Cependant on viendrait à bout de ces difficultés, fi
le produit de la calcination étoit a fiez confidérable pour
équivaloir & même furpafler la dépenfe de la confomma-
tion du bois; il faudrait pour s’en afiiirer, commencer
par calciner le plâtre avec un miroir de vingt-quatre pièces,
& fi cela réufiîfloit, faire deux autres miroirs pareils, au
ljeu d’en faire un grand de foixante-douze pièces ; car en
faifànt coïncider les foyers de ces trois miroirs de vingt-
quatre pièces.on produira une chaleur égale, & qui ferait
aflez forte pour calciner le marbre ou la pierre dure.
Mais une chofe très - eflentielle relie douteufè, c ’elt
de lavoir combien il faudrait de temps pour calciner,
par exemple, un pied cube de matière, ffir-tout fi ce
pied cube n’étoit frappé de chaleur que par une face ! je
vois qu’il fe pafleroit du temps avant que la chaleur n’efit
pénétré toute fon épaifieur, je vois que pendant tout ce
temps, il s’en perdroit une aflez grande partie qui fortiroit
de ce bloc de matière après y être entrée ; je crains donc
beaucoup que la pierre n’étant pas faifie par la chaleur
de tous les côtés à1 la fois, la calcination ne fût très-lente,
& le produit en chaux très-petit. L ’expérience feule peut
ici décider ; mais il faudrait au moins la tenter fur les
matières gypfeufes dont la calcination doit être une fois
plus prompte que celle des pierres calcaires ( f ) .
( f ) Il vient de paroître un petit
Ouvrage rempli de grandes vues,
de M. l’Abbé Scipion Bexon, qui
a pour titre : Syjlème de la ferti-
lifation. II propofe mes miroirs
comme un moyen facile pour
réduire
En concentrant cette chaleur du Soleil dans un four
qui n’auroit d’autre ouverture que celle qui laifieroit entrer
la lumière, on empêcherait en grande partie la chaleur
de s’évaporer, & en mêlant avec les pierres calcaires
une petite quantité de brafque ou poudre de charbon qui
de toutes les matières combullibles eft la moins chère;
cette légère quantité d’alimens fùffiroit pour nourrir &
augmenter de beaucoup la quantité de chaleur, ce qui
produirait une plus ample & plus prompte calcination,
& à très-peu de frais, comme on l’a vu par la fécondé
expérience du quatrième Mémoire.
3.0 Ces miroirs d’Archimède peuvent fèrvir en effet à
mettre le feu dans des voiles de vaifleaux, & même dans
le bois goudronné à plus de 150 pieds de diftance; on
pourroit s’en fervir aufli contre fes ennemis en brûlant
les blés & les autres produélions de la terre ; cet effet
qui ferait aflez prompt, ferait très - dommageable, mais
ne nous occupons pas des moyens de faire du mal, &
ne penfons qu’à ceux qui peuvent procurer quelque bien
à l’humanité.
4.0 Ces miroirs fourniflent le feul & unique moyen qu’il
y ait de mefùrer exactement la chaleur, il eft évident que
deux miroirs dont les images lumineufès fè réunifient,
produifènt une chaleur double dans tous les points de la
réduire en chaux toutes les matières
calcaires ; mais il leur attribue
plus de puilïânce qu’ils n’en ont
* Supplément. Tome 1.
réellement, & ce n’eft qu’en les
multipliant qu’on pourroit obtenir
les grands effets qu’il s’en promet.
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