» avec les fcories, d’où on ne peut le retirer que par plufieurs
» fontes, & làns être bien inftruit des intermèdes conve-
» nables que les Docimafiftes emploient. La Chimie qui
» s’eft perfectionnée de nos jours, donne à la vérité les
» moyens de retirer cet or & cet argent en plus grande
» partie ; mais dans le temps où les Elpagnols exploitoient
»les mines du Pérou, ils ignoraient làns . doute l’art de
» traiter les. mines avec le plus grand profit ; & d’ailleurs ils
» avoient de fi grandes richeffes à leur difpofition, qu’ils
» négligeoient vraifembiablement les moyens qui leur au-
» roient coûté de la peine, des foins & du temps ; ainfi il
» y a apparence qu’ils fo contentoient d’une première fonte,
» & jetoient les fcories comme inutiles, ainfi que le làble
» qui avoit paffé par le mercure, peut-être même ne fai-
» foient-ils qu’un tas de ces deux mélanges, qu’ils regardoient
» comme de nulle valeur.
» Ces foories contenoient encore de l’or, beaucoup de
» fer fous différens états, & cela en des proportions diffé-
» rentes qui nous font inconnues, mais qui font telles peut
» être qu’elles peuvent avoir donné l’exiftence à la platine.
» Les globules de mercure que j’ai obforvés, & les paillettes
» d’or que j’ai vues diftinétement, à l’aide d’une bonne loupe,
» dans la platine que j’ai eue entre les mains, m’ont fait
» naître les idées que je viens d’écrire fiir l’origine de ce
» métal ; mais je ne les donne que comme des conjeétures
» halàrdées ; il faudroit pour en acquérir quelque certitude,
» favoir au jufte où font fituées les mines de la platine ; fi
» ellès ont été exploitées anciennement, fi on la tire d’un
terrain
d e s M i n é r a u x , Partie Expé rimen ta le. 3 2 1
terrain neuf, ou fi ce ne font que des décombres, à quelle
profondeur on la trouve, & enfin fi la main des hommes
y eft exprimée ou non. Tout cela pourrait aider ^vérifier
ou à détruire les conjeétures que j’ai avancées ( f ) . »
R e m a r q u e s .
C e s obfervations de M. le comte de Milly, confirment
les miennes dans prefque tous les points. La Nature
eft une, & fo préfente toujours la même à ceux qui la
favent obferver; ainfi l ’on ne doit pas être furpris que
fans aucune communication M. de Milly ait vu les mêmes
chofes que moi, & qu’il en ait tiré la même confëquence,
que la platine n’eft point un nouveau métal, different de
tous les autres métaux, mais un mélange de fer & d’or.
Pour concilier encore de plus près fes obfervations avec
les miennes , & pour éclaircir en même temps les doutes
qui reftent en grand nombre fur l’origine & fur la formation
de la platine, j ’ai cru devoir ajouter les remarques
fuivantes.
1.° M. le comte de Milly diftingue dans la platine trois
efpècesde matières ; lavoir, deux métalliques, &iatroifième
non métallique, de lîibftance & de forme quartzeufe ou
(f) M. le baron de Sickingen ,
Miniftre de l’Électeur Palatin, a
dit à M. de Milly, avoir aétuelle-
ment entre les mains deux Mémoires
qui lui ont été remis par
M. Kellner, Chimilte & Métal- |
Supplément. Tome 1.
lurgifte , attaché à M. le Prince
de Birckenfeld, à Manheim , qui
offre à la cour d’E (pagne, de
rendre à peu - près autant d’or
pefant qu’on lui livrera de platine.
. Sf