mouvement de l ’air ne peut ni contrarier ni changer!
puifqu’en foufflant, comme je l’ai éprouvé, avec un fort
fbufïïet fur le cône lumineux d’un miroir ardent, on ne
diminue point du tout l’aétion de la lumière dont il eft
compofé, & qu’on doit la regarder comme une vraie
flamme plus pure & plus denfe que toutes les flammes
de nos matières combuflibles.
C ’eft donc par la lumière que le feu fe communique, &
la chaleur feule ne peut produire le même effet que quand
elle devient affez forte pour être lumineufè. Les métaux,
les cailloux, les grès, les briques, les pierres calcaires,
quel que puiffe être leur degré différent de chaleur, ne
pourront enflammer d’autres corps que quand ils feront
devenus lumineux. L ’eau elle-même, cet élément deftruc-
teur du feu, & par lequel feul nous pouvons en empêcher
la communication, le communique néanmoins lorfque
dans un vaiffeau bien fermé, tel que celui de la marmite
de Papin ( f ) , on la pénètre d’une affez grande quantité de
feu pour la rendre lumineufe, & capable de fondre le
plomb & l’étain ; tandis que quand elle n’eft que bouillante,
loin de propager & de communiquer le feu, elle l’éteint fur
le champ. Il eft vrai que la chaleur feule fùffit pour préparer
& difpofer les corps combuflibles à l’inflammation,
& les autres à l’incandefcence ; la chaleur chafle des corps
( f ) Dans le Digejieur de Papin,
la chaleur de l’eau eft portée au
point de fondre le plomb & l’étain
qu’on y a fulpendus avec du fil de
fer ou de laiton. Aluffchenbroeck,
EJjai de phyfique, page 4 3 4 , cité
par M. de Mairan, Dijfertationjùr
la glace, page 1 $ 2 .
toutes les parties humides, c ’eft-à-dire, l’eau qui de toutes
les matières eft celle quis’oppofe le plus à l ’aftion du feu;
& ce qui eft remarquable, c ’eft que cette même chaleur
qui dilate tous les corps ne laide pas de les durcir en les
séchant ; je l’ai reconnu cent fois, en examinant les pierres
de mes grands fourneaux, fùr-tout les pierres calcaires,
elles prennent une augmentation de dureté proportionnée
au temps qu’elles ont éprouvé la chaleur; celles, par
exemple, des parois extérieures du fourneau, & qui ont
reçu fans interruption , pendant cinq ou fix mois de fuite,
quatre-vingts ou quatre-vingt-cinq degrés de chaleur
confiante, deviennent fi dures, qu’on a de la peine à
les entamer avec les inftrumens ordinaires du tailleur de
pierres; on diroit qu’elles ont changé de qualité, quoique
néanmoins elles la confervent à tous autres égards, car ces
mêmes pierres n’en font pas moins de la chaux comme
les autres lorfqu’on leur applique le degré de feu néceflaire
à cette opération.
Ces pierres devenues dures par la longue chaleur qu’elles
ont éprouvée, deviennent eamême temps fpécifiquement
plus pefantes ( t j ; de-là, j’ai cru devoir tirer une induction
qui prouve & même confirme pleinement, que la
chaleur, quoiqu’en apparence , toujours fugitive, & jamais
fiable dans les corps qu’elle pénètre, & dont elle femble
conftamment s’efforcer de fortir, y dépofe néanmoins
( t ) Voyez fur cela ics expériences dont je rends compte dans la
partie expérimentale de cet ouvrage.