
Deux filamens très-courts.
Jufqu alors Miller eft le feul qui ait fait cette
obferyation , & les botaniftes qui ont écrit après
lui ( Lamarck en particulier) , n'ont pas pu recon-
noître fur les plantes fèches les caractères qu’il
attribue au poivrier. Nous l’avons également cherché
en vain fur plufieurs efpèces que nous avons
analyfées : à la vérité , dans un certain nombre
d’efpèces -, chaque fleur eft fouvent féparée par une
écaille extrêmement petite , qui tient lieu de calice
& de corolle : cette écaille n’eft pas fenfible
dans beaucoup d’efpèces.
Quelques - unes dès efpèces qui compofent ce
genre , ont un afpeét fi différent des autres , que
plufieurs botaniftes ont foupçonné que peut-être
deux genres fe trouvoient confondus en un feul.’
En effet , nous voyons des arbriffeaux de douze à
quinze pieds, garnis quelquefois de feuilles très-
amples, d’un pied & plus de long, fe placer à côté
de petites plantes herbacées, marécageufes, munies
de tiges grêles , filiformes j de feuilles longues
à peine de trois à quatre lignes , tendres 3
fucculentes , & c . L’obfervation feule des parties
de la fruClification pouvoit diflîper les doutes $ &
il paroît en effet, d’après les recherches de plu-
fieurs botaniftes modernes , qui ont étudié ces
plantes dans leur lieu natal, que dans toutes ces
efpèces la fructification eft parfaitement la même.
Cependant Ruiz & Pavon , dans leur bel ouvrage
de la Flore du Pérou, ont formé deux genres
fous la dénomination de piper & de peperomia. Le
premier renferme en grande partie les efpèces
ligneufes du genre piper de Linné ; le fécond, les
efpèces herbacées, la plupart à feuilles graffes ,
épaîffes i mais les caractères de la fructification ,
qui féparent ces deux genres , font fi foibles, fi
difficiles à faifir , furtout dans les plantes fèches ,
étant principalement appuyés fur la forme des petites
écailles qui accompagnent les fleurs , fur la
préfence des filamens des étamines, & c . que nous
n’avons pas cru pouvoir adopter cette reforme : il
eft même un allez grand nombre de peperomia ,
dont le port eft parfaitement celui des piper proprement
d its , de grandes feuilles, des nervures
tVès-diftin'Cïes, des tiges prefqüe ligneufes, & c .
Nous, eulfions déliré pouvoir du moins' établir
de bonnes divifions parmi les efpèces nombreuses
de ce genre. Elfes pâroiffënt faciles au premier
afpeCt, fi l’on confidère la difpofition des nervures
, Ieur,abfence > des feuilles fèches , coriaces ,
ou de graffes & de charnues , alternes ou oppo-
fées , &c. ; mais nous nous fommes apperçu que
ces divifions écarteroient néceffairement des éf-
pèces qui fé rapprochent d’ailleurs- par un plus
grand nombre de rapports.
Dans un certain nombre d’efpèces, les pétioles
font canaliculés, garnis à leurs bords d’une latge
membrane qui fert de fpathe aux jeunes épis avant
leur épanouiffement. Dans d’ autres, cette fpathe
eft repréfentée par une écaille courte qui fe trouve
à la bafe des épis j elle eft fort caduque & manque
dans beaucoup d’ efpèces.
E s p è c e s .
i . P O IV R IE R aromatique. Piper aromaticum.
Piper foliis ovatis , acutis , quinquenerviis , glabris ;
petiolis femplicijfemisjfpicis infernefubfeerilibus. Lam.
! Illuftr. Gener. pag. 76. n°. 1. tab. 23.
Piper ( nigrum ) , foliis ovatis 3fubfeptemnc''viis 3
glabris i petiolis fempliciffemis. Linn. Syft. Plant,
vol. '1. pag. 75. — Flor. zeyl. n°. 26. — Mater,
medic. pag. 41.
Piper rotundum ex Malabarâ} foliis latis, quinque-
.nerviis , albicantibus. Herm. Zeyl. 52. — Burm.
I Zeyl. 195.
■ Piper rotundifolium , nigrum. Bauh. Pin. 41 T.,—-
Rai. Hift. 1341. — Plukn. Almag. 297. tab. 437.
fig. 1. — Blackw. tab. 348.
Piper rotundum , nigrum. Morif. Oxon. Hift. 3*
pag. 602. §. 15. tab. 1. fig. 1.
Molago-codl. Rheed. Malab.7. pag 23. tab. 12.
Lada. Pif. Mant. 492.
p,. Piper rotundum, album. C. Bauh. Pin. 411.-—
Rai. Hift. 1342*
Vulgairement le poivre blanc & noir.
C ’eft un arbufte dont les racines font fibreufes ,
noirâtres : elles pouffent des tiges fouples, far-
menteufes, grimpantes aux arbres voifins , ou rampantes
lorfqu’elles ne trouvent point d’appui j elles
font liffes, articulées, Cpongieufes, dichotomes,
garnies de feuilles alternes , ovales, un peu alon-
gées , épaiffes, glabres , acuminées , portées fur
des pétioles médiocres, & marquéès de cinq nervures
, dont deux inférieures partent de la bafe,
les trois autres un peu au deffus , & fe dirigent
toutes vers le fommet des feuilles.
Les fleurs font difpofées en grapes fimples, terminales
ouoppofées aux feuilles: les pétioles font
cylindriques & point denticulés. Les fleurs inférieures
, jufque vers la moitié du chaton, fontaffez
ordinairement ftériles ; les fupérieures feules font
fertiles ; ce qui a fait foupçonner à quelques auteurs
qu’elles étoient monoïques. Les fruits font globuleux
; petits , d’abord verdâtres, puis rouges, enfin
noirâtres.
C e poivrier croît dans les Indes , particuliérement
à Java, à Sumatra, & c . ï>
Cet aromate eft d’un ufage ancienpil entre comme
bafe de toutes les épices que l ’on emploie dans l’ af-
faifonnement de nos alimens : c?eft un bon ftimulant
lorfque l’on n’en fait point d’excès ; il ranime
les efprits , facilite les digeftions /foulage dans les
coliques & les crudités d’eftomac.
Le poivre eft l’objet d’un grand commerce : fon
exportation des Indes, autrefois toute entière entre
les mains des Portugais , eft aujourd'hui partagée
entr'eux, les Hollandais, les Français & les Anglais.
La culture du poivrier n’èft pas difficile. Il fuffit de
le placer dans des terres graffes, & d’arracher avec
foin, furtout les trois premières années, les herbes
qui croiffent en abondance autour de fa racine. 11
ne donne du fruit qu’au bout de trois ans : la première
année & les deux fuivantes, fa fécondité
eft très-confidérable : les récoltes vont enfuite en
diminuant, & cet arbufte dégénère avec une telle
rapidité, qu’ il ne rapporte plus rien à la douzième
année.
Lès fruits ne fe recueillent que quatre mois après '
la floraifon : on les expofe au foleil pendant fept
jours , afin de faire noircir l’éçorce. On enlève ,
dit Geoffroy, l’écorce du poivrier noir, & on en
fa it, par l’ art, le poivre blanc. On le dépouille de
cetteécorçe en faifant macérer ces fruits dans l’eau
de là mer : l’écorce fe gonfle & fe crève : on en
retire très-facilement la femènce, qui eft blanche, :
que l’on feche, & dont la faveur eft plus douce1
que lorfqVelTe eft revêtue de fon écorce.
2. Poivrier fauvage. Piper fylvefere. Lam.
Piper foliis fubcordatis , bafi obliquatis , quinque-
nerviis y fpicis fruétiferis , gracilibus, laxiufculis ; flo-
ribus dioicis. Lam. Illuftr. Gener. pag. 79. n°. 2.
Cette èfpèee avoit été confondue avec le poivrier
aromatique , particuliérement à l’ Ile-de-.;
France : des caractères qui lui font propres l’en
diftinguen: aifément, tels que fes fleurs dioïques !,t
les nervures & la forme de fes feuilles.
Cet arbufte èft grimpant : fes tiges font fouples,.
grêles, farmenteufes, munies de feuilles alternes,
ovales, aiguës , prefqu’en coeur, obliques & à côtés
inégaux à leur bafe , liffes , minces , .longues de
deux à trois pouces , larges d’un pouce, à pétiole
court, marquées de cinq nervures qui toutes partent
de la bafe des feuilles, & fe dirigent vers le
fommet. 11 eft à remarquer que, dans les individus
dont les tiges rampent fur terre faute d’appui, les
feuilles font généralement plus petites, moins obliques
ou moins inégales à leur bafe , plus conftam-
ment & plus profondément échancrées en çoeur.
Les fleurs mâles font oppofées aux feuilles réunies
en un chaton très -grêle, prefque filiforme ,
long de quatre poucës j le pédoncule ou la partie
nue du fpadice eft à peine d’un pouce de long. Le
çhàton des fleurs femelles eft plus long, plus épais,
chargé dans toute fa longueur de fruits nombreux,
fefliles, petits, globulaires.
On trouve cette plante à l’Ile-de-France , au
Malabar, aux Philippines, où elle croît naturellement.
J) ( V ’.f.')
3. Poivrier betel. Piper betle. Linn.
Piper foliis ovatis , oblongiufculis , acuminatis ,
feptemnerviis y petiolis bidentatis. Linn. Syft. Plant,
vol. 1. pag. 7J. — Flor. zeyl. n°. 27. — Lam. 111.
Gen. pag. 79. n°. 357.
Piper x qui faururus3foliis feptemnerviis , oblongo»
acuminatis.Burm. Zeyl. 193.tab.82. fig. 2. Optima.
Piper longum , foliorum nervis decurrentibus , te-
nuibus & mollioribus , betle diétum. Morif. Hift. 3.
pag. 603.
Betre feu betle. Cluf. Exot. 176. tab. 176. Bona.
Betre feu betelle. J. Bauh. Hift. 1. pag. 437.
Betele tambul, five betre. Burm. Zeil. 46.
Betela-codi. Rheed. Malab. 7. pag. 29. tab. iy.
Cette plante a des tiges pliantes , anguleufes ,
liffes & ftriées, garnies de feuilles alternes, pétic-
lé es , affez'grandes , ovales, acuminées, un peu
inégales & obliques à leur bafe , entières à leurs
bords, acuminées^ à leur fommet, liffes à leurs
deux faces , plus pâles en deffous, marquées de
fept nervures alternes , les trois intermédiaires fe
terminanrau fommet, les autres plus courtes. Les
pétioles font canaliculés à leur bafe & munis de
deux dents intérieures.
Le pédoncule oppofé aux feuilles eft plus long
que les pétioles : il eft terminé par un épi co u r t,
cylindrique, é tro it, long d’environ un pouce,
garni de fleurs très-ferrées, pendant vers la terre.
Cette plante croît naturellement dans les Indes
& à l’ île de Ceilan. ( ^ . / )
4. Poivrier pédiculé. Piper cubeba. Linn.
Piper foliis ovatis , acutis , bafe obliquis ; nervis
vagis, fruÜibus pedicellatis. Lam. Illuftr. Gener.
pag. 81. n°. 569.
Piper ( cubeba ) , foliis obliqué ovatis feu oblongis,
venofes , acutis j fpicâ folitariâ3 pedunCuldtâ, oppofiti-
foliâ ÿ fru&ibus pedicellatis. Linn. f. Suppl. 90.
Vulgairement cubébes OU quabébes.
C ’eft un petit arbriffeau dont les .fleurs font dioïques
& les fruits pédiculés, cafa&èr'es'qui>le dif-
tinguent fuffifamment des autres efpèces, particuliérement
du poivrier fauvage, avec lequel'il a des
rapports.
Ses tiges font glabres , articuléesvflèxuèufesî fes
rameaux courts, chargés de feuilles rapprochées ,
alternes, ovales, aiguës , arrondies , obliques &:
non en coeur à leur bafe, un peu fermes, marquées
de nervures vagues / alternes , portées Par des pé-
M m m ij