La force d’impulfion leur eft fubordonnée, elle dépend
de la première pour fes effets particuliers, & tient à la
fécondé pour l’effet général ; comme l’impuifion ne peut
s’exercer qu’au moyen du reffort, & que le reffort n’agit
qu’en vertu de la force qui rapproche les parties éloignées,
il eft clair que l’impuifion a befbin , pour opérer, du
concours de l’attraélion ; car fi la matière ceffoit de
s’attirer, fi les corps perdoient leur cohérence, tout
reffort ne feroit-il pas détruit, toute communication de
mouvement interceptée, toute impulfion nulle! puifque,
dans le fait (a ) , le mouvement ne fè communique & ne
peut fe tranfmettre d’un corps à un autre que par l’élafticité;
qu’enfxn on peut démontrer qu’un corps parfaitement dur,
c ’eft-à-dire abfolument inflexible, feroit en même temps
abfolument immobile & tout-à-fàit incapable de recevoir
l ’action d’un autre corps (b). L ’attraélion étant un effet
(a) Pour une plus grande intelligence
, je prie mes Leâeurs
de revoir la lèconde partie de
l ’article de cet ouvrage qui a pour
titre : De la Nature, feconde vue.
( b ) La communication du
mouvement a toujours été regardée
comme une vérité d’expérience
, les plus grands Mathématiciens
fè font contentés d’en
calculer les réfultats dans les différentes
circonstances , & nous ont
donné fur cela des règles & des
formules., où. ils ont employé
beaucoup d’art ; mais perfonne, ce
me fembîe, n’a jufqu’ici confidéré
la nature intime du mouvement,
& n’a tâché de fè rêpréfenter &
de préfènter aux autres la manière
phyfîque dont le mouvement fè
tranfînet & paffe d’un corps à un
autre corps. On a prétendu que les
corps durs pouvoient le recevoir
comme les corps à refïort, & fur
cette hypothèfe dénuéede preuves,
on a fondé des propofitions &,de>
D E S M I n e R A U x , I ." Partie. 3
général, confiant & permanent, l’impuifion qui, flans la
plupart des corps eft particulière, & n’eft ni confiante ni
calculs dont on a tiré une infinité
de fàufîes conféquences. Car les
corps fuppofés durs & parfaitement
inflexibles, ne pourroient recevoir
le mouvement. Pour le prouver,
foit un globe parfaitement dur,
c ’eft-à-dire inflexible dans toutes fes
parties, chacune de ces parties ne
pourra par confe'qüent être rapprochée
ou éloignée de la partie voi-
line, fins quoi cela fèroit contre la
fuppofition ; donc dans un globe
parfaitement dur, ies parties ne
peuvent recevoir aucun déplacement
, aucun changement, aucune
action, car fi elles recevoient une
atftion elles auroient une réaétion,
les corps ne pouvant réagir qu’en
agifîànt. Puis donc que toutes les
parties prifès féparément, ne peuvent
recevoir aucune action, elfes
ne peuvent en communiquer ; la
partie poftérieure qui eft frappée
la première, ne pourra pas communiquer
le mouvement à la partie
antérieure , puifque cette partie
poftérieure qui a été fuppofée inflexible
, ne peut pas changer eu
.égard aux autres parties; donc il
feroit impbfîible de communiquer
aucun mouvement à un corps
inflexible. Mais l’expérience nous
apprend qu’on communique le
mouvement à tous les corps ;
donc tous les corps font à reffort,
donc il n’y a point de corps
parfaitement durs & inflexibles
■ dans la Nature. Un de mes amis,
. ( M. Gueneau de Montbeillard)
homme d’un excellent efprit, m’a
écrit à ce fùjet dans les termes
fuivans. ce De la fuppofition de
l’immobilité abfolue des corps ce
abfolument durs, il fuit qu’il cc
ne faudrait peut-être qu’un pied ce
cube de cette matière pour arrê- ce
ter tout le mouvement de l’Uni- ce
vert connu : & fi cette immo- ce
bilité abfolue étoit prouvée , il »
lèmble que ce n’eft point afïèz ce
de diré, qu’il n’exifte point de ce
ces corps dans la Nature, & ce
qu’on peut les traiter d’impofi ce
fibies , & dire que fa fuppofition ce
de leur exiftence eft abfurde ; ce
car le mouvement provenant du ce
reffort leur ayant été refùfé, ils ce
ne peuvent dcs-lors être capa- <c
blés du mouvement provenant ce
de l’attraélion , qui eft par l’hy-ce
pôthèfe la caufè du refïort. »
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