; ils em- !
patent ; ils jnoutri fient 5 ils calment les douleurs de
colique , de dyftenterie 5 ils appaifent la toux fè-
che, modèrent l’opÏÏthalmie, l’inflammation de la
gorge : leur abus épaifiit trop les humeurs, rend
la circulation trop tardive $ ce qui peut difpofer à
la pituite, aux maladies foporeufes, à la lenteur
du corps.
Les acides.végétaux calment la chaleur, arrêtent
la putridité, empêchent la foif, rendent les
humeurs plus fluides, atténuent les-folides : les
os, plongés dans une liqueur acide, deviennent
plus mous & plus flexibles. On comprend parmi
les acides, le vinaigre, l’ofeille, l’épine-vinère ,
les grofeilles, les ce r ife s le s citrons, &c. ; iis
conviennent dans la difpolïtion au fcorbut, dans
les fièvres putrides, bilieufes, la chaleur extrême,
la foif immodérée : leur, excès énerve la bile ,
s’oppofe à la digeftion , maigrit, rend le corps
froid, conduit à la cachexie, aux pâleurs, aux
aigreurs , au défaut d’appétit, &c.
Les Talés, la foude, les différentes plantes maritimes
, de même que les. viandes Talées , irritent Iss
folides , rappellent -l’appétit,.raniment les excrétions;
Üs pénètrentils échauffent, ils détergent ;
mais leur excès difpofe à la- djffolution fcorbuti-
que , aux douleurs .de rhumatifme , aux ulcères ;
enroidît les fibres-, entraîne le mucus des conduits
urinaires, procure , furtout aux vieillards , des
ardeurs d’-urine-
Les âcres.font incififs 8c corrofifs ;.ils irritent,
ils échauffent, ils brûlent, ils. agi'ffent fouveni
comme des pôifons, ils rappellent avec violence
les excrétions, telles que les Tueurs , les urines,
les déjeétions, 8c c. On compte parmi eux dés
purgatifs ? des fudorifiques , des diurétiques, des
emménagôgues : appliqués à l’extérieur, ils rou-
giflent ou entament la peau , diflipent 8c réfolvent
les tumeurs froides..On met dans, cette claffe l’arum,
le pyrethre, les euphorbes, le poivre, le
gingembre, la rue, la moutarde, le raifort fan-
vage , le cochléaria, l’ail, le porreau , l’oignon,
lafcille, &c. Cette dernière eft furtout très-recommandée
dans l’hydropifie , l’afthme humide.
Les.âcres ont d’abord peu de faveur, mais après
un peu de tems ils brûlent la bouche. Certaines
plantes charnues perdent leur acrimonie par l'ex-
liccation, la trituration dans l’eau, 8c, réduites alors
à la feule partie amilacée , elles deviennent nour-
riffantes; mais, dans leur état d'acrimonie, il eft
rare qu’on s’en ferve comme aliment. La moutarde,
le raifort, l’ail, font feulement employés comme
affaifonnement, & ceux qui en abufent s’expofent
à avoir le velouté de l'eftomac corrodé ; ce qui
ralentit la digeftion, deffèche, maigrit, augmente
les aigreurs des mélancoliques : leur ufage ne peut
convenir qu’aux eitomacs froids, aux tempéramens
flegmatiques, encore doit-il être modéré.
Les amers, la rhubarbe, le quinquina , la gentiane
, la camomille , l’abfinthe , fortifient les folides,
raniment les digeftions,diflipent les naufées,
les aigreurs ; fuppléent au défaut ae bile , réfiftent
à la putridité : on s’en fert dans les foibleffes d’ef-
t-omac, la cachexie, les pâleurs3 la goutte, les
fièvres intermittentes. On lès emploie extérieurement
pour ariêter les progrès de la gangrène :
ils ne deviennent point aliment ; ils répugnent à
la nature, 8c, fi l’on en continue trop iong-tems
l’ufage, ils maigriffent, ils échauffent, ils irritent,
ils procurent des fièvres qui font même de nature
putride; ils paroiffent ainfi receler quelque choie
de venimeux.
Les auftères ou ftiptiques re Serrent la bouche
de ceux qui les mangent ; tels font les fruits avant
leur maturité, le cachou, la tormentiile, la bif-
torte,la noix de galle, les ..olives, la racine de
fr'aifier, &c. ; ils échauffent, ils refferrent, ils
fortifient, ils appaifent le flux de ventre , ils ont
les mêmes effets que les fecs, fi ce n’eft qu’ils
conflipent davantage : on n’en abufe point comme
alimens ;• car il n’y a guère que les olives qui
fervent en cette qualité, mais.comme remèdes: ils
exigent de grandes précautions. Ils peuvent arrêter.
des fécrétions qu’il convenoit d’entretenir,
s’oppofer à une dépuration utile, &c.
Telles font les faveurs fimples : celle que î’on
peut nommer naufeufe 3 par le défagrément extrême
qui y eft attaché, eft ordinairement plus ou moins
compofée , furtout il eft rare qu’elle Toit fans
odeur. Les plantes de cette efpèce font des remèdes
très-aélifs ou des poifons.
Quoique le principe favoureux ait une grande
aétion fur nos organes, on obferve cependant que
des plantes de même goût peuvent produire des
effets très-contraires ; ce qui provient le plus fou-
vent de ce qu’elles diffèrent par l’odeur'. L’aètion
de ces deux principes eft très-différente : le favoureux
?«ït fur nos vaiffeaux & fur nos humeurs,
mais non fur nos nerfs; l’odorant agit direélement
fur les nerfs, & ce n’eft que par leur moyen qu’il
peut changer le mouvement ou I etat de nos liqueurs.
Que l’on vive de fubftances douces ou
âcres , acides ou amères, 'vifqueufes ou Talées,
graffes ou ftiptiques , aqueufes ou fèches, il n’en
réfui ter a aucune variation dans la manière de pen-
fer ; mais le contraire arrivera fi l’on fait ufage
ou fi l’on abufe des odorans, des fpirirueux; ce
qui prouve la préférence que mérite ce dernier
genre de remède dans les maladies qui intéreffent
lé fyftème des nerfs. L’effet du principe favoureux
eft plus tardif, mais plus confiant; celui du principe
odorant eft plus prompt, mais paffager : le
dernier augmente néanmoins beaucoup I’aéïion de
l’autre; un demi-gros de rhubarbe, réuni.à quel-
qu’aromate, agit plus qu’un gros de cette racine.
Les fébrifuges, les diurétiques, les fudorifiques,
ont une aélion plus marquée lorfqu’on les réunit
aux fubftances odorantes; la nature a même donné
de l’odeur à c^ux de ces remèdes qui font le plus
efficaces,; ils tempèrent les qualités corrofîves des
acres , qui échauffent Amplement fans corroder ,
lorfqu’ils font en même tems aromatiques. La
volatilité du principe odorant fait qu’il eft peu
confiant dans les plantes qui perdent aifément
leur odeur , tandis qu’elles confervent prefque
toujours, au moins en partie, la faveur qui leur
eft propre.
On reconnoît différentes efpèces d’odeurs :
1°. L odeur agr éable (plants, flagrantes}, telles :
que les fleurs de tilleul, de.lys, de:.jaimin., de:giroflée,
de tubéreufe , 8cc. ; elle ranime- les merfs:
relâchés & affoiblis.
1°. L’odeur aromatique (plants, aromatics.) ; la
canelle, le laurier, le camphre,Je girofle, Langé-:
|ique4 &c. Les aromates font nervins 8c toniques ;
ils raniment l’aétion des nerfs, & accélèrent le-
mouvement de nos Liqueurs.
5 • L odeur d’ambre (plants ambrofiacs') ; le
mufe, la civète , l’ambrète, la mauve mufquée,
1 afpérule odorante, 8cc. raniment la circulation,
mars fans détruire les obftacles qui peuvent s’oppofer
au libre cours des humeurs : de là vient
qu’ils fuffoqnent prefque les vaporeux 8c les pléto-
riques, & que l’abus de ces odeurs difpofe aux
affeélions foporeufes.
4°- L’odeur d’ail (plants alliacés) ; l’ail, le porreau,
l’ôignon -, l’alliaire , le feordium , le thlafpi,
l’affafétidà, le petiveria , 8cc. ; toutes ces plantes
raniment la tranfpiration, diflipent les vents, rendent
le xorps1 moins fufceptible de la contagion.
Les aneiens fe fêrvoient du lafér 8c de râffafctida
pour aflaifonnement', comme nous nous fervons-
aujourd'hui déTâil 8c de-l’ôignon.
5°. L'odeur vireufe-f te tr i h virofs^ ; l’opium,
le chanvre, l'hièble, l’heibe de Saint-Chrif-
■ tôphe , la morelle, la fleur du noyer, la jufquiame,
8cc. Ces plantes font flupéfiantes : en les appliquant
extérieurement, elles font répereuffives ;
intérieurement, elles calment, elles affoupiffent
8c provoquent la Tueur.
6°. L’odeur ingrate .(plants naufeofs); lé cabaret,
l’hellébore noir & blanc, la coloquinte, 8cc.
Ces plantes mettent les nerfs dans un état convulfif,
qui ne ceffe que lorfque leurs particules nujfibles
font entièrement expulfées par le vomiffement,
les déjeélions , l’éternuement, les Tueurs, les
urines, 8ce. L’effort que la nature fait pour s’en
délivrer .les rend des remèdes très - aélifs. Quelques
plantes réunifient à cette odeur le principe
aromatique. La menthe, par cette raifon , eft ner-
vine 8c emmënagogue.
Le principe odorant ne peut fervir que comme
remède ou comme affaifonnement; car les plantes
nourrïffantes- n’ont qu’une faveur douce , fans
odeur , tandis que celles qui font dénuées de
vertu n’ont ni odeu: ni faveur.
La.couleur peut encore fervir à faire connoître
la propriété des plantes. Le blanc défigne la douceur
, comme on peut en juger par les grofeilles
blanches, la pomme douce , la plupart des -prunes
blanches. Le vert indique ordinairement la crudité;
c’ett la couleur des fruits qui ne font pas murs. Le.;
jaune annonce l'amertume.: la.gentiane , l’aloès -, ;
la chélidoine, en fourniffent des exemples. Le roux
: ou brun indique un âpre aftringent. Le rouge défigne
l’acidité; c'eft la faveur de la grofeilie, de
l’épine-vinète. Enfin, le noir annonce une faveur
défagréable, &.fouvent veniuieufe; c’eft la couleur
des fruits de la bella-dona, de la faint-chrif-
tophe.
Ces règles fouffrent néanmoins bien des exceptions
ainfi les baies de quelques bruyères font,
noires , fans être veuimeufes; le caflîs eft dans le
même cas : mais ces fruits font peu agréables. La
reine-claude eft de couleur verte, quoique très- '
douce & très-mûre. Il convient donc ds réunir
tous les moyens d’apprécier les vertus des plantes,
& furtout de confulter l’analyfe chimique.
L’analyfe chimique, en féparant les principes
des plantes, en rapprochant leurs parties agiffantes
fous un moindre volume, contribue beaucoup 4
faire reconnoître leurs vertus.
Par la diftillation à un feu très- doux , on peut
dégager les parties lès-plus volatiles des végétaux
fans les dénaturer. C’eft la feule à laquelle on doive
avoir recours; car la diftillation à grand feu a paru ,
au moins jufqu’à préfent, altérer à un tel point les
principes des plantes ^ que"celles dont les pi oprié- •
tés font les plus oppofées , donnent les mêmes?
produits.
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