comparer la ténacité ‘du bon fer avec celle du fer commun»
C e cercle de 2 6 pieds \ de circonférence étoit de deux
pièces, retenues & jointes enfemble par deux clavettes
de fer palfées dans des anneaux forgés au bout des deux
bandes de fer; la largeur de ces bandes étoit de 30 lignes
for 5 d’épaiffeur : cela fait 1 50 lignes quarrées qu’on ne
doit pas doubler, parce que fi ce cercle eût rompu, ce
n’aurait été qu’en un feul endroit, & non pas en deux
endroits oppofés comme les boucles ou le grand cadre
quarré. Mais l’expérience me démontra que pendant un
fondage de quatre mois, où la chaleur étoit même plus
grande que dans le fondage précédent, ces 150 lignes
de bon fer réfiflèrent à fon effort qui étoit de 35480
livres ; d’où l’on doit conclure avec certitude entière,
que le bon fer, c ’eft-à-dire, le fer qui efl prefque tout
nerf, efl au moins cinq fois auffi tenace que le fer fàns
nerf & à gros grains.
Que l’on juge par-là de l ’avantage qu’on trouveroit
à n’employer que du bon fer nerveux dans les bâtimens
& Hans la conflruétion des vaiffeaux , il en faudrait les
trois quarts moins, & l’on auroit encore un quart de
fôlicfité de plus.
Par de femblables expériences , & en faifant malléer
une fo is, deux fois , trois fois des verges de fer de
différentes groffeurs , on pourrait s’affurer du maximum
de la force du fer, combiner d’une manière certaine la
légèreté des armes avec leur folidité, ménager la matière
dans les autres ouvrages fans craindre la rupture, en un
d e s M i n é r a u x , P artie E xp é rim en ta le. 3 4 7
mot, travailler ce métal fur des principes uniformes &
conftans. Ces expériences font le feul moyen de perfectionner
l ’art de la manipulation du fer ; l’Etat en tirerait
de très-grands avantages, car il ne faut pas croire que la
qualité du fer dépende de celle de la mine , que, par
exemple, le fer d’Angleterre g ou d’Allemagne, ou de
Suède foit meilleur que celui de France ; que le fer de
Berri foit plus doux que celui de Bourgogne : la nature
des mines n’y fait rien ; c ’efl la manière de les traiter
qui fait tout, & ce que je puis affurer pour l’avoir vu par
moi-même, c ’eff qu’en malléant beaucoup & chauffant
peu, on donne au fer plus de force, & qu’on approche
de ce maximum dont je ne puis que recommander la
recherche , & auquel on peut arriver par les expériences
que je viens d’indiquer.
Dans les boulets que j ’ai fournis plufieurs fois à l’épreuve
du plus grand feu, j ’ai vu que le fer perd de fon poids
& de fà force d’autant plus qu’on le chauffe plus fouvent
& plus long-temps ; fà fobflance fe décompofe, fà qualité
«’altère, & enfin il dégénère en une efpèce de mâchefer
ôu de matière poreufo, légère, qui fe réduit en une forte
de chaux par la violence & la longue application du feu :
le mâchefer commun efl d’une autre efpèce, & quoique
vulgairement on croie que le mâchefer ne provient &
même ne peut provenir que du fer , j ’ai la preuve du
contraire. Le mâchefer efl à la vérité une matière produite
par le feu, mais pour le former il n’efl pas néceffaire
d’employer du fer ni aucun autre métal ; avec du bois &
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