qu’il exifte dans la Nature une féconde matière qui, comme
le fer, eft attirable par l’aimant; mais cette fùppofitiort
gratuite tombera par les autres faits que je vais rapporter.
Toute la platine que j’ai eu occafion d’examiner, m’a
paru mélangée de deux matières différentes, l’une noire
& très-attirable par l’aimant, l’autre en plus gros grains
d’un blanc livide un peu jaunâtre & beaucoup moins
magnétique que la première ; entre ces deux matières qui
font les deux extrêmes de cette efpèce de mélange, fe
trouvent toutes les nuances intermédiaires, foit pour le
magnétifme, foit pour la couleur & la groffeur des grains.
Les plus magnétiques qui font en même temps les plus
noirs & les plus petits, fè réduifènt aifement en poudre
par un frottement allez léger, & laiffent fur le papier
blanc la même couleur que le plomb frotté. Sept feuilles
de papier dont on s’eft fervi fiicceffivement pour expofer
la platine à i’aétion de l’aimant, ont été noircies fur toute
l’étendue qu’occupoit la platine, les dernières feuilles
moins que les premières à mefîire qu’elle fè trioit, & que
les grains qui reftoient étoient moins noirs & moins magnétiques.
Les plus gros grains, qui font les plus colorés
& les moins magnétiques, au lieu de le réduire en pouf
fière comme les petits grains noirs, font au contraire très-
durs & réfiftent à toute trituration; néanmoins ils font
fufceptibles d’extenbon dans un mortier d’agate ( c ) ,
(c) Nota. Je n’ai pas voulu les étendre fur ie tas d’acier, dans la
crainte de leur communiquer plus de magnétifme qu’ils n’en ont
naturellement.
fous
d e s M i n é r a u x , Partie E xp é rim en ta le. 30 5
fous les coups réitérés d’un pilon de même matière, &
j’en ai aplati & étendu plufieurs grains au double & au
triple de l’étendue de leur furface ; cette partie de la platine
a donc un certain degré de malléabilité & de duélilité,
tandis que la partie noire ne paroît être ni malléable ni
duftile. Les grains intermédiaires participent des qualités
des deux extrêmes, ils font aigres & durs, ils fè caffent
ou s’étendent plus difficilement fous les coups du pilon r
& donnent un peu de poudre noire r mais moins noire
que la première.
Ayant recueilli cette poudre noire & les grains les
plus magnétiques que l ’aimant avoit attirés les premiers,
j’ai reconnu que le tout étoit du vrai fer, mais dans un
état différent du fer ordinaire. Celui-ci réduit en poudre
& en limaille, fe charge de l’humidité & fe rouille aifé-
ment; à mefùre que la rouille le gagne, il devient moins
magnétique & finit abfolument par perdre cette qualité
magnétique lorfqu’il eft entièrement & intimement rouillé:
au lieu que cette poudre de fer, ou fi l’on veut ce fablon
ferrugineux qui fè trouve dans la platine, eft au contraire
inacceffible à la rouilfe quelque long-temps qu’il foit expofé
à l’humidité ; il eft auffi plus infufible & beaucoup moins
diffoluble que le fer ordinaire, mais ce n’en eft pas moins
du fer qui ne m’a paru différer du fer connu que par une
plus grande pureté. C e fàblon eft en effet du fer abfolument
dépouillé de toutes les parties combuftibles, fàlines
& terreufes qui fe trouvent dans le fer ordinaire & meme
dans l’acier ; il paroît enduit & recouvert d un vernis vitreux
Supplément. Tome I. • Q ci