
Dans cet état de chofes néanmoins, ne peut-on
pas dire qu’il s’échappe du pollen des anthères ,
c’eft-à-dire /de chaque globule ou pouflière que
les étamines contiennent, une vapëur particulière,
un fluide très-fubtil que les bôtaniftes nomment
aura v ita lis , & que ce fluide vital, cette vapeur
fécondante & vivifiante venant à pénétrer dans
l’intérieur de l’embryon que contient la petite
graine, ÿ opère, par l’expanfibilité dé Tes parties
ou par celle qu’elles reçoivent du calorique, une
influence fur celles de l’embryon, qui les difpofe
comme il a été dit çi'-deflus. ( Voye^, dans ce Dictionnaire,
le mot Fécondation.) Voilà , cerne
femble, dit Lamarck, tout ce que l’on peut dire de
plus raifonnable fur ce fujet obfcur , mais curieux.
Les végétaux annuels paroifîent être les feuls
qui fe reproduifent uniquement par la génération
fex.üélle , en forte qu’ils ne peuvent fe propager
& fe. multiplier que' par ce.feul mode de reproduction
j mais tous les végétaux ne font nullement
dans ce' cas , & nous allons voir, qu’un grand
nombre d’entr’eux fe reproduifent ou peuvent fe
reproduire , & par la génération fexuelle , & en
même tems par un autre mode qui en eft très-différent
, & auquel je donne le nom de multiplication
par réparation de parties ; enfin nous verrons qu’il
y a des végétaux qui n’ont, pour fe reproduire ,
que ce dernier mode de multiplication. Au relie ,
le peu de durée des végétaux annuels & la chétive
confiftance de leurs parties fembleroient devoir
les faire confidérer comme des végétaux à organi-
fation plusfimple que les végétaux qui vivent plu-
fieurs années ; mais on fe tromperoit à cet égard,
car iis font loin de l’extrémité qui préfente les végétaux
les plus imparfaits.
La multiplication par fépar a t ion de parties eft un
mode'de propagation des corps vivans , qui eft fort
différent de celui qui s’effe&ue par la génération
fexuelle. Ce mode de propagation s’obferve dans
les animaux imparfaits ou dont l’organifation eft
tiès-peu compliquée, & ën qui la reproduction, j
par la génération fexuelle, ne paroît pas exifter. j
On retrouve aufli cè mode fingulier de multipli- ■
cation dans un grand nombre de végétaux où la nature
l’emploie indépendamment de la génération
fexuelle 5 mais dans les végétaux les plus imparfaits,
c’eft-à-dire;, dans ceux où l ’organifation fe
trouve la moins compofée, ce mode eft , comme
dans les animaux imparfaits, la feule reflburce qu’a
la nature pour multiplier Jes individus. ,
En effet, dans le plus grand nombre de végétaux,
la reproduction des ihdividùS', par Ia‘ génération
fexuelle, s’obferve'avec la plus grande évidence.
Voilà un point d’analogie entr’eux & les animaux,
qui indique que ce mode de génératiori eft le propre
de tout être vivant dontl’organifation a atteint un
certain degré de complication ou de perfectionnement.
Néanmoins, datis1 les vé’gétaùx qui vivent
plus de deux années, la reproduction , par la génération
fexuelle, n’ëft pas la feule faculté de propagation
dont jouiffent ces végétaux ; ils ont encore
celle de pouvoir être multipliés par des boutons
, des cayeux, des bulbes , des drageons , des
marcottes , &c. ( voye£ ces mots ) , enfin par des
fciffions particulières & artificielles de portions de
ces végétaux, auxquelles <?n donne le nom de boutures.
Ces divers moyens qui compofent erifemble le
mode de multiplication par féparation de parties ,
font apparemment le réfultat d’une force particulière
de reproduction qui tend à concentrer & à
ifoler fes effets , & ils ne peuvent avoir lieu que
parmi ceux des corps vivans dont les organes ef-
fentiels à la confervation de la vie font également
étendus partout. La génération fexuelle ne reproduit
pas toujours aufli exactement le végétal que
les autres modes de multiplication que nous venons
d’indiquer.
§. VII. Des parties extérieures des plantes,'
■ Quoique chacune des parties ou des organes extérieurs
qui conftituent les plantes, doive être
& ait déjà été traitée ifolément dans cet ouvrage,
nous ne pouvons , pour compléter cet article,
nous difpenfer d’en préfenter ici l’énfemble, réfer-
vant les détails pour les articles qui en traitent fpé-
cialement.
i°. La Racine eft cette partie inférieure des
plantes, qui s’enfonce ordinairement en terres c’eft
une tige defcendante, dont l’accroiffement féfait,
tantôt de haut en bas, tantôt horizontalement, &
qui eft garnie de ramifications ou de filets capillaires
plus ou moins abondans, que l’on nomme
chevelus. Les racines Tiennent la plante fixée en
terre s elles, font prefque toujours proportionnées
à la force , à l’élévation des plantes qu’elles fou-
tiennent; mais leur.principal ufage eft , en alon-
geant fous la terre leurs chevelus, d’aller puifer
dans fon fein la nourriture qui convient à chaque
plante.'Elles font tellement propres à remplir cette
fonction importante, que s’il arrive qu’ elles foient
placéés dans lin foPàiide à côté d’un plus fertile ,
alors, comme fi elles étoient douées d’une fenfi-
bilité particulière, elles abandonnentleur direction
naturelle pour fe porter Vers lé fol plus propre a
les nourrir..
Les racines ne bornent point là ,leurs fervices :
un grand nombre d’entr’ellçs , furtout celles qui
produifent des noeuds, des bulbes, des tubérofités,
concourent encore à multiplier les efpèces. De ces
différentes parties s’élèvent de nouvelles plantes
qui fuppléent aux graines lorlque celles-ci viennent
à manquer, Des expériences curieufes ont prouvé
que les racines pouyoient fe changer én branches,
fe‘ couvrir de feuilles, de fleurs & de fruits, &
les branches prendre la place des racines , en pla- !
çant ces mêmes branches dans une fituation ren-
verlée ; ce qui s’exécute aifément, furtout dans ,
les arbres qui, comme les faules, reprennent fa- ■
cilement de boutures. Cette expérience , qui ne
paroît d’abord qu’un fimple objet de curiofité ,
peut cependant nous fournir des lumières fur la
circulation de la fève, & nous prouver d’un autre
côté, qu’il exifte bien peu de différence entre les
racines & les tiges, que les premières ne font réellement
qu’un prolongement des dernières, &c.
Il y a des plantes dont les racines s’attachent aux
corps les plus durs , comme les lichens & les
moufles qui croiflent fur la pierre & fur l’écorce
des arbres : nous avons vu quel étoit en cela le -
but de la nature j d’autres plantes nagent à fleur
d’eau fans adhérer à la terre , comme la lentille
d’eau j d’autres paroifîent entièrement privées de
racines, comrçie les byfliis , les noftocs , les con-
fervas, &c. 5 d’autres enfin femblent en être tout-
à-fait compofées & 11’avoir aucune autre partie ,
comme les truffes.
La forme, la ftru&ure , la durée, la fituation
des racines étant différentes dans les différentes
plantes, on a donné à cette partie diverfes dénominations
particulières pour en exprimer les caractères
les plus faillans, & que nous renvoyons
au mot Racine dans ce Dictionnaire.
Une racine n’a pas toujours bêfoin d’être entière
pour produire une plante. Une petite tranche de la
racine de pomme de terre ( folanum tuberofum), mife
en terre, vit, & reproduit très-aifément une plante
complète j mais il faut pour cela que cette portion
de racine ait un oeil ou une efpèce de noeud. Dans
ce cas, toute autre partie du végétal paroît jouir
de la même faculté.
On remarque un rapport & une correfpondance
fingulière entre les racines & les tiges j car les
unes & les autres fe développent & fe divifent
affez uniformément, quoiqu’enfens inverfe, puif-
que la plupart des tiges s’élèvent au deflus du fol
à mefure que les racines defcendent en s’y enfonçant.
Il paroît d’ailleurs que le chevelu des racines
correfpond au feuillage des tiges , & que de part
& d’autre le feuillage & le .chevelu fe renouvellent
dans certain tems \ enfin on obferve aflez fouvent
qu’une tige qui fournit peu de branches ou qu’on
empêche de s’élever, n’a ordinairement que de
médiocres racines.
i ° . De la racine s’élève la T ige , à laquelle la
plante doit eh partie fa force & faLbèauté. .C’eft
cette partie de la plante, qui part directement de
cette extrémité Tupérieure de la racine , qu’on
nomme le collet , qui monte enfuite perpendiculairement
dans l’air , ou rampe fur la terre , ou
enfin grimpe autour des différons, corps qu’elle
•rencontre, 1
La tige, dont les branches & les rameaux ne
font que des divifîons , peut être regardée comme
une partie du corps du végétal, ou au moins comme
la portion afcendante de fon corps , la racine en
étant la portion defcendante j enfin comme la partie
qui s’élève & plonge dans l’atmofphère, tandisque
l’autre s’enfonce dans un milieu tout différent. C ’eft
de cette portion afcendante du corps du végétal,
de la tige en un mot, que fortent les feuilles, les
fupports & les organes de la fructification de la
plante.
La tige j dit Bonnet, fe pr^fente fous différentes
formes ; tantôt, comme dans les graminées , façonnée
en manière de tuyau , elle eft fortifiée par
des noeuds habilement ménagés 5 tantôt, comme
dans la vigne, trop foible pour fe loutenir par elle-
même, elle fait s’entortiller autour de quelqu’appui
folide, ou s'y cramponner à l’aide de petites mains
ou de vrilles : ailleurs , comme dans les arbres ,
c’eft une forte colonne qui porte dans les airs une
tête orgueilleufe.
Les branches s’élancent, comme autant de bras,
hors du tronc de la tige, fur laquelle elles font distribuées
avec beaucoup de régularité. Elles fe divifent
& fe foudivifent en plufieurs rameaux toujours
plus petits, & les foudivrfîons fuivent ordinairement
le même ordre que les divifions principales.
La tige reçoit différensnoms, félonies différences
des plantes qui en font pourvues ; ce qui fait qu’on
en diftingue de plufieurs fortes ; favoir :
Le tronc proprement dit : c’eft la partie qui fou-
tient les branches & les feuilles dans les arbres &
les arbrifleaux : elle a ordinairement des dimenfions
très-confidérables ; elle eft toujours dure, ligneufe,
& s’élève le plus ordinairement dans une direction
perpendiculaire à 1 horizon. Cette même partie eft
compofée, i°. de l 'é p id e rm e , qui en eft L’enveloppe
extérieure > i ° . d’une peau épaiffe fituée fous l’épiderme
, & qui porte le nom à!écorce ; 30. de l ’au-
bitr, qui eft la partie extérieure & imparfaite du
corps ligneux, celle qui fe trouve immédiatement
fous l’écorce & fous fon tiffu vafculaire 5 40. du
bois ou corps ligneux, & qui eft une mafle de fibres
parfaitement ligneufés, compacte , folide & très-
dure , fituée fous l’aubier > j ° . enfin là moelle , qui
eft cette maffe longitudinale d’utricules lâches qui
occupe le centre du corps ligneux, mais qui fe del-
, fèche & difparoît par la vieilleffe, dans les troncs
de quantité d’arbres, & furtout de ceux abois dur.
La tige eft le tronc propre des .herbes & des foufr
arbrifleaux :elles’é!ève en général beaucoup moins
que le tronc , & a , furtout dans lès herbes, beaucoup
moins de confiflance.
Il y a des plantes qui font dépourvues de tiges,
& alors les fleurs & les feujlles, ou les pétioles ôc
C § â