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en dehors, couvrent l ’ovaire entièrement,lequel
le convertit en un fruit court, turbiné , obtus,
anguleux, & fe divife, comme la plupart des ombelles
, en deux femences planes en dedans convexes
& anguleufes en dehors.
Cette plante croît naturellement dans les îles
Canaries. On la cultive dans plufîeurs jardins
d Europe. Elle conferve pendant toute l’année
fes feuilles, dont le luftre & la verdure produisent
pendant l'hiver un effet affez agréable. Ses fleurs
paroiffent au printems. Elle exige une expofition
favorable qui la mette à l’abri des froids & des
gelées. ( F . f . )
< PO IR E T . )
„ PH YTO LAC CA . Phytolacca. Genre de plantes
a fleurs incomplètes, de la famille des arroches,
qui a quelques rapports avec les rivinia, & qui
comprend des fous-arbriffeaux ou des herbes exotiques
à l’Europe, dont les fleurs font difpofées
en épis oppofés aux feuilles, rarement axillaires j
les feuilles entières , fouvent calleufes à leur
fommet.
Le caractère eflentiel de ce genre eft d’avoir :
Un calice colore 3 perfijlant 3 à cinq divifions ;
point de corolle ; une laie fupérieure 3 orbiculaire , à
plrj.enrspUons 3 a placeurs loges . contenant chacune
une femence.
C a r a c t è r e g i t i t R 1 q u e.
Chaque fleur offre :
É l0- un Calice inférieur coloré, perftftant, à
cinq divtftons concaves, prefque rondes, ouver-
to s , réfléchies en dedans a leur foinmer*
1°. Point de corolle.
3°* H u it, dix Scmême vingt étamines , dont les
filamens font fubules, de la longueur du calice
terminés par des anthères arrondies & latérales. ’
4“. Un ovaire orbiculaire, déprimé, divifé en
plufîeurs côtes à fon contour, furmonté de huit
ou dix ftyles très-courts, ouverts, réfléchis, terminés
par des ftigmates Amples & perflftans.
Le fruit tü une baie orbiculaire, comprimée
tant en deflus qu'en deflous, marquée longitudinalement
de huit à dix Allons profonds , divifée
en autant de loges couronnées par les piftils, contenant
chacune une femence glabre , folitaire
rénirorme. *
Ohferyations. Ce genre donne lieu à deux obfer-
vations importantes } la première confïfle dans les
rapports A nombreux des efpèces entr’elles, que
deux ou trois exceptées, lesautres pourraient être
prefque regardées comme des variétés-, ne diflfé-
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rant entr’elles que par le nombre des parties de
la fructification, furcout par celui des étamines &
uS Port y entre auflî pour quelque
chofe, ainfi que la durée de leur exiftence. La fécondé
obfervation porte fur la conftitution même
du genre, qui eft fi naturel, qu’il feroit impoflible
au fubtil génie des fabricateurs de genres d’en
*:e.tr.a?cher une P^ule efpèce, ou d’en trouver qui
militât avec un autre genre. Même forme dans les
feuilles entières, alternes , -glabres, ovales ou
alongées, prefque feflîles, terminées par une petite
pointe calleufèj même difpofition dans les
fleurs réunies en un épi long, cylindrique, fur
lequel ces mêmes fleurs fon t, ou feflîles , ou pé-
doncule'es, munies chacune de petites bradées
a leur bafe.
E s p è c e s .
i . Phytolacca à dix étamines. Phytolacca de-
candra. Linn.
Phytolacca jîoribus decandris, decagynis. Linn.
Spec. Plant, vol. 1. pag. 6 3 1 .— Hort. Cliff. 177.
■ ~'Hort. Upf. 117. — Grom Virgin. 161. — Roy.
Lugd. Bat. 222. — Mater, medic. 1 18 .-— Duroi.
Harbk. 2. pag. 7. — Miller. Illuftr. Ic. — Blackw.
tab .^ r j. — Bergeret. Phytogr. 2. pag. i6 y .—
Desfont. Flor. atl. vol. 1. pag. 369. — Willden.
Spec. Plant, vol. 2. pag. 822. n°. 4. — Lam. Illuftr.
Gener. tab. 393. fig.
Phytolacca vulgaris. Dillen. Eltham. pag. 318.
tab. 239. fig. 309. — Miller. DiCt. n°. 1.
Solanum racemofum , americanum. Pluk. Almag.
3J 3. tah. 11$. fig. 3. Mala.
Phytolacca Jîoribus petiolatis , decemfidis. Hall.
Helv. n°. 1007.
Vulgairement raifiti <£Amérique ou laque.
Cette plante a de très-fortes racines épaifles,
charnues, divifées en plufîeurs groffes fibres de
même nature , & qui s’enfoncent profondément
en terre. Il s’en élève plufîeurs tiges herbacées ,
très-glabres , ftriées, hautes de fix à fept pieds »
fouvent de couleur purpurine i divifées en rameaux
dichotomes à leur partie fupérieure, garnis
de feuilles fimples, grandes, molles, alternes,
ovales, aiguës, très-entières, un peu ondulées à
leurs bords , terminées par une pointe calleufe,
longues de quatre à cinq pouces, fur environ un
pouce & demi de largeur : leur pétiole n’a guère
que deux ou trois lignes de long.
Les fleurs font difpofées en épis folitairès, Amples
, longs d’environ fix pouces oppofées aux
feuilles, portées fur un pédoncule commun , fortement
ftrié. Chacune d’elles a un calice coloré-,
d’un blanc jaunâtre ou de couleur pourpre, à cinq
divifions ovales, obtufes, recourbées en dedans
à leur fommet. Les étamines, au nombre de dix,
font, ou de même Longueur, ou même un peu p’us
longues que le calice. L’ovaire eft fupérieur, muni
jie dix ftyles très-courts. Le fruit confifte en une
baie d’un noir bleuâtre, compofée de dix à douze
loges relevées en boffe, & difpofées cirèulaire-
ment, contenant des femences à demi-orbiculai-
r e s , & attachées à un réceptacle central. Les
pédoncules particuliers font longs d’environ trois
lignes, fimples, épars, ouverts, munis à leur bafe
de petites bradées fubülées.
Cette "plante eft originaire de l’Amérique fep-
•tentrionale , particuliérement de la Virginie. Elle
croît aujourd’hui naturellement en Efpagne, en
Portugal, en Barbarie & même en France. Il eft
a préfumer qu’elle s ’eft naturalisée dans ces dernières
contrées, depuis l’époque de fa découverte
& de fa culture en Europe. ^ ( V, v. )
Les habitans de l ’Amérique, d’après Parkinfon,
font ufage du fuc de la racine comme d’ un purgatif
ordinaire. Deux cueillerées de ce fuc pro-
duifent beaucoup d’effet. Les habitans du nord de
l ’Amérique font bouillir les jeunes rejetons de
cette plante, & les mangent en guife d’épinards.
Le jus des baies produit une belle couleur pourpre,
qui feroit très-précieufe dans la teinture fi
l’ on pouvoit trouver le moyen de la fixer 5 mais
elle paffe très-vîte. En Portugal, les vignerons
ont fait ufage, pendant plufîeurs années , de ces
mêmes baies en les mêlant avec le vin rouge, pour
lui donner une couleur plus foncée j mais elles le
rendent d’un goût défagréable j c’ eft ce qui a déterminé
le roi de Portugal, fur les plaintes qui lui
en ont été faites, à ordonner de couper & détruire
les tiges de phytolacca avant la maturité des baies,
afin de rétablir la réputation des vins de ee pays.
2. Phytolacca a huit étamines. Phytolacca
odtandra. Linn.
Phytolacca jîoribus oëlandris , ociogynis. Linn.
Spec. Plant, vol. 1. p. 631. — Willd. Spec. Plant,
vol. 2. p. 822. n°. 1.
Phytolacca mexicana , baccis fejjilibus. Dill. Elth.
p. 218. tab. 239 & 308. — Mill. Did. n°. 2.
lamma goba. Koempf. Araoen. Exot. pag. 828.
tab. 829. '
Cette efpèce diffère de la précédente en ce
qu’elle eft moins haute, que fes fleurs font prefque
feflîles fur le pédoncule commun qui les réunit,
& que les pétioles font plus longs.
Ses tiges font droites , cannelées , glabres,
hautes de deux ou trois pieds , divifées versdeur
fommet en quelques rameaux courts , garnis de
feuilles ovales-lancéolées , ,d'un vert clair, longues
d’environ fix pouces, fur deux au moins de
large j traversées dans leur milieu par une côte
forte & Taillante , jaunâtre , & qui fe ramifie en
nervures fimples & tranfverfes. Les pétioles ont au
moins un pouce de long.
Les fleurs forment un épi d ro it , long de fix
pouces, oppofé aux feuilles : ces fleurs font de
couleur jaunâtre ou blanches, ou tirant un peu fur
le pourpre j elles font feflîles ou prefque feffiles ,
très - rapprochées. Le calice eft plane , prefque
point concave : on y compte huit étamines à peine
de la longueur du calice , & huit ftigmates très-
courts, perfiftans. Les baies font d’ un noir rougeâtre
, aplaties, divifées en dix rainures ou dix
côtes profondes, qui forment autant de loges, contenant
chacune une femence. Les bradées font
étroites, lancéolées, prefqu’auffi longues que les
fleurs.
Cette plante croît naturellement au Mexique.
Elle eft cultivée dans plufîeurs jardins de l’Europe ,
où elle fleurit dans le courant de l ’été : fes femences
mûriffent vers la fin de l’automne. ^ ( K. v. )
3. Phytolacca à fept étamines. Phytolacca
heptandra. Retz.
Phytolacca jîoribus heptandris , kexagynis y foliis
lanceolatis. Retz. Obferv. 6. p. 29.
Phytolacca ( ftrida ) , jîoribus oftandris , hepta-
gynis y foliis lanceolatis , mucronatis. Hoffm. Com.
Goett. 12. p. 27. tab. 3. — Willd. Spec. Plant,
vol. 2. p. 822. n°. 2.
Cette efpèce eft remarquable par fes feuillesplus
étroites & plus fermes que dans les efpèces précédentes
, par fes fleurs qui ne contiennent que fept
ou huit étamines & autant de piftils, & par fes
baies plus comprimées.
Ses tiges font glabres , jaunâtres , cannelées ,
munies de feuilles alternes, lancéolées, rétrécies
à leurs deux extrémités, longues de trois à quatre
pouces , larges de douze à quinze lignes, entiè-r
res , aiguës, mucronées, d'un vert jaunâtre, fermes
, plus pâles en deffous, portées fur des pé-r
tioles longs au moins d’ un pouce.
Les fleurs forment des épis courts , ferrés , oppofés
aux feuilles. Elles font prefque feflîles , mu^
nies chacune à leur bafe de bradées prefque l i néaires,
aaflî longues que les calices : ces derniers
font teints de pourpre, à cinq divifions obtufes ,
courbées en dedans à leur fommet. Les étamines
varient de fept à h u i t , ainfi que les piftils. Les
fruits font très - comprimés , compofés de fept à
huit côtes, dont l’intervalle eft marqué par un Gllon
large & profond, d’un noir bleuâtre. Il règne
fouvent à la circonférence de ces fruits une nrem-
brane courte, fort tranchante.
Cette plante croît dans l’Amérique. Elle eft cultivée
au Jarûin des Plantes de Paris. ^ ( V .v .)
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