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Les fleurs font réunies en petits paquets, dif-
poCés alternativement fur plufieurs épis, dont l’eu»
iémble forme des grappes axillaires, très-longues,
pendantes, munies de bradées membraneufes,
ovales, loncéolées ; l.es fleurs mâles & les femelles
naiffent fur des individus féparés : ces dernières
n'ont point de calice > les ovaires font placés fous
des écailles ovales, très-comprimées > les autres
ont un calice à quatre divifîons & quatre étamines.
. Cette plante croît fur les montagnes & dans les
forêts de la Jamaïque. (Defcript. ex Swartç<) ;
U. ProcrjS à fleurs fefliles. Pracris ramifiora.
Caturus ramiftorus. Li'nn. — Latn. Di<5L vol. i.
pag. 655. & Illuftr. tab. 763. fig. 1.
Nous ne reviendrons pas fur cette plante, dont
la defcription fe trouve déjà dans ce Dictionnaire,
au mot que nous avons indiqùé.
(P oiret.)
PROLIFÈRE (fleur). On donne le nom de
fleur prolifère (flosproliferus) , à celle qui produit
de fon centre une fécondé fleur ordinairement
femblable à la première,, & même quelquefois
accompagnée de feuilles. La camomille devient
fouvent prolifère par la piqûre d'une petite ef-
pèce d’ichneumon ou de cynips.
On donne également le nom de proliféré aux
tiges (caulis prolifer) , lorfqu’elles lie produifent
de rameaux qu’à leur extrémité, d’où ils partent
tous, comme d’un centre commun.
PROPRE. (Voye[ C alice & Réceptacle.)
PROPRIÉTÉS des plantes.
Par propriétés des plantes on entend moins
leurs qualités phyfiques que les ufages divers auxquels
on peut les employer, & furtout leurs vertus
médicales., c’eft-à-dire, qu’en s’attachant à ces
dernières par cet amour inné dans tous les hommes
pour leur confervation, on a, pendant long-
tems, plus recherché dans les plantes ce qui
n’étoit que conjectural, que des propriétés plus
réelles , & dont l’exiftence ne peut laiffer aucun
doute j mais aujourd'hui que la connoiflance des
plantes n’eft plus le partage d’un eeçtain nombre
d’empiriques, on a reconnu que., fans négliger
tes reffources qu’elles offrent à la médecine ,, on
pouvoit encore en retirer un plus grand nombre
pour les ufages habituels dé la fociété. Depuis que
îe-s.obfervations ont; été particuliérement dirigées
fous ce rapport,que- de découvertes, intér,effantes.
n’a-t-on, pas faites & ne fait-on pas tous les jours.,.
qui deviennent,, par leur utilité générale. & bien
reconnue , une acquifition précieufe pour, la fo-
çiété! Que d’arbres exotiques ,Jniroduits depuis,
environ un demi - fiècle en Europe , n’attendent,
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pour paffer entre les mains des artiftes & des ouvriers,
que d’être plus multipliés! Que de plantes
ont fourni aux peintres & aux teinturiers de belles
& riches couleurs ! Que de végétaux, abondans
en fubftance alimentaire, ont pafle dans nos jardins
potagers & dans nos vergers ! Quelle foule
d’autres font venus ajouter à l’éclat de nos parterres,
& embellir nos bofquets ! Enfin , en nous
en tenant aux productions de notre propre fo l,
que de fubftances ne nous offrent-ejles pas aujourd’hui
, dont nous foupçonnions à peine l’exiftènce
auparavant ! Le tan n’eft plus uniquement fourni
par la feule écorce du chêne : les baies d’un grand
nombre d’arbres de nos forêts, fournifes à la fermentation
, pourroient augmenter nos liqueurs
vineufes î les fruits & les femences de beaucoup
d’autres plantes procurent des huiles de diverfes
fortes , que de graines & de racines fourniffent
un amidon nourriflant & falutaire ! Nous avons vu
récemment les racines de la bette-rave contenir
un fucre affez abondant pour fervir de reffources
au défaut de celui des îles de l’Amérique. On a
trouvé dans les tiges , l’écorce & les feuilles de
beaucoup d’autres plantes des fibres aufli bonnes
po'ur la fabrique des toiles & des cordages, que
celles du chanvre & du lin. Les gommes, les ré-
fines obtenues, par L’art ou fuintant d’elles-mêmes
de l’écorce des arbres, peuvent devenir un objet
de commerce très-étendu. Il fuffit de lire l’ouvrage
intéreffantrde Dambourney fur les végétaux
indigènes propres à la teinture., pour nous convaincre
de l’étendue de nos reffources dans cette
partie. Combien d'autres peuvent enrichir les, pâturages
, fournir à nos animaux dômeftiques, à nos
troupeaux, des alimens fains, d’exceflèns fourages,
de bonnes litières, &c.
Ces confédérations me paroifient plus que fuffi-
fantes pour déterminer particuliérement les recherches
vers ce point de vue intéreflant. Quant aux
propriétés particulières & intrinféques des végétaux,
il faut avouer que nous avons, pour les con-
noître, des moyens bien plus certains que n’en
avoient les anciens, furtout depuis que les hota-
niftes fe font livrés à l’étude des rapports & de
l’ affinité des plantes entr’elles, qu’ ils ont effayé de
tes réunir en groupes ou en familles naturelles,
d’où il a réfuteé que les plantes qui fe conviennent
par les cana$ères de la fructification , par ceux de
leur port habituel, poffèdent aflèz généralement,
eaglusQU en moins, les mêmes.propriétés..
Lihné a établi à ce fujet des principes que nous
croyons devoir rappeler ici* & que M. Durande a
développés avec intérêt dans fes Elémehs de botanique.
Le goût d’analogie , dit ce dernier auteur , fi
dangereux pour les efprits. fyftématiques , peut
tourner' à d’avantage réel de: là fociété- lorCqü’il Çift modéré par la raifon. & la réôexioa : ii fert à
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étendre les propriétés d’une plante à une autré, à
nous faire jouir des avantages qui fembloient être
attachés aux feules productions des contrées lès
plus éloignées. Ces propriétés dépendent du développement
particulier des parties de la plante,
d’une proportion déterminée entre fes principes
qui la compofent : le même développement, la
même eombinaifon, fe trouvent dans les plantes
congénères , qui ^doivent conféquemment être
douées des memes vertus.
S i, fur ce point, des conclufions trop affirmatives
peuvent avoir quelqu’inconvénient, il faut
avouer qu’il exifté des inauÇtions affez fortes &
affez bien démontrées, pour nous engager à nous
fervir de 1 analogie, dans la vue de parvenir à la
connoiffance des propriétés des plantes. La méthode
qui difpofe les végétaux par familles, celle
qui les raffemble en raifon des rapports qui exiftent
entre leurs différentes parties, eft donc utile dans
la médecine-pratique. Elle met en état de fubfti- ■
tuer une plante à une.autre, & dirige prefque
toujours avec fureté ceux qui lui fuppofent la propriété
la plus générale de la famille à laquelle elle !
appartient. L’obfervation & l’expérience ont fait i
conhoître la vérité de ces principes.
Les bourraches font la plupart des plantes plus
ou moins mucilagineufes ou glutineufes, &paffent
pour dépuratives & vulnéraires-aftringentes.
Les gentianes font amères, un peu aromatiques :
.elles font.fortifiantes.
Les apocins font.âcres & cauftiques.
Les morelles font fufpe&es, venimeirfes & narcotiques.
La beliadonne , la mandragore , la juf-
quiame, le ftramonium, font des poifons j l’alke-
kenge néanmoins n’eft qu’un diurétique puiffant j
la more lie grimpante, dépurative & fudbrifique,-
le capficum, un ftomaçhique très-chaud. La pomme
de terre fournit un bon aliment lorfqu’elle a été
cependant dépouillée de fon principe narcotique
par le feu ou la dëco&ton ; elle donne, par la fermentation
, une liqueur fpiritueufe , âcre & enivrante,
dont l’odeur indique fa qualité venimeufe.
Ce n eft pas la feule plante où le poifon fe trouve
combiné avec le principe nou-rriflant : cette com-
binaifon eft bien plus fenfîble dans le manihot.
Les garances font diurétiques & apéritives.
Les bruyères font aftringentes. On fe fert, dans
quelques -pays, de l'arboufier & du vaccinium myr-
tillus; leurs baies fe mangent & font acides.
Les cucurbitacées font en général purgatives &
rarraichiffantes : leur ufage immodéré affaiblit
caure des tranchées, dés dévoiemens, quelquefois
meme le vomiffement. La coloquinte purge vio-
lemment, de même que le concombre fauvage 1
qui eft en même.tems diurétique.
Les perfonnées font apéritives, diurétiques ;
quelques-unes purgatives, & plufieurs fufpeétes.
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Les labiées font aromatiques , toniques, réfo-
lutives, céphaliques, emménagogues : c’eft dans
les feuilles que réfîdent leurs vertus. La propriété
aromatique varie beaucoup par fes degrés , dans
cette claffe, dont aucune plante n’eft venimeufe.
Les compofées font très-employées en médecine,
& la plupart falutaires. On ne peut en excepter que
le doronic & le cartame , fur lefquels on a quelques
foupçons. On lüfpeétoit encore la laitue fau-
vage} mais il eft confiant que l’extrait de ce végétal
peut être prefcrit, même en allez for^dofe,
comme apéritif 8e calmant. En général, les com-
polées font apéritives, échauffantes 8e dépuratives:
elles font recommandées contre les obftruétions ,
les maladies de la peau : elles fourniffent encore un
aliment léger, apéritif, peu nourriflant.
Les mauves font mucilagineufes, émollientes ,
propres à émouffer l’acrimonie & à déterminer
la fuppuration s elles enveloppent l’acre dans la
toux : leur vertu fe reconnoît dans toutes les parties
de la plante : leur mucilage eft nourriflant. Les
Romains mangeoient les mauves. Me pafcunt oliva
ievefque ma f a i , a dit Horace. On les mange encore
dans le Nord, & 1 hibifcus efculentus dans les pays
les plus chauds.
Les cruciformes font âcres, incilîves, antifcor-
butiques , déterfives 8c diurétiques : elles atténuent
les humeurs épaiflies 8c ftagnantes : elles
conviennent pour les humeurs froides 8c oedéma-
teufes, pour les obftruâions indolentes : peu d’en-
tr’elles font odorantes, 8c néanmoins en féchant
elles perdent toute leur vertu : elles fervent plutôt
d'affaifonnement que de nourriture.
Les rofacées ont des fruits dont la pulpe charnue
8c fucculente eft bonne à manger.
Lés renoncules font la plupart venimeufes 8c
cauftiques.
Les pavots font plus ou moins narcotiques, mais
cette propriété réfide dans la fubftance gommeufe,
extractive : elle ne fe trouve ni dans l'huile que
ron extrait des femences, ni dans le principe mu-
cilagineux de ces mêmes femences, qui rendl’huile
mifcible à l’eau fous la forme d'émuliîon.
Lesombellifères font aromatiques, échauffantes,
propres à rappeler la fueur, les urines ; à diffiper
tes vents lorfqu’elles croiffenr dans un terrain fec
..mais fi elles végètent dans des terres humides ,
elles font.le plus fouvent venimeufes. La. culture
dans une terre bien meuble, en adoucit plufieurs '
au point qu’elles deviennent des alimens. C’eft
dans la racine 8c les femences que réfident leurs
propriétés.
Leslégumineufesfontnourriffamesileurs feuilles
fervent de pâture aux beftiaux : leurs graines nour-
nffent les hommes 8c différens animaux : on a même,
dans des tems de difète, fait du pain avec leurs