
radicule tranfmet alors immédiatement à la petite
tige ; ils fe detTèchent, & périflfent. Les feuilles
féminales, qui n'ont aufli qu'un Ufage momentané,
éprouvent le même fort.
» Les végétaux ne confervent leur exiftence ,
pendant qu'elle a lieu , que parce qu’ils ont la faculté
de fe nourrir, c’eft-à-dîre, de pomper par
leurs racines, & d'abforber par les pores de leurs
parties plongées dans l'a ir, des matières qui leur
fervent dalimens; que parce qu'ils peuvent, avec
ces matières, former des combinaifons particulières
qu'ils aflimilent à leur propre fubftance, &
qu'ils emploient ces combinaifons d'abord à développer
leurs parties & enfuite à réparer leurs
pertes.
>* On fait que tout développement ne peut s'opérer
que par nutrition 5 que la nutrition n'eft que
l'aflimilation de matières étrangères , changées
par l'aélion organique en la propre fubftance de
l'individu qui en eft nourri ; qu’enftn ces change-
mens, cette affîmilation & la fixation des matières
ailîmiîées ne peuvent être opérés que par le mouvement
& l'aétion foutenue des organes de l'in-
-dividu qui en jouit.
» Ainfi le premier a&e de végétation d’ une
plante, comme nous venons de le d ire , eft celui
de fa germination, & les effets de cette végétation
continuée font la nutrition du végétal, fon
accroiffement & le développement des organes
propres à le reproduire ou à multiplier fon efpèce.
» On peut donc confidérer un végétal comme
un corps vivant, plongé dansvdeux milieux fort
différens l’un de l'autre ; favoir : dans la terre qui
reçoit fes racines avec toutes les ramifications qui
en dépendent, & dans l’air qui environne la tige,
les rameaux & les feuilles de ce végétal, en forte
qu’on peut regarder ce même végétal comme
planté en même téms dans la terre & dans l'air ;
■ dans la terre, par fa racine & fes dépendances i
dans l’air, par fa tige -&-fes ramifications. L'eau,
pour certaines plantes, tient lieu de l'un ou de
l’autre des deux milieux environnans j mais les
végétaux qui font dans ce cas compofent le plus
petit nombre.
s> La végétation ne s'opère que par les fuites
d'un mouvement foutènu dans les fluides du végétal
5- mouvement d’ofcillation qui fait que, dans
certains tems, ces fluides montent dans le végétal,
tandis -que dans d’autres ils defcendent. O r , ce
mouvement particulier des fluides d’un végétal
paroît être uniquement entretenu par l’ influence
de certaines matières extérieures tres-fubtiles, qui
agiflent fur lui avec des interruptions alternatives.
« En e ffet, demou vement des fluides dans les
végétaux, ne pouvant pas réfulter de l'irritabilité
& de, la contraction :bes folides, paroît être uniquement
entretenu par l'a&ion alternative de U
lumière & du calorique que les- jours, qui fuc-
cèdent continuellement aux nuits & celles-ci aux
jours, entretiennent au moins à travers l'un des
deux milieux dans lefquels chaque végétal eft en
partie plongé. Il en rélulte que les abforptlons des
matières nutritives, pompées par les racines &
par les pores abforbans des feuilles & des rameaux,
& que les exhalations des parties fuperflues, re-
jetees ou dilfipées par les pores exhalans des
feuilles, font alternatives dans chacun des deux
milieux environnans, & s'exécutent en fens contraire
dans"les deux dont il s’agit.
» Tout mouvement organique eft donc ici l'effet
d'agens extérieurs (d é la lumière, du calorique,
de la matière éle&rique, concurrement avec l'humidité
des milieux environnans), dont quelques-
uns , dans leur aélion, éprouvent des interruptions
plus ou moins régulières, & excitent des
mouvemens divers & alternatifs parmi les fluides
du végétal : au contraire, dans les animaux tout
mouvement organique réfulte d’organes propres
au fentiment & au mouvement, & de moteurs
intérieurs qui font partie de l'animal même.
w C ’eft pendant le jour que les racines font leur
fuccion, la chaleur dilatant alors les fucs contenus
dans les autres parties de la plante, & produifant
une grande évaporation par la tranfpiration des
jeunes rameaux & des feuilles : de même c'eft
furtout pendant la nuit que les feuilles pompent
dans.l'atmofphère les gaz & les vapeurs humides
qu'elles y trouvent, & qu’elles abforbent, principalement
par leur partie inférieure, la fupérieure,
fervant plus particuliérement à leur tranfpiration
& à l’exhaiation de l'air pur qu'elles rendent pendant
le jour.
» La chaleur eft fi utile, fi néceffaire, même
dans la végétation , que l’hiver, où dans nos climats
elle eft extrêmement foible, la végétation
paroît totalement fufpendue, en forte qu'un grand
nombre de végétaux femblent morts. En effet ,
alors beaucoup de plantes, comme quantité d’ arbres,
d'arbriffeaux & de fous-arbri(féaux, perdent
ieurs feuilles, & beaucoup d'autres, comme les
plantes herbacées, à racines vivaces, perdent
même leurs tiges. Néanmoirs tout mouvement des
fluides de ces végétaux n'eft pas entièrement fuf-
pendu dans ces circonftances, & il y a des faits
qui prouvent qu'il en exifte encore : malgré cela
la chaleur des milieux environnans eft tellement
le principal moteur, & peut-être même le feul
qui aétive la végétation, que tout végétal, s’ il ne
périt pas, languit lorfqu'elle eft très-foible î on
petit même afturer que tout être vivant périroit
bientôt s’ il pouvoit exifter un inftant où , dans
quelque partie de notre globle, la chaleur fût tout-
à-fait nulle.
m La chaleur n’eft pas le feul moyen que la
nature
nature exige pour entretenir & aviver la végétation
j car l'obfervation conftate que la végétation
ne peut fubfifter fans le concours des quatre caufes
(Vivantes, produifant toutes les quatre enfemble
leur influence. Ainfi:
m C haleur, Lumière, Air atmosphérique,
Humidité : -
» Sont des fubftances qui, agiffant chacune dans
de certaines proportions, conftituent par leur réunion
, la caufe la plus favorable à la végétation de
chaque plante. Dès que l’une d’elles diminue la proportion
de fon influence, la végétation en fouffre
bientôt i elle cefleroic peut - être de fubfifter fi
cette influence manquoit totalement. Ce qu’il y a
de certain, c ’eft que l’ influence ifolée de chacune
de ces fubftances, & même celle du concours de
deux d’entr’elles, les deux autres manquant entièrement
, font des circonftances incapables d’entretenir
la végétation. »>
§ . V . Des principaux organes des végétaux.
Les végétaux, ainfi que les autres êtres vivans,
font compofés effentiellement de parties folides &
de parties fluides. Cela ne pouvoit être autrement j
car la vie ou le mouvement organique ne peut exifter
que par des relations , au moins paflîves, entre des
folides & des fluides, mais mis en mouvement par
une ou plufieurs caufes. On fait que l’a&ivité qui
en réfulte, eft provoquée par une caufe interne,
dans les animaux ( par l’irritabilité qui eft propre
aux fibres animales, & de laquelle naiffent les contractions
alternatives du coeur & des artères, &
par fuite les mouvemens des fluides efTe^tiels ) j
mais dans les végétaux, qui n’ont aucune partie
fenfible & irritable, l’activité dont il s’agit ne peut
être provoquée que par une eau fe externe, comme
par les variations alternatives dans la température
des milieux environnans, ainfi que nous l'avons dit
plus haut.
O r , c’eft de cette relation aétive des folides
avec les fluides, provoquée & entretenue dans les
végétaux par des caufes externes , variables, &
dont le calorique & la lumière font les principales,
que réfui te le mouvement organique qui conftitue
la vie a&ive du végétal, & d’où proviennent les
changemens continuels qui s’obfervent dans toutes
les parties de cet être.
Les parties folides des végétaux préfentent des
fibres^ , des utricules &T des efpèces de vaiffeaux'. Les
parties fluides font des liqueurs de différentes fortes
, contenues dans les utricules & les vaisseaux
de ces êtres vivans.
Les Fibres font des filets flexibles infiniment
déliés, imperceptibles à caufe de leur extrême ténuité,
& compofées de molécules végétales , rau-
cilagineufes & ligneufes ou folides , difpofées en
Botanique. Tome V
férié linéaire cohérentes.entr’elles par l’intermède
d’un gluten végétal qui les unit. Ces fibres
élémentaires font réunies ou ralfemblées par faif-
ceaux qui deviennent alors perceptibles à nos fens.
Ce font ces faifeeaux de fibres, aont nous prenons
les plus grêles pour des fibres (impies, que nous
obfervons dans les parties des plantes, & dont
les uns font longitudinaux & les autres tranfverfes.
On peut donner à ces faifeeaux le nom de fibres
compofées ou fibres organiques.
Les fibres organiques longitudinales ferpentent
& fe croifent légérément entr’elles, de manière à
former entre leurs croiffemens des mailles plus ou
moins alongées, félon le degré de parallélifme de
ces fibres.
Celles qui font tranfverfes, font en général les
plus rare$ y elles fe croifent fans doute auffi dans
leur direction, & laiflent, dans le réfeau qu’elles
forment, des mailles plus ou moins grandes, dont
la conformation eft relative à- celle de leur croi-
fement.
Les fibres, foit longitudinales, foit tranfverfes,
font gélatineufes dans leur première origine, prennent
enfuite la confiftance herbacée, & avec le
tems elles adhèrent entr’elles , fe durcilfent de plus
en plus, acquièrent d’autant plus de roideur & de
ténacité , & deviennent enfin ligneufes. On fent
que ce changement ne leur arrive que parce que
les molécules végétales agglutinées qui les conftituent
, ont elles-mêmes changé petit a petit de nature
, en forte qu’étant formées d’un mélange intime
de molécules, les unes ligneufes, les autres
mudlagineufes, la proportion de celles-ci a diminué
graduellement, & même chacune de ces
! molécules mucilagineufes primaires , par des déperditions
de principes ( d’air & d’ea .1 fans doute).
Ces fibres, devenues ligneufes, ajoute Lamarck,
font alors infolubles dans l’eau bouillante j ce qui
prouve que ce n’eft pas feulement l’effetd’un (impie
reflferrement de leurs parties, qui les a rendues
roi des, dures & tenaces ; mais que c’eft en même
tems l’ effet d1 un principe fixe j de plusen plus abondant
, dépofé & placé par Ianutrition à mefure que
les principes volatils fe font dégagés & dillipës par
les pertes.
Les Utricules font des véficules rnembraneufes
& nombreufes qui fe communiquent par les points
ou elles fe touchent, qui font placées dans les
mailles du réfeau que formenr les fibres, & qui
conftituent avec ces fibres le tilfu véficulaire du
végétal, tiffu auquel on donne ordinairement le
nom; de parenchyme. ( Voye^_ ce mot. )
Peut-être que les membranes végétales qui forment
les utricules, font compofées d'un affemblage
de fibres difpofées convenablement à cet objet. Il
eft poffible néanmoins que les molécules,végétales
au lieu d'être partout agglutinées en. fériés linéat.-
F f f