pure, mais un compofé dans lequel font entrées des
matières fondantes, & duquel le feu a enlevé les parties
les plus légères.
Ainfi la platine au lieu d’être d’une denfité égale ou
prefqu’égale à celle de l’or pur, comme l’ont avancé
les Auteurs qui en ont écrit, n’eft que d’une denfité
moyenne entre celle de l’or & celle du fer, & feulement
plus voifine de celle de ce premier métal que de celle du
dernier. Suppofànt donc que le pied cube d’or pèfè treize
cents vingt-fix livres, & celui du fer pur cinq cents quatre-
vingts livres, celui de la platine en grains fè trouvera
pefer environ onze cents quatre-vingt-quatorze livres, ce
qui fùppoferoit plus des trois quarts d’or fur un quart de
fer dans cet alliage, s’il n’y a pas de pénétration; mais
comme on en tire fix feptièmes à l’aimant, on pourrait
croire que le fer y eft en quantité de plus d’un quart,
d’autant plus qu’en s’obflinant à cette expérience, je fuis
perfiiadé qu’on viendrait à bout d’enlever avec un fort
aimant, toute la platine jufqu’au dernier grain. Néanmoins
on n’en doit pas conclure que le fer y foit contenu en fi
grande quantité; car lorfqu’on le mêle par la fonte avec
l’o r , la maffe qui réfulte de cet alliage eft attirable par
l’aimant, quoique le fer n’y foit qu’en petite quantité: j’ai
vu entre les mains de M. Baumé, un bouton de cet alliage
pelant fbixante-fix grains, dans lequel il n’étoit entré que
fix grains, c ’eft-à-dire un onzième de fer, & ce bouton
fè laifïoit enlever aifement par un bon aimant. Dès-lors
la platine pourrait bien ne contenir qu’un onzième de fer
fur
d e s M i n é r a u x , Partie E xp é rim en ta le . 3 1 3
fur dix onzièmes d’or, & donner néanmoins tous les
mêmes phénomènes, c’eft-à-dire, être attirée en entier
par l’aimant; & cela s’accorderait parfaitement avec la
pefanteur fpécifique qui eft d’un dixième ou d un douzième
moindre que celle de l’or.
Mais ce qui me fait préfùmer que la platine contient
plus d’un onzième de fer fur dix onzièmes d’or, c ’eft que
l’alliage qui réfulte de cette proportion, eft encore couleur
d’or & beaucoup plus jaune que ne l’eft la platine la plus
colorée, & qu’il faut un quart de fer fur trois quarts d’or
pour que l ’alliage ait précifément la couleur naturelle de
la platine. Je fuis donc très-porté à croire qu’il pourrait
bien y avoir cette quantité d’un quart de fer dans la platine.
Nous nous fbmmes allurés,M. T ille t&moi, parplufieurs
expériences, que le fablon de ce fer pur que contient la
platine, eft plus pelant que la limaille de fer ordinaire ; ainfi
cettejcaufe ajoutée à l’effet de la pénétration, fuffit pour
rendre raifon de cette grande quantité de fer contenue
fous le petit volume indiqué par la pefanteur fpécifique
de la platine.
Au relie, il eft très-poffible que je me trompe dans
quelques-unes des conféquences que j ’ai cru devoir
tirer de mes obfervations fur cette fubftance métallique;
je n’ai pas été à portée d’en faire un examen auffi approfondi
que j’aurais voulu ; ce que j’en dis, n’eft que
ce que j ’ai vu , & pourra peut-être fervir à faire voir
mieux.
Supplément. Tonte 1, I Rr