Ainfi l ’on ne doit pas inférer de tout ce que j’ai dit,
que la lumière puifle exifter fins aucune chaleur, mais
feulement que les degrés de cette chaleur font très- différais,
félon les différentes circonlfances, & toujours
infenfibles lorfque la lumière eft très-foible (i). La chaleur
au contraire paroît exifter habituellement, & même fo
faire fèntir vivement fins lumière ; ce n’eft ordinairement
que quand elle devient exceffive que la lumière l’accompagne.
Mais ce qui mettroit encore une différence bien
( i) On pourrait même préfii-
iner que la lumière en elle-même
eft compofée de parties plus ou
moins chaudes ; le rtiyon rouge,
dont les atomes font bien plus
jnaflifs (St- probablement plus gros
que ceux du rayon violet, doit
en toutes çirçonliances , çonferver
beaucoup plus de chaleur, &
cette préfomption me paroît afïêz
fondée pour qu’on doive chercher
à la çonft.ater par l’expérience ; il
ne faut pour pela que recevoir au
fortir du prifine, une égale quantité
de rayons rouges & de rayons
violets ,v fur deux petits miroirs
concaves ou deux lentilles réfringentes
, & voir au thermomètre
le xç Aaltat. de lai chaleur des uns &
des autres. .
Je me rappelle une autre expérience
qui fcmble démontrer
que les atomes bleus de la lumière
font plus petits que ceux des autres
couleurs ; c ’eft qu’en recevant for
une feuille très-mince d’or battu
la lumière du foleil, elle fo réfléchit
toute., à l’exception des rayons
bleus qui paflent à travers la feuille
d’o r , & peignent d’un beau bleu
le papier blanc qu’on met à quelque
diflance derrière la feuille d’or."
Ces atomes bleus font donc plus
petits que les autres, puifqu’ils
paflent où les autres ne peuvent
pafler : mais je n’infifte pas fur
lés çonfequçnces qu’on doit , tirer
de cette expérience, parce que
cette couleur bleue produite en
apparence par la feuille d’or , peut
tenir au phénomène des ,ombres
bleues, dont je parlerai dans un
des Mémoires fuivans.
d e s M i n é r a u x , I.re Partie. 32
eflentielie entre ces (feux modifications de la matière,
c ’eft que la chaleur qui pénètre tous les corps, ne paroît
fe fixer dans aucun, & ne s’-y arrêter que peu de temps, au
lieu que la lumière s’incorpore, s’amortit & s’éteint dans
tous ceux qui ne la réfléchiffent pas, ou qui ne la iaiflent
pas pafler librement. Faites chauffer à tous degrés des corps
de toute forte, tous perdront en afle'z peu de temps la
chaleur acquife, tous reviendront au degré de la température
générale, & n’auront par confëquent que la même
chaleur qu’ils avoient auparavant. Recevez de même la
lumière en plus ou moins grande quantité for des corps
noirs ou blancs, bruts ou polis, vous reconnoîtrez aifo-
ment que les uns l ’admettent, les autres la repouflent,
& qu au lieu d etre affeélés d’une manière uniforme,
comme ils le font par la chaleur, ils ne le font que d’une
manière relative à leur nature, à leur couleur, à leur poli ;
les noirs abforberont plus la lumière que les blancs, les
bruts plus que les polis. Cette lumière Une fois abforbée,
refte fixe & demeure dans les corps qui l’ont admife,
elfe ne reparoît plus, elle n’en fort pas comme le fait la
chaleur ; d ou l’on devroit conclure que les atomes de la
lumière peuvent devenir parties conftituantes des corps
en s unifiant à la matière qui les compofe ; au lieu que
la chaleur ne fe fixant pas, fomble empêcher au contraire
1 union de toutes les parties de la matière & n’agir que
pçur les tenir foparées.
Cependant il y a des cas où la chaleur fo fixe à demeure
dans les corps, & d’autres cas où la lumière qu’ils ont