qui le défend de toute altération. Et ce qu’il y a de très-
remarquable, c ’elt que ce fablon de fer pur n’appartient
pas. exclufivement à beaucoup près à la mine de platine;
j’en ai trouvé, quoique toujours en petite quantité, dans
plufieurs endroits où l’on a fouillé les mines de fer qui
fe confomment à mes forges. Comme je fuis dans l’ulàge
de foumettre à plufieurs épreuves toutes les mines que je
fais exploiter avant de me déterminer à les faire travailler
en grand pour l’ulage de mes fourneaux ; je fus allez furpris
de voir que dans quelques-unes de ces mines, qui toutes
font en grains, & dont aucune n’elt attirable par l’aimant,
il fe trouvoit néanmoins des particules de fer un peu
arrondies & luilàntes comme de la limaille de fe r , &
tout-à-fait femblables au làblon ferrugineux de la platine,
elles font tout aulïï magnétiques, tout aulfi peu fufibles,
tout aulfi difficilement dilfolubles ; tel fut le réfiiltat de la
comparaifon que je fis du làblon de la platine, & de ce
fablon trouvé dans deux de mes mines de fer à trois
pieds de profondeur, dans des terrains où l’eau pénètre
affez facilement: j’avois peine à concevoir d’où pouvoient
provenir ces particules de fer; comment elles avoient pu
fe défendre de la rouille depuis des fiècles qu’elles font
expofées à l ’humidité de la terre, enfin comment ce fer
très-magnétique pouvoit avoir été produit dans des veines
de mines qui ne le font point du tout. J ’ai appelé l’expérience
à mon fecours, & je me luis allez éclairé fiir
tous ces points pour être làtisfait. Je làvois, par un grand
nombre d’obfervations, qu’aucune de nos mines de fer
D E S MINÉRAUX, Partie E xp é rim en ta le. 3 0 7
en grains n’elt attirable par l’aimant; j’étois bien perfuadé,
comme je le luis encore, que toutes les mines de fer
qui font magnétiques, n’ont acquis cette propriété que
par l’aétion du feu ; que les mines du nord qui font affez
• magnétiques pour qu’on les cherche avec la bouffole,
doivent leur origine à l’élément du feu, tandis que tou.es
nos mines en grains qui ne font point du tout magner
tiques, n’ont jamais lubi l’aétion du feu, & n ont été
formées que par le moyen ou 1 intermede de 1 eau. Je
penlài donc que. ce fablon ferrugineux & magnétique que
je trouvois en petite quantité dans mes mines de fe r ,
devoit fon origine au feu ; & ayant examine le local, je
me confirmai dans cette idée. Le terrain ou fe trouve ce
làblon magnétique elt en bois, de temps immémorial, on
y a fait très-anciennement, & on y fait tous les jours des
fourneaux de charbon ; il elt aulfi plus que probable qu il
y a eu dans ces bois des incendies confiderables. Le
charbon & le bois brûlé, lur-tout en grande quantité,
produifent du mâchefer, & ce mâchefer renferme la partie
la plus fixe du fer que contiennent les végétaux ; c ’elt ce
fer fixe qui forme le làblon dont il elt queltion lorlque
le mâchefer fe décompofe par i’aétion de l’air, du foleil
& des pluies : car alors ces particules de fer pur qui ne
font point lu jettes à la rouille ni a aucune autre elpece
d’altération, fe laiffent entraîner par l’ eau & pénètrent dans
la terre avec elle à quelques pieds de profondeur. On
pourra vérifier ce que j’avance ici , en failànt broyer du
mâchefer bien brûlé, on y trouvera toujours une petite
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