
PEUMO. Peumus. Genre de plantes à fleurs
complètes, polypétalées , qui paroît appartenir
a la famille des nerpruns , & avoir des rapports
avec les rubcntiaj Juif. Il comprend des arbres exotiques
à l'Europe, dont les feuilles font alternes,
rarement oppofées.
Le caractère eflfentiel de ce genre conlifte dans :
Un calice inférieur , à fix divifions y une corolle à
fix pétales, un drupe a une feule femcncc.
C a r a c t è r e g é n é r i q u e .
Chaque fleur offre :
I *. Un calice inférieur, à fix divifions oblongues.
1 ° . Une corolle compofée de fix pétales pref-
qu'arrondis, plus courts que le calice.
f - s ix étamines, dont les filamens font fubulés,
de la longueur du calice, & terminés par des anthères
jaunâtres & fagittées.
4*. Un ovaire fupérieur prefqu'arrondi, fur-
monté d'un ftyle qui s'épaiifit infenfiblement vers
fon fommet, & fe termine par un fligmate comprimé
obliquement.
Le fruit confifle en un drupe de la forme &
prefque de la groffeur d’une olive , un peu plus
petit, contenant un noyau plus ou moins dur.
Ohfervations. Molina, qui a établi ce genre pour
plufieurs arbres qu'il a rencontrés dans le Chili ,
dit que ce genre contient quatre efpèces bien dif-
tinâes & un grand nombre de variétés j que ces
efpèces fe reffemblent en ce qu'elles font toutes
d'une hauteur confidérable, chargées de feuilles
perfiftantés & aromatiques. Les fruits font comme
des olives, maistin peu plus petits, ayant un novau
plus ou moins dur, félon l'efpèce. Les fleurs font
ou blanches, ou de couleur 'de rofe, à fix pétales
plus courts que le calice.
Les fruits des trois premières efpèces fe mangent.
Pour cet effet, il faut fe borner à les tremper
dans l’eau tiède. Un plus fort degré de chaleur
les brûleroit & les rendroit amers. La pulpe
intérieure du fruit eft blanche, butyreufe, & d'un
goût agréable. Le noyau contient beaucoup d'huile,
qui pourroit être avantageufement employée. L’ écorce
de ces arbres fertdansla teinture, ainfi que
pour tanner les cuirs.
Peumo eft le nom que les habitans du Chili donnent
aux arbres dont nous venons de parler. Molina
en diftingue quatre efpèces que nous allons
préfénter d’après lui.
E s p È C E S.
l, Peumo à fruits rouges. Peumus rubra.
Peumus foliis altérais t petiolatis, ovalibus , in-
tegerrimis. Molina. Hift. du Chili, édit, franc, pag.
mm
Cet arbre, tres-elevé , a fes rameaux garnis de
feuilles alternes, pétiolées , ovales, dentées à
leurs bords, très-entières, grandes comme celles
du charme. Les fruits font ovales & d'une belle
couleur rouge. On rencontre cette efpèce au Chili,
ainfi que les fuivantes.
2. Peumo à fruits blancs. Peumus alba.
Peumus foliis altérais, petiolatis, ovalibus , den-
tatis. Molin. Hit!, du C h ili, éd. franç. pag. 160.
Cet arbre ne paroît différer du précédent que
i Pai fes feuilles dentées, & non entières à leurs
bords : elles font alternes, pétiolées, ovales. Les
fruits font blancs. Elle croît au Chili. T>
3* Peumo à fruits à mamelons. Peumus mam-
mofa.
Peumus foliis altérais , fejjilibus , cordatis 3 inteu
gerrimis. Molin. Hift. du Chili, édit. fr. pag. 160.
Cet arbre, non moins élevé que les précédens,
a des feuilles alternes , feflîles , très-entières à
.eurs bords & en forme de coeur. Le fruit eft
ovale, & terminé à fon fommet par une forte de
mamelon. Il croît au Chili, "fy
4. Peumo à feuilles oppofées. Peumus baldus.
v‘ Peumus foliis oppofjtis, petiolatis , ovalibus, fub-
tusvillofts. Molin. Hift. duChil. pag. 160. édit. fr.
On diftingue cette efpèce des précédentes à fes
feuilles oppofées, alternes dans les autres} elles
font encore pétiolées, ovales, velues à leur face
inférieure, longues d'environ quatre pouces, d'un
vert obfcur. Les fruits font plus petits que ceux
des autres efpèces, & prefque ronds. Le noyau en
eft fi dur, que Von en fait des chapelets. Le nom
de baldo a été donné à ce fruit par les habitans du
C hili, parce qu’ils emploient fa coque pour parfumer
les tonneaux dans lefquels ils mettent leur
vin. On rencontre cette plante au Chili. 5
( PoiRET. )
; PEUPLIER. Popûlus. Genre de plantes à fleurs
incomplètes & dioïques, de la famille des amefr-
tacées, qui a quelques rapports avec les fàules ,
qui comprend des arbres tant indigènes qu'exotiques
à l’Europe, garnis pour la pluparrde feuiV
les en coeur, prefque triangulaires, dont les pétioles
font comprimés latéralement, & garnis de
deux glandes} des boutons à fleurs, écailleux,
gommeux , plus précoces que les feuilles, & d'où
fortent dés chatons cylindriques, alongés, entourés
à leur bafe par les écailles des boutons.
Le caractère eflfentiel de ce genre eft d'avoir :
Des fleurs monoïques ou dioïques. Dans les fleurs
mâles , un chaton cylindrique compofé £ écailles dentées
ou laciniées a leur fommet , un calice tabule
tronqué obliquement ,* point de corolle ,■ de huit a trente
étamines y des anthères ci deux lobes. Dans les fleurs
femelles , un ftyle très-court- ou prefque nul ; quatre
ftigmates y une capfuie oblongue, à une loge, à deux
valves polyfpermes j des femences^aigrettées.
C a r a c t è r e g é n é r i q u e .
• Les fleurs mâles offrent :
i° . Un calice formé par un chaton cylindrique,
alongé, compofé d'écailles laciniées ou dentees à
leur fommet, planes, oblongues, uniflores.
2°. Point de corolle. Linné regarde comme tel
un tube très-court, urcéolé, coupé obliquement
à fon orifice en un limbe ovale} ailleurs il l’appelle
neCtaire. C'eft la corolle, félon Juflieu.
3°. De huit à trente étamines , dont les filamens,
extrêmement courts, font terminés par des anthères
tétragones, bilobées, très-groffes.
Les fleurs femelles offrent :
i° . Un calice & une corolle comme dansleS fleurs
fraies.
2°. Un.ovaire ovale, acuminé, dont le ftyle eft
prefque nul ; un ftigmate partagé en quatre.
Le fruit eft une capfule ovale, à deux loges, à
deux valves qui fe réftéchiffent en dehors. Elles
contiennent plufieurs femences ovales , munies
d’une aigrette foyeufe, capillaire , inférées à la
partie inférieure des valves,
Ohfervations. Selon Voflîus , le nom populus eft
dérivé du mot grec polus , qui fignifie beaucoup,
ainfi nommé à caufe de la grande quantité de feuilles
que portent les peupliers. Martinius penfe que
populus vient d'un mot grec qui fignifie tremo , je
tremble, parce que les feuilles du peuplier , portées
fur un pétiole comprimé à fon fommet, font
toujours agitées.
Les peupliers forment un de ces genres tel-
-lement naturels, qu'on ne peut raifonnablement
ni le divifer ni le réunir à d'autres., Auflï juf-
qu’alors aucun botanifte ne l’a efîayé , ma gré
la paflîon effrénée de créer des genres nouveaux.
Ce font en général de très-grands arbres ,,
dont le bois eft blanc, tendre & léger 5 les rameaux
caftans & fecs, diftillant la plupart, furtout à la
pouffe de leurs bourgeons, une fubftance vif-
queufe, balfamique, très-tenace.
Les feuilles font alternes, pétiolées, éparfes,
deltoïdes, anguleufes, crénelées, épaiffes, fe r - .
mes, coriaces, glabres ou velues en deffous, la
plupart munies de glandes fur leurs pétioles ces
pétioles font alongés,étroits-,'fouvent comprimés
latéralement, furtout vers leur partie fupérieure,
très-mobiles & d’ une grande fouplefte.
Leurs fleurs*,font dioïques, cd.ifpo.Çé£s f^p.des
chatons renfermés dans des éçajlies/vifqueufes -,
alongées, qui perfiftentà la bafe .qefçes çhitpos >
ils font gros & courts pour,les fleurs mâles qui
font feflîles, ; très-rapprochées. Les. chatons femelles
font grêles, beaucoup plus .longs que les
mâles, & fupportent des fleurs pédiculées, éparfes
, écartées.
Si nous rapprochons les faules des peüpliers,
nous aurons un autre gerrtre très naturel, qui vient
fe placer à côté de celui-ci / d’ uhe manière fi intime,
que nous ne connoiffons point encore d ’intermédiaire
entr'eux j & çe:qu'il y a de plus admirable,
c'eft que ces deux genres, malgré les
points de contaêl nombreux qui les réunifient,
font féparés par- un grand nombre de caractères
qui ne permettront jamais.de les confondre. Ici
fe font fentir avec évidence les avantages de l’étude
des rapports, & combien elle l'emporte fur
ces méthodes qui ne s'attachent, dans leurs divifions
arbitraires, qu'à quelques parties èxclufives.
Si l'on établit les caractères de ces deux genres
d’après la feule fructification,on n’y trouve qu’une
foible différence : deux à quatre étamines, une
capfule bivalve, à une feule loge dans les faules >
huit à trente étamines, une capfule bivalve, à
deux loges dans les peupliers ; dans ces deux genres,
des femences munies d’une aigrette foyeufe ,
très-fine} des chatons à peu près de "même forme.
Quelle différence, fi, au lieu de cette foible
i diftinCtion, nous portons nos regards fur l'enfem-
! ble de ces végétaux ! Nous avons reconnu, dans
les peupliers, des arbres dont les cimes étalées
s’élèvent fouvent très-haut. Les plus grands des
faules ne font que des arbres d'une hauteur médiocre
: les efpèces qui les compofent arrivent par
degrés jufqu'aux plus petits àrbuftes que nous
connoiffions : telles font ces efpèces alpines , qui
ont à peine deux ou trois pouces d’élévation ;
leurs feuilles font entières, épaiffes , mais point
deltoïdes, point anguleufes } leur forme eft ovale
ou lancéolée. Ces arbres fe diftinguent encore à
la flexibilité, à l’élancement de leurs tiges : leurs
bourgeons n'ont prefquê point de vifeofité. Voye£
pour les autres détails l'article S a u l e , fur lequel
nous ne nous fomrnes arrêtés ici un inftant que
pour mieux convaincre ceux qui fe livrent à l'étude
intéreftante des végétaux , combien ils doivent
s'attacher à les confidérer fous tous leurs rapports
naturels, & ne pas imaginer q u e , la fructification
exceptée , les autres parties des plantes ne peuvent
caraétérifer que des efpèces.
Quant au travail que nous présentons ici fur les
efpèces de ce genre,on doit concevoir qu'il ne peut