
La trituration dans l’eau fépare la partie nour-
riffante ou amilacée. En employant à propos l’eau .
lïvnple, on eft parvenu de plus à décompofer le
froment, c’eft-à-dire, à féparer l’amidon au corps
muqueux fucré & de la matière gélatineufe avec
lefquels il étoit mêlé. L’infufion , dans le même
liquide,- enlève les parties gommeufes & extractives.
L’infufîon froide fuffit le plus fouvent, au
moins pour les plantes délicates, pour ceLles que
l’eau pénètre aifément, & dont l’ébullition altère
les principes. En faifant enfuite évaporer à un feu
doux, on obtient un extrait qui contient les parties
gommeufes & extraéliyes. On peut encore
féparer les parties extraétives par l’in fu fi on de:
l ’efprit-dê-vin, qui fe charge de ces parties , également
folub'es dans l’eau & les liqueurs fpiri-
tueufes , tandis qu’il n’attaque point la gomme.
L’infufion des plantes précipite la diflolution de
fulfate de fer en noir fi le principe aftringent s’y
trouve réuni ; elle précipite encore la partie colorante
du vin.
Au moyen de l’infufion dans l’efprit?de-vin, on
obtient une teinture chargée de la partie réfineufe
& extradlive. On fépare la réfine èn ajoutant de
l’eau : l’efprit-de-vin s’unifiant à ce fluide, ceffe
de pouvoir diffoudre la réfine qui fe précipite.
L’efprit-de-vin fert encore à faire connoître fi
-une plante contient du fucre; car il s’en charge
tandis qu’il eft chaud, & le laiffe précipiter en fe
réfroidiffant.
L’éther fe charge, au moins le plus ordinairement
, de la partie réfineufe feule 5 il a cependant
quelquefois de l’a&ion fur le principe extra&if: il
a paru diffoudre celui de la garance.
L’eau, chargée d'un acide, fait connoître les
parties alkalines.ou terreufes qui peuvent fe trouver
dans les plantes. Si c’eft î’alkali volatil ou le
feî ammoniac qui exifte dans quelques plantes veni-
meufes, comme la ciguë, on le dégage au moyen
de l’alkali fixe.
En faifant bouillir l ’eau dans laquelle on a délayé
la pulpe d’une plante , & féparant l'écume,
la faifant deffécher au bain-marié, fi le foufre eft
contenu dans la plante , fa préfence fe manifefte
par la flamme bleue que donné cette matière
lorfqu’on la met fur un fer chaud , par l’odeur
d’efprit volatil fulfureux qui s'en exhale, & le
foufre qui fe fublime lorfqu’on la met dans une
cornue & qu’on pouffe allez le feu. C’eft lé procédé
fimple dont s’eft fervi M. Déyeux pour
prouver Texiftence du foufre dans la racine de
patience.
On connoît donc , au moyen de Pgnalyfe chimique,
fi une plante contient.des parties aromatiques
, huileufes, qui la rendent pénétrante,
échauffante, analeptique; des parties amilacées,
qui la font nourriffante ; des parties gommeufes,
mucilagineufes, fucrées, au moyen defquelles elle
eft adouciffante , lubréfiante ; des parties extractives,
"qui lui donnent les propriétés des amers 5 des
parties réfineufes, qui la rendent âcre & échauffantes
des parties ftiptiques, qui la font aftfin-
gentej des fels ou des terres, qui la font apéritive
jou abforbante; enfin l’odeur vireufe que les plantes
exhalent lorfqu’on rapproche leur infufion pour
la réduire en extrait, annonce des propriétés.nar-
cotiques & fufpeétes.
La faifon , l’âge des plantes, leur deffiçeàtîon,
.'donnent lieu à beaucoup de variétés dans leurs
■ vertus.On mange, en Suède, la jeune ortie comme
plante potagère ; on mange au printems , ’dans
d'Amérique feptentr-ionale, les jeunes pouffes du
phytolacca, qui devient enfuite un poifon. Les
‘Chinois n’ofent prendre le thé avant qu’One'arinée
révolue ne lui ait fait perdre toutes fes qualités
venimeufes. La vermictilaire brûlante, de çnême
que les autres plantes antifeorbutiques, perd fes
propriétés en féchant. La gratiole, qui, lorfqu’elle
eft fraîche, purge & fait vomir violemment, n’a
prefque plus d'aClion lorfqu’elle eft fèche.
On doit aufli obferver différentes précautions
pour ramaffer les plantes; mais en général les racines
doivent être arrachées au commencement
du printems, avant la pouffe des feuilles, qui fuffit
pour faire perdre à la racine de bénoite prefque
: tout fon aromat. Il faut féparer de ces racines le
■ chevelu, & ne garder que le'pivot : celles qui font
charnues doivent au moins être ramaffées avant la
pouffe des fleurs. La rave, la carotte, le panais,
la bette /devienneut creufes après la floraifon.
Les bois doivent furtout être coupés pendant
l’hiver5 les fougères, en automne. Les écorces
doivent au fil être enlevées dans la même faifon.11
eft, à Ja vérité, plus facile de les arracher au printems
; mais elles ont alors moins de vertu. Les
bourgeons doivent être pris avant leur développement
; les herbes, au moment où elles commencent
à fleurir : elles ont alors plus de délicateffe;
on attend un peu fi l’on defîre plus de force. Il en
eft cependant qui fe détériorent par ce retard : la
méliffe eft dans ce cas. Les feuilles fe ramaffent
après la chute des fleurs & avant la maturité de
la plante ; les fleurs avant l’émiflion de la poüffière
des anthères.
Il en eft dont la principale vertu réfide dans la
corolle, la rofe, le lys, le bluet, la violette : dès-
lors cette partie doit être foigneufement fépàréej
les fruits doivent être cueillis lorfqu’ils font mûrs,
avant de répandre leurs femences. Les femences
qui furnagent à l’eau doivent être réparées & rejetées.
Les herbes doivent être léchées à l’ombre, Sc
fufpendues, dans la crajnte qu’elles ne pourriflènt.
Malgré tous ces foins, malgré l'examen;le plus
fcrupuleux des, propriétés des plantes, on feroit I
fouvent induit en erreur fi,l'on prétendait les donner
indiftin&ement aux animaux. Il n’e.n eft aucune, J
quelque défagréable .& dangereufe qu’elle puifle. '
être pour l’homme, qui ne ferve de pâture à quel-
qu'ânimal ; celle’ qui -eft fai u taire pour l’un, eft
v.enimeufe pour l’autre : ainfî J a ciguë fait périr
les vaches, nourrit les, chèvres,_& ne fait point
de mal au cheval. Les amandes amères font mortelles
pour le chien, & non pour l’homme. Le
perfil fait périr les moineaux, & non les cochons.
Le poivre eft mortel aux cochons, & ne nuit point
aux poules. Les vaches, les vers à foie, mangent
impunément les feuilles de b’apocin dé'Syrie,dont
le fuc-laiteux eft pour l ’homme, un poifon caufti-
que. 11 eft dans ;la nature, que, les êtres,animés ;
aient chacun des plantes qui leur foient alignées,
& qu'ils biffent les autres, afin de ne pas s’affamer
réciproquement.
Des effets qui femblent fioppofés ne fuppofent
fouvènt qu’une différence très-légère dans l’orga-
nifatron des individus. Pour s’en convaincre, il
fuffit d’obferver que la même plante devient également,
pour l’homme, -mortelle ou falutairé ,
fnivant.le degré de fa fenfibilité, & fuivant la dofe
a ’ laquelle elle^eft preferite. Ainfî le tithymale
ri'eft' fouvent qu’un purgatif pour le vigoureux
habitant des campagnes , tandis que c’eft un poi- ■
fon pour le citoyen des villes'. L’ufage modéré du
vin re'ève les forces , entretient la fanté j l'excès
fait perdre la rai fon, jette dans-l’ivreffe ; l’affou-
piffement;peut même caufer l’apoplexie & la mort.
La vapeur d'une*petite quantité'de liqueurs fpiri-
tueufes ranime un malade-prêt à tomber en fyn-
cope; les émanations d'une cuve en fermentation
font périr celui qui les refpire. L’eau diftiïlée du
laurier-cerife eft un poifon; quelques-unes de.fés
feuilles, mélangées avec les nourritures, ne fofnt
qu’un affaifonnement ; l’infufion paroît être un
remède capable de diminuer répaifTiffement inflammatoire.
Le re.mè4§> ainfî que le poifon , eft une fubf-,
tance étrangère que la nature ne, peut affimiler ;
elle fait tous fes efforts pour s’en délivrer : lorf-.
qu’elle y réu ffitc ’eft un remède ; fi fon aétiori1
eft infuffifânte, c’eft un poifon : elle fe delivre
du remède par toutes fortes de voies lorfque fes
forçes fuffifent ; car le remède ri’a par lui-même
aucune àéiion. Ces, differentes excrétions font autant
de routes ouvertes à la matière de'maladie,
dès qu’elle eft devenue mobile ; mais fi cette matière
ne peut être, entraînée, -les efforts de'la nature
font inutiles î ils, proturent la foibleffe-, ils
augmentent la'maladie. Si la nature eft hors d’état
d’agir, comme il arrive trè's:fouvent dans les maladies
longues, des1 particules étrangères, qui
paffènt dans les vaiflVaux, jettent les malades dans
la dlffbiution putride.
Les remèdes changent l’état du corps, ainfî que
jes poifbns, 8c tout changement, par quelque
.calife qu’il foit procuré, eft une maladie 5 mais
une maladie eft fouvent néceffaire pour en guérir
pne: autre. Ainfî l’hémorrhagie calme les fièvres
inflammatoires; la faignée eft une hémorrhagie.
La çonftipation guérit la diarrhée ; les aftringens
procurent la çonftipation. L’affoupiffement calme
les conv u liions'; les narcotiques produifent l’af-
Loupiffement : ce dernier cède aux, convulfions 5
jee-qui rend les fternutatoires utiles. L’hydropifie
ae guérit par le diabétès que donnent; les diuréti*
ques. L’apoplexie fe guérit par la paralyfîé ; celle-ci,
baf la fièvre ardente; cette dernièrè, par l’iélère.
jïl eft donc des révolutions heureufes; mais avant
Be les tenter, il faut favoir fi la nature pourra les
Soutenir 3 ce qui dépend toujours de la manière
dont nos organes font affeèlés. L’étude des maladies
doit donc être réunie a la connoiffance des
remèdes qui n’ont qu’une puiffance relative pour
ifoulager.
Le médecin obfervateur n’aura jamais cette pétulance
puérile qui, flattant la crédulité publique,
‘ne laiffe au malade aucun ir liant de repos :il côn-
fidère jufqu’oû va la ipuiffance de la maladie pour
nuire; cair il en eft de Salutairesqu'il prend bien
garde de fupprimer. IJ examine fi l’art doit feulement
modérer des accidens dont la trop grande
intenftté s’oppofe à l ’aâion de la nature, ou s’il
faut la rappeler d’un engourdiffement total ; ce
qu’il ne peut quelquefois opérerque• par ces remèdes
violens,. qui exigent autant .de prudence
que de circonfpeéiion de la part de Celui qui,
cherchant à fe rendre utile, s’occupe en même'
tems à ne pas nuiré.
\ On ne le verra ^point généralifer des remèdes
'dont l’aéliondépendant de l’affeétion de l’état
■ de nos organes, doit être néceffairement bornée
]à quelques cas particuliers; il ne les dénaturera
: point par un mélange confus, fachant combien il
1 eft déjà difficile ;d3 6 b fer ver les effets de celui qui
en eft lé plus fiiriplë : il ne craindra point de refter
jdansTina&ion lorfque le malade n’a pas befoin de
jfecôursV S?, s’efforçant de faifir les véritables in-
•dications dès maladies, il preferira peu de médica-
;mens, en fuivant la route tracée par le père de la
médecine,’Le règne végétal lui fournira des remèdes
plus analogues à notre conftirution, & qui,
le plus fouvent, pourront fuffire au foulagement
: de l’humanité fouffrante. Les Chinois palfent pour
n’employer,aucun autre remède ; ils trouvent dans
les plantes les moyens dé calmer leurs maladies.
(Durande , Elém,.de b o t a t i *
y PROSOPIS. Profopis. Genre de plantes dicoty-
: lédones, à fleurs complètes, papillonacées , de la
■ famille des légumineufes, ayant des rapports avec
; les moringa 8c les h&matoxylum, & comprenant des
î arbres exotiques à l’Europe, dont les feuilles font