
fleurs fléchées & réduites en poudre. La nourriture
que fourniffent les graines des légumineufes eft
faine, mais le plus fouvent d'une digeftion difficile.
D'ailleurs, aucune de ces plantes n’eft_venimeufe
ni caullique.
Lesliliacéfcscontiennent des partiesnourriflantes
dans leurs racines , mais elles y font altérées par
des principes venimeux : la différence dans la faveur
& dans l'odeur fait juger le plus fouvent fî elles
font alimenteufes ou nuifibles. On mange dans
quelques pays, les racines de tulipe & de martagon;
elles font fans odeur : mais la jacinthe , la phalan-
gère, le perce-neige , le narcifle, la couronne impériale,
ont une odeur défagréable 8c font veni-
meufes : plufieurs cependant, tels que l’oignon ,
l'ail, le porreau, perdent leur caufticité parla
coélion , 8c deviennent alimens. La fcille, corrigée
par l’exficcation ou par la macération dans le vin
ou le vinaigre, devient un remède puiflant.
Les aroïdes font très-échauffantes, âcres ou aromatiques.
Les palmiers portent des fruits fains , très-bons
à manger.
■ Les orchis ont leurs racines nourriflantes & ref-
taurantes , tels que le falep, 8cc. On compte encore
parmi ces plantes, la vanille, que l'on peut
regarder comme aphrodifiaque.
Les balifiers, qui croiffent dans les pays très-
chauds , font aromatiques , d'une faveur âcre 8c
piquante, plus forte dans les racinès, qui échauffent
beaucoup.
Les euphorbes» font des purgatifs cauftiques,
très-violens , 8c même fouvent mortels.
Les amentacées font la plupart aftringentes. Les
écorces du platane , du hêtre, du châtaigner, font
aftringentes 8c fébrifuges. Les gales de l'aune 8c
du chêne , les boutons de peuplier, les feuilles du
faule, font dans le même cas.
Les conifères font réfineux, ftimulans, échauf-
fans, diurétiques. C ’eft en rétabliflfant les .Sécrétions
t qu’ils opèrent utilement' dans le fcorbut.
La réfine des ifs diffère peu de celle du genévrier.
Les graminées font nourriffantés. Le bétail mange
leurs feuilles,: les plus petites de leurs graines fervent
de nourriture aux animaux ; les autres four-
niffent à l’homme fon aliment le plus ordinaire.
Toutes ces plantes font falutaires, fi l'on en excepte
les lolium ou ray-graff, qui paroiffent avoir
des qualités malfaifantes.
Ces plantes, d'une utilité fi générale, croiffent
partout où il fe trouve de la terre 3 elles rempliffent
les. plus petits vuides. Leurs tiges, leurs feuilles
'flexibles , ne fe brifent pas aifément} elles fe relèvent
après avoir été foulées par les hommes 8c
par les animaux. La plus douce pluie les fait reverdir
lorfqu'elles ont été defféchées : elles fe multiplient
8c fe reproduifent par leiirs racines traçantes
, ou même par leur germe , dans les hautes
montagnes, où l'été eft fi court, qu'il ne permet-
troit point à leurs graines de mûrir : telles font
Y air a c&fpitofa , 1 efeftuca ovina.
Les cryptogames font fufpeétes. Les fougères ont
fouvent une odeur forte 8c défagréable : quelques-
unes font venimeufes. La fougère mâle eft un puif-
fant vermifuge.
Les moufles ont la plupart une odeur défagréable}
elles font d'ailleurs aftringentes. Les algues ont été
recommandées comme apéritives 8c déterfives : ces
vertus font peu établies.
Les champignons fourniffent une nourriture trop
fouvent incertaine 8c dangereufe. Il eft très-difficile
de diftinguer les différences eflentielles entre
les champignons nourriflans & les venimeux.
Les plantes qui ont un neélaire féparé des pétales,
font,le plus fouvent venimeufes, comme
l ’aconit , les apocins L’aconit falutaire feroit une
exception fi fes propriétés étoient bien confta-
tées, mais il paroit feulement qifil eft moins venimeux.
Les végétaux qui contiennent un fuc laiteux
font communément âcres, cauftiques ou fufpë&s,
comme les euphorbes, les apocins, les pavots : il
faut en excepter les chicoracées , qui font feulement
amères , mais qui, en vîeilliflant, deviennent
plus ligneufes| 8c font fi âcres qu'on ne peut
les goûter. .
Parmi les campanules j quelqpes-unes font venimeufes
, comme les lobelia, tandis que d'autres
ne font point nuifibles ou même fe mangent,
comme la raiponce j le fuc laiteux s’épaiflit ordinairement
en réfine ou en gomme-réfine : ce dernier
eft plus doux.
Les plantes du même genre ont ordinairement
les mêmes vertus, qui ne varient que par le degré :
la fcammonée , le turbith ,1a foldanelle, font tous
purgatifs, 8c de la famille des liferons 3 l'épurge,
l'éfule, le tithymale, font des purgatifs cauftiques
8c des efpèces d’euphorbe 3 le moli, le porreau,
l’oignon, font âcres & échauffans : ce font des espèces
d'ail ; la canellé, la caffe ligneufe , le fafla-
fras, le benjoin, font aromatiques, & des efpèces
de laurier j mais la nature dément cet ordre dans
' certaines plantes , entr'autres dans celles dont les
différentes parties ont des propriétés entièrement
oppofées. On cueille, par exemple, un fruit très-
fain fur un arbre venimeux,comme le figuier : la
pêche eft douce j fon amande eft amère ; la grenade
eft acide > fon écorce afiringente.
La connoiflance du fol 8c derl’expofition fert à
déterminer les propriétés des plantes. C ’eft dans
un terrain fec que croiffent les aromates lès plus
- v ........v i •': ; ' ’• puiflans,
puiffans, tels que la canèlle, le girofle, Iç remarin
, la lavande, la fauge, & c .} ils acquièrent
encore de la faveur en féchant. Les végétaux qui
croiffent dans un terrain gras, font ordinairement
infipides} on peut même fe fervir de ces terres
pour corriger l’âpreté : c’eft ainfi que la plupart
des plantes potagères s’adouciffent, de même que
le fruit des arbres, La culture enlève l'âpreté aux
poires & aux pommes. La fcorfonère d’Efpagne,
naturellement très-amère, s’eft adoucie, par ce
moyen ,'au point de devenir un aliment , mais elle
a perdu fes propriétés comme remède : on j>our-
roit lui fubftituer la petite fcorfonère de la campagne
, fcorfonera humilis,
Lçs plantes qui croiffent dans l’eau font le plus
fouvent âcres 8c corrofives » comme la renoncule,
la phellandrie, la ciguë, la berle, 8 c c .fu r les
bords de la mer elles font falées, comme les fai- '
fol a, le falikor, le cakile, &c. : la culture, dans, 1
un terrain gras ëc fèc peut en partie leur enlever
ces qualités. Le céleri perd, dans nos jardins, la
faveur défagréable qu’il avoir dans les terrains
humides. Le chervi s’eft adouci par la culture , au
point de devenir un aliment très-fain. Les productions
du printems font communément âcres, à
raifon de l’humidité , mais la chaleur peut encorè '
corriger l’âcreté, car on prétend que l’ail, en
Grèce, n’a plus ni faveur ni odeur défagréable.
Les plantes ont de la favèu.r dans les lieux élevés
8c arides , de l’odeur dans les montagnes j mais
cellès qui croiffent dans lés bois font communément
âcres & venimeufes , comme la ftachide'fétide
, la faint-chriftophe, la bel'a-dona. Nous obi
fervons que les fruits qui s’adouciffent dans les.
lieux éleves , bien aérés, bien expofés , deviens
nent acerbes à l’ombre. Dans un vallon dont le
fol eft gras, avec peu de foleil les fruits font j
abondans , mais fades 8c amers > expofés au midi ,
ils font mufqués, petits & durs : fur un coteau
expofé au levant, où la terre éft fubftantielle,
mêlée de gravier, ils font d’une couleur tendre ,
d’une pâte douce , d'un très-bon goût. Les raïfins
font tous à peu près les mêmes : le fuc que l'on .
en retire ne varie que par le fol & i'expofition.
La faveur 8c l’odeur indiquent le plus fouvent |
la propriété des plantes qui agiffent fur lés nerfs,
fur nos vaiffeaux , nos humeurs , de la même manière
dont elles affe&ent le goût & l’odorat : la
nature donna ces deux fens aux animaux, comme il
deux fauve-gardes pour les préfer ver des fubftan- '
ces nuifibles 5 8c nous-pouvons, avec leur fe-
cours , déterminer jufqu’à un certain point, par
upe conje&ure raifonnée ,. la force 8c la manière
d’agir des plantes.
En effet, il eft d’expérience que celles qui ont-
îa même faveur 8c la même odeur ont commu-,
nément la même vertu , tandis que celles qui ont
une faveur & une odeur différentes, diffèrent \
Botanique, Tome V ,
également par leurs propriétés} que toutes celles
qui font infipides & n’ont point d’odeur, méritent
rarement d’être employées comme remèdes,
tandis que celles.qui ont le plus de faveur & d’odeur
ont aufli le plus d’aétivité, qu’elles perdent
lorfqu’on détruit leur faveur & leur odeur, comme
on le reconnoït par les. fécules d’arum & de bryoi-
ne, &jpar la coloquinte, qui, en vieilliflant dans
les boutiques, cefient d’être purgatives.
La maftication détermine la faveur, dont les
modernes diftinguent dix efpèces : i° . l’ infipide
ou aqueux ; 2°. le fec} 30. le doux; 40. le gras ;
j°. le vifqueuxj 6®. l’acide} 70. le falé ; 8°. l’âcre >
9°. l’amère 3 iq°. l’auflère ou le ftiptique. La farine
eft fèche, le fucre eft doux, l’hurle eft graffe,
la gomme eft vifqueufë, >le vinaigre eft acide, la
moutarde;âcre, la bette amère, la noix de galle
auftère 5 5c comme on guérit fouvent par les contraires,
l’aqueux eft oppofé au fec, l’acide à l’amer,
le doux à l’âcre, le vifqueux au falé, le gras
à l’auftère.
L’aqueux humeéte, relâche, détrempe les humeurs.,
rend la matière des obftruétions plus mobile,
& celle des maladies plus fufceptible d’être
entraînée par les ’ différentes excrétions. Oh rapporte
à cette claflè, non-feulement lès b biffons
douces, dont la plupart doivent leurs vertus à
l’eau, mais l’hortolage, comme les feuilles d’épinards,
de laitue , de pourpier, de chicorée ; les.
racines de falfifis, de fcorfonère, de raves, de
choux, 8cc. Leur abus affoiblit, énerve, rend le
corps plus fufceptible de fièvres intermittentes,
& difpofe l'homme,à la ftérilité. L’eftomac , par
l’abus des boiffons chaudes, cefle d’avoir des de-
fiisj le corps n’eft plus propre qu’au repos , 8c le
tremblement furvient.
Le fec roidit, fortifie > le pain bien cuit, les
noix , le café, rétabliflent le reffort de l ’eftomac
lorfqu’il eft âffoibii par l’abus des aqueux, modèrent
le cours de ventre ; ils conviennent dans le
cas d’un trop grand embonpoint : on s’en fert extérieurement
pour les ulcères fongueux, qu’ ils
fèchent en fortifiant les chairs : leur excès produit
la conftipatron , le marafme. Les Dalécarliens, qui
mangent l’écorce du pin, font obligés, chaque
femaine, de prendre au moins deux fois du bouillon
avec du beurre.
Lès doux font falutaires 8c nourriflans ; les alimens
fucrés> les boiffons miellées, le chocolat,
les figues,- les dattes,les raifins fscs relâchent les
fibres, tempèrent l’acrimonie'des humeurs : par
leur ufage on prend de l’embonpoint, mais avec
de la foiblefle ; ils conviennent aux vieillards dont
les fibres font trop enroidies ; ils nuifsnt aux en-
fans, dont les folides font très-difpofés à la mol-'
leflè 8c au relâchement.
Les gras, les huileux, les femences émulfives
LU I