
■ fleurs-éto*ent parfumées comme la rofe, le pavot
feroit fans contredit la première des fleurs.
De les racines s’élèvent plûfieurs tiges droites ,
hautes d’environ un pied & demi, rameufes,
chargées de poils rudes placés horizontalement,
écartées, garnies de feuilles prefqu’ailées, découpées
profondément en laniè’rès sffez longues , velues,
pointues, dentées ou pinnatifides. Les fleurs
font toutes terminales, grandes, munies d’ un calice
a deux folioles concaves, caduques, hérifféës;
de quelques poils rares. La corolle eft compofée
de quatre pétales d’ un rouge éclatant, marqués à
leur bafe d une tache noirâtre. La capfule qui leur
fuccede eft ovale, un peu globulëufe, très-glabre',
couronnée par un ftigmate plane, noirâtre. Les
femenees font très-petites, prëfcfuepürpürM'ès.
Cette plante croit partout en Europe, dans les
champs, au milieu des blés. O ( V. v. )
? eurs P^ffent pour béchiques , fudorifiques
& légèrement calmantes. Oh les prend en infu-
fiofts thdformes dans les rhumes, la toux opiniâtr
é , les affeédons corivulfives. lie firop que l’on
en tourné fert aux mêmes ufâges ; mais ce remède
n agît que foiblement, & ne peut guère être employé
dans lès maladies qui exigent de prompts
recours. Les capfules avec les fèmènces, ou ï’ex-
tra;i c; è I oryen tire, ainfi que des fleurs, eft beau-
co^ p pi us efficace.. On peut l’employer comme un
doux aimant dans toutes les maladies où les narcotiques
légers font indiqués. lies vaches, les
chevres, les moutons mangent le pavot j mais il
eft dangereux pour les chevaux, auxquels il caufe
là dy ffe n te rie , & fon utilité eft très-médiocre
dans les prairies.
L ’huilë qu’on retire de fés femericès eft suffi
raine, auffi douce que celle dii pavot cultivé, papaver
fomniferum - mais la capfule, étaht fort petite,
né fournit que très-pëu de graines en comparaison
de celui que l’on cultive..
6. P AV O T douteux. Papa-ver dubiiùn, Linn.
Pàpaver capfulis oblôngis È glab'riJ; caule ffiulti-
floro3 fetis adprejjis; foliis pïnnatifidïsi incifis. Linn.
Spec. Plant. 727. Flor. Suec. 2. n°: 467. —
Pollich. Pal. n?. 506. — Mattufth. Sil. n°. 378.
Germ. 184. — Roth. Germ. I, 227.
H. y 81.. /
Papaver foliis hifpMis,, pïmiatts; pirinis lobatis;
fruciu ovato3 Uvi. Hall. Helv. n°:. 1063.
Pàpaver capfulis oblongis ; caule multifloro.3 fetis
adprejjis- foliis pinnatifidis, incifis. Crantz. Auftr.
p. 140. Quodjungit cumpapavere argemone..
Pàpaver erraticum , capite longijfitno , gldb fo.,
Tourn. Inftit. R. H. 238. — Rupp. 2. p. 71. édit.
HalL p ..^ ;. . • .
Argemone capitula ! on flore, glcibro. Morif. Oxon.
23 3 ; Hift. 2. p. 279. il. 3. tab. 14. fig, h -.
•A. Papaver dubium. Jacq. Auftr. 1. p. 17. tab, 2y .
Cette efpece d'iffere peu dît pàpavir rheas3 dont
elle n eft peut-être oü’une vaïiété, remarquable
par fes capfulès plus étroites, plus alongé'ës.
Sa tige s’élève à la hauteur de quinze ou- dix-
huit pouces j elfe eft droite, cylindrique, rameute,,
chargée de poils, épars appliqués' contre la’ tigè
dans fa partie fupédeure, ouverts ou redreffés
vers fa bafe. Les feuilles font glabres en deffus,
velues en defîous, une & deux fois pinnatifides*
à découpures très-menues. L es fleurs font terminales,
affez petites., de couleur rouge j il Ktrr
fuccède des Capfules alongées, un peu grêles,
recouvertes par un ftigmate en écufîon, compofé
de fix à fept rayons. Cette pLmè croît dans les
provinces feptentrionales de l’Europe, au milieu,
des champs & des mofffons. 0 ' ( V . v . )
Jatqufn , fous le nom dè papaver dubium 3 nous
a donné la figure d’une plante, dont les pétales
font crénelés' & blanchâtres. Il eft évidënt que ce
ne peut être qu’une fimpie variété,de l ’efpëce que
nous venons de décrire, en fuppofant toutefois
quelle ne s’ en écarte point par d’autres caraélères.
7- Pa v o t cultivé'. Papaver fomniferum. Linn.
Papaver calicibus capfulifque glabris j foliis atn-
pTexicaulibus , incifis. Linn. Spèc. Plant. 726. —
Hall. Helv. n°. 10<5 y. Buillard, tab. yy. — Mat.,
medic, p. 134. — Mill.Diét. n°V8 & 9. — Dësf.
Flor. atl. tom. 1. p. 407. —• Lam. Uluftr. Gener.
tab.. 451.
Papàver caule multiflorô ; foms fimplicibus J glabris
3_ incifis 3 caulinis. Hort. upf. 13 y.
Papaver foliis fimplicibus 3 glabris 3incijis. Hort..
Cliff. 200. — Roy. Lugd. Bat. 879;
Papayer nigrum &albumojficinarum. CrantzTAuftf..
p. 138. — Blacks, tab. 482. 483. Reg. bot.
Papaver hôrtenfe3 femine albo. Bauh. Pin. 170.
Papaver kortenfey femine àlbo3fatiVum diàfcôridis
album plinio. Tourn. Inft. R. H. 237. — Morif.
Okon„fir. 3. tab. 14. fig. 4.
Papaver album 3 fativum. Fufch. Hift. y 18. le. —-
Camer. Epit. 803. le. — Matth. Comment. 74y. Ic..
Papaver. Trag. 122. Ic. — Pauli. Dan. tab. 309.
Papaverfativum3fimptex3 nigrum. Parkinf. Theat.
y66, le .
Papaver album. J. Bauh. Hift. 3. p. 39p. Ic.
A . Papaverhortenfe3 femine nigro. Bauh. Pin. I7OPàpaver
crijlatùm 3fioribûs & femine, album. Bauh.
Pin. 1.71..
Papaver crijlatùm , Jloribus rubris, femine nigro.
Bauh. Pin. 171.
Papaver Jlorepleno , album. Bauh. Pim 171.
C ’eft cette grande & belle efpèce que l’on cultive
depuis un certain tems , foit dans les jardins
comme fleur d’ornement, foit en grand dans les
champs, pour en retirer une huile connue fous le
nom a huile d'oeillette.
Ses tiges font droites, glauques, cylindriques,
liflès, munies quelquefois de poils rares vers leur
extrémité > fur la portion qui fert de pédoncule ,
hautes de trois à quatre pieds & plus ou moins, ra-
meufes. Ses feuilles font larges, feflïles, ampléxi-
caules , glabres, incifées, inégalement dentées &
d’un vert glauque. Les fleurs font terminales &
très - grandes, inclinées fur la tige avant leur épa-
nouifïement} elles ont un calice très-glabre, con-;
cave ; une corolle à quatre pétales fort grands , I
arrondis, de couleur pourpre, marqués d’ une tache ;
noirâtre à leurs onglets : à ces fleurs fuccèdent des
capfules ovales, grofTes, très-lifles , remplies de
femences noires.
Cette plante croît dans les provinces méridionales
de l’Europe, mais elle eft aujourd’hui natu-
râlifée partout où l’on en a établi la culture. Elle
préfente beaucoup de variétés, foit dans les couleurs
variées de fes fleurs, foit dans les formes de ■
fes pétales, qui font très-nombreux dans les fleurs
-doubles, entiers à leurs bords, ou frangés ou déchiquetés
î foit enfin dans les femences noires dans i
certainesefpèces, blanches dans d’autres. O ( K.v.)
Cette efpèce eft cultivée avec foin , tant dans '
les jardins à caufe de la beauté de fes fleurs, que
dans les champs, à raifon de la grande utilité de fes
Temences. Cette plante a une figure pittorefque & ■
un port fuperbe. Ses fleurs, dit Rozier , varient
dans tcutes les nuances , à partir du blanc, du rofe j;
le plus tendre , jufqu’au rouge le plus v if & le plus :
foncé. A vant l’épanouifTement, les boutons à fleurs jj
font inclinés contre terre j mais auflitôt que leurs I
calices s’ouvrent, que leurs pétales fe dévelop- j
pent, ils fe redreflent afin de mieux offrir à la vue
J’éclat des couleurs de la fleur & la beauté de fa
forme. Chaque fleur dure peu : le jour la voit naître
& la voit prefque fe flétrir : on eft dédommagé de -
cette jouiffance que l’on regrette, par le développement
fucceffif des autres fleurs portées fur la ;
même tige. Aucutae fleur ne décore mieux ni plus
agréablement un grand parterre ou de vaftes plates-
bandes.
Ce pavot, femé dans les champs, offre à peu près
la même variété de couleurs , mais fes fleurs’ font
fort Amples. Qu’il eft agréable , à cette époque ,
de voyager dans plufieurs contrées de la France ,
telles que dans le département de l’Aifne, dans
icelui du N o rd , &c. où ce payot fe cultive J Le$ |
campagnes paroiflfent alors transformées en parterres
les plus variés.
Cette plante fe cultive en grand , pour retirer
de fes femences l’huile connue dans le commerce
fous le nom huile d'oeillette ou d'oeillet. Elle eft
douce , agréable , fent la noifette , & ne fe coagule
pas , même aux dixième & quinzième degrés
de froid du thermomètre de Réaumur. Elle contient
beaucoup d’air & fe conferve très-long-tems
fans rancir. Enfin, après l’huile d’olive appelée fine3
c ’eft la meilleure & la plus agréable pour les apprêts
de toute efpèce a’alimens cuits ou à froid :
fon feul défaut eft de ne pouvoir fervir à brûler
dans les lampes. De toutes les huiles connues ,
c’eft celle qui adoucit le mieux l’huile d’olive, Iorf-
qu’elle a une faveur forte & piquante. Les femences
de pavot fe mangent vertes, & donnent une émul-
fion douce, agréable & faine : il n’y a que les capfules
qui foient narcotiques.
C ’eft d'Allemagne que là culture du pavot eft in-
fenfîblement parvenue dans la Flandre autrichienne,
& de là dans les départemens du nord de la France,
& l’huile qu’on en retire eft prefque la feule em-
' ployée dans les alimens.
Les Romains fe fervoient de cette huile pour la
préparation des gâteaux qu’on mettoitfur table au
fécond fervice : ils faifoient une efpèce de mafïe-
pain avec le miel, la farine.& la graine de pavots.
L’ufage de l’un & de l’autre étoit fi commun, que
Virgile donne pour épithète au pavot le nom de
vefeum. En Italie, .& à Gênes furtout, on fait, de
petites dragées avec fes graines : les dames les
aiment & en mangent beaucoup. Les oifeleurs de
Paris préparent, avec ces femences, une pâte dont
ils nournffent les roffignols. Dans les pays où la
culture du pavot eft établie en grand, le maie qui
refte après l’expreffion de l’huile, fert de nourriture
aux vaches , aux cochons & aux oifeaux de
baffe-cour.
L’huile de pavots , fi faine & fi douce , a été
pendant long-tems prohibée en France par les fpé-
culations de quelques négocians qui tiraient de
l’étranger une quantité d’huile d’olives proportionnée
à la conlommation immenfe de la capitale
& des principales villes de France. On perfuada
aux confommateurs que l’huile de pavots étoit af-
foupiffante & dangereufe , puifque c’étoit de la
capfule qui renferme la graine, qu’on droi t l'opium.
Les magiftrats confultèrent à ce fujet la faculté de
médecine de Paris, qui décida que cette huile ne
contenoit rien de narcotique ni de nuifible a la fanté,
6? que l'ufage devoit en être permis. Cette decifîon
n’empêcha point le parlement de la prohiber comme
comeftible, ordonnant qu?elle ne pourroit être débitée
dans le commerce, fans être auparavant gâtée
par l’efîënce de térébenthine, pour n’être employée,
dans les arts, que cômme huile dejficativc.