Cette grande chaleur qui réfide dans l’intérieur du
globe, qui fans ceffe en émane à l ’extérieur, doit entrer
comme élément dans la combinaifon de tous les autres
élémens. Si le loleil eft le père de la Nature, cette chaleur
de la terre en eft la mère, & toutes deux fe réunifient
pour produire, entretenir, animer les êtres organifés, &
pour travailler, affimiler, compofer les lûbftances inanimées.
Cette chaleur intérieure du globe qui tend toujours
du centre à la circonférence, & qui s’éloigne perpendiartificiellement
cinq cents quatre-
vingt - douze degrés de froid à
Péterfbourg, le 6 Janvier 1760,
le froid naturel étant de trente-un
degrés au-deffous de la congélation
; & fi l’on eût fait la même
expérience en Sibérie , où le froid
naturel eft quelquefois de foixante-
dix degrés, on eût produit un
froid de plus de mille degrés ; car
on a obfèrvé que le froid artificiel,
fuivoit la même proportion qüe
le froid naturel. O r , 3 1 ,: 502
'4.;: 70 : 13 3 6 ; il feroit donc
poffibie de produire en Sibérie un
froid de treize cens trente-fix degrés
au - deffous de la congélation ;
donc le plus grand degré de froid
poffibie doit être fuppofe bien
au-delà de mille ou même de treize
cents trente - fix pour en faire
l ’unité, à laquelle on rapporte les
degrés. de la chaleur, tant folaice
que terreftre, ce qui ne laiïîer*
pas d’en rendre la différence encore
plus grande.—Une autre remarque
que j’ai farte , en examinant laconf-
trùélion de la table, dans laquelle
M. de Mairan donne les rapports
de la chaleur des émanations du
globe terreftre à ceux de la chaleur
folaire pour tous les climats de La
terre, c’eft qu’il n’a pas penfé ou
qu’il a négligé d’y faire entrer la
confidération de l’épailfeur du
globe, plus grande fous l’équateur
que fous les pôles. Gela néanmoins
devroit être mis en compte , &
aurait un peu changé' les rapports
qu’il donne pour chaque latitude__
Enfin une troifième remarque, &
qui tient à la première, c’eft qu’il
dit (page 160) qu’ayant fait conf-
truite une machine quiétoit comme
culairement de la fiirface de la terre, eft, à mon avis un
grand agent dans la Nature; l’on ne peut guère douter
qu’elle n’ait la principale influence fur la perpendicularité
de la tige des plantes, furies phénomènes de l’électricité,
dont la principale caufe eft le frottement ou mouvement
en fens contraire, furies effets du magnétifme,&c. Mais
comme je ne prétends pas faire ici un Traité dePhyfique,
je me bornerai aux effets de cette chaleur fier les autres
jjn extrait de mes miroirs brûlans,
& ayant fait tomber la lumière
réfléchie du foleil fur des thermomètres,
il avoit toujours trouvé
que fi un miroir plan avoit fait
monter la liqueur , par exemple,
de trois degrés , deux miroirs dont
on réunifïoit la lumière, la faifoient
monter de fix degrés, & trois miroirs
de neuf degrés. Or , il eft
aifé de. fentir que ceci rie peut
pas être généralement vrai, car
la grandeur des degrés du thermomètre
n’eft fondée que fur la
divifionen mille parties, & fur fa
fuppofition que mille degrés au-
deflous de la congélation font le
froid abfolu ; & comme il s’en
faut bien que ce terme foit celui
du plus grand froid poffibie, il
eft néceffaire qu’une augmentation
de chaleur double ou triple par la
réunion de deux ou trois miroirs,
élève la liqueur à des hauteurs
différentes de celle des degrés du
thermomètre, félon que l’expérience
fora faite dans un temps
plus ou moins chaud ; que celui
OÙ ces hauteurs s’accorderont le
mieux ou différeront le moins, fora
celui des jours chauds de l’été, &
que les expériences ayant été faites
fur la fin de Mai > ce n’eft que par
hafàrd qu’elles ont donné le ré-
fultàt des augmentations de chaleur
par les miroirs, proportionnelles
aux degrés de l’échelle du thermomètre.
Mais j’abrège cette,cri-
tique, en renvoyant à ce que j’ai
dit, près de vingt ans, avant ce
Mémoire de M. de Mairan, fur
la conftrudion d’un thermomètre
réel, & fa graduation par le moyen
de mes miroirs brûlans. Voyey Ut
Aléatoires de l’Acad. des Sciences ,
année 1747-
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